DES TROIS SYMBOLES

Ce mot symbole veut dire signe, parce que le symbole est le signe de la foi ; il contient ce que nous devons croire, de même que les commandements de Dieu et de l’Église renferment ce que nous devons faire. Il y a trois principaux symboles approuvés par l’Église.

Le premier est celui des Apôtres, soit parce qu’il a été composé par les Apôtres, soit parce qu’il contient la doctrine des Apôtres.

Le second est celui de Nicée et de Constantinople, parce que, dans les deux conciles généraux de Nicée et de Constantinople, on a ajouté au symbole des Apôtres des termes qui expliquaient plus clairement la divinité du Fils contre les Ariens, et la divinité du Saint-Esprit contre les Macédoniens qui la niaient. C’est ce symbole que l’on chante à la Messe : Credo in unum Deum...

Le troisième est celui que l’on attribue à saint Athanase ; l’Église le récite dans son Office ; il expose encore plus au long que les autres les mystères de la Religion.

 

SYMBOLE DES APÔTRES

Je crois en Dieu, c’est-à-dire, Je crois qu’il y a un Dieu, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et je crois tout ce qu’il a révélé.

Le Père : c’est la première personne de la Trinité, qui se nomme Père parce qu’il est le principe du Fils, qu’il engendre en lui-même par voie d’entendement ; il a toujours été Père parce qu’il a toujours engendré son Fils.

Tout-puissant : qui peut tout. Quoique les trois personnes aient les mêmes perfections, pour mieux faire sentir la distinction de ces personnes, on attribue communément la puissance au Père, la sagesse au Fils, et la sainteté au Saint-Esprit. Cependant les trois sont aussi puissantes, aussi sages et aussi saintes l’une que l’autre.

Le Créateur du ciel et de la terre : Dieu a créé le ciel et la terre d’une simple parole. Avant la création du monde il n’y avait que Dieu seul ; il était en lui-même, subsistant en trois personnes. Il était de toute éternité et le monde n’était pas ; Dieu l’a créé du néant par sa toute-puissance ; les trois personnes ont créé le ciel et la terre, l’une comme l’autre. Mais ordinairement on attribue la création au Père, la rédemption au Fils, et la sanctification au Saint-Esprit. Cependant, tout ce que fait Dieu hors de lui-même est commun aux trois personnes, puisqu’elles opèrent par la même action, excepté le mystère de l’Incarnation, qui est propre au Fils.

En Jésus-Christ son Fils : c’est-à-dire, Je crois non seulement en Dieu le Père, mais je crois également en Jésus-Christ qui est Dieu comme lui, et qui est son Fils, le Fils du Père éternel.

Fils unique : parce que Dieu n’a qu’un Fils, et Jésus-Christ est seul Fils de Dieu. Il est vrai que nous sommes aussi les enfants de Dieu, mais ce n’est que par grâce et par adoption, au lieu de Jésus-Christ l’est par essence et par nature. Nous sommes enfants de Dieu parce que Dieu a bien voulu nous prendre pour ses enfants, quoique nous ne soyons par notre origine que les enfants des hommes, n’ayant que la nature humaine ; mais Jésus-Christ est Fils de Dieu parce que né de Dieu, et qu’il a la nature de Dieu. Jésus-Christ est donc le seul Fils naturel de Dieu, et nous sommes ses enfants adoptifs ; c’est dans ce sens qu’il nous appelle ses frères. On ne peut pas dire que Jésus-Christ soit Fils adoptif de Dieu, même comme homme, parce que la filiation tombe sur la personne et non sur la nature ; or, dans Jésus-Christ, la personne est divine.

Notre-Seigneur : c’est-à-dire, notre souverain Maître et notre Dieu.

Qui a été conçu du Saint-Esprit : voilà le mystère de l’Incarnation. Celui de la Trinité se trouve dans l’expression des trois personnes divines, dont l’une est nommée au commencement et les deux autres dans la suite du Symbole. Ces paroles, Qui a été conçu du Saint-Esprit, signifient donc que le Fils de Dieu, qui était de toute éternité dans le sein du Père éternel, s’est fait homme dans le sein de la Vierge, en prenant un corps et une âme comme les nôtres, qu’il a unis à sa personne. Ce corps a été formé, et cette âme a été créée dans un moment, et dans le même moment ils ont été unis à la personne du Verbe et ont subsisté en lui. Les trois personnes ont également concouru à former l’humanité de Jésus-Christ ; mais cependant on attribue cette formation au Saint-Esprit pour marquer qu’elle a été pure et sainte, et qu’il y a rien eu de charnel et d’humain, qu’elle a été toute miraculeuse, et que l’homme n’y a point eu de part. On peut dire que, le Saint-Esprit étant l’amour du Père et du Fils, on doit lui attribuer tous les effets de l’amour de Dieu envers les hommes. Or l’Incarnation est un de ces principaux effets.

de la Vierge Marie : Jésus-Christ ayant été conçu le jour de l’ Annonciation, 25 mars, a demeuré neuf mois dans le sein de la Vierge, et elle l’a mis au monde le jour de Noël, qui est le 25 décembre. Ce fut à Bethléem que naquit le Sauveur du Monde, dans une pauvre étable, selon que les Prophètes l’avaient prédit. La sainte Vierge l’avaient conçu miraculeusement ; elle l’enfanta de même, demeurant Vierge après l’enfantement comme auparavant.

A souffert sous Ponce-Pilate : ces paroles et les suivantes contiennent le mystère de la Rédemption, puisque c’est en souffrant et en mourant que le Fils de Dieu nous a rachetés. Il a souffert dans sa passion toutes sortes de peines intérieures et extérieures : l’agonie, la crainte, la tristesse, l’ennui, les soufflets, les crachats, la flagellation, le couronnement d’épines, le pesant fardeau de la croix, le crucifiement, etc. Il a souffert sous Ponce-Pilate, c’est-à-dire dans le temps que Ponce-Pilate, qui était envoyé de la part des Romains, était Gouverneur de Judée ; et ce fut à lui que les Juifs présentèrent le Sauveur pour lui demander la permission de le faire mourir. Il voulait d’abord le délivrer d’entre leurs mains, parce qu’il connaissait son innocence ; mais, craignant le tumulte, il consentit à sa mort, et il le leur abandonna pour le faire mourir.

A été crucifié : il a été attaché à la croix, de la manière que les crucifix nous le représentent.

Est mort : c’est-à-dire que son âme a été séparée de son corps, mais sa divinité est demeurée unie au corps, et à l’âme, et au sang.

A été enseveli : ce fut Nicodème et Joseph d’Arimathie qui ensevelirent le corps de Jésus et le mirent dans un sépulcre tout neuf.

Est descendu aux enfers : par les enfers dont il est question dans cet endroit on n’entend pas le lieu du supplice éternel où sont les démons et les damnés, mais celui où étaient les âmes des Justes de l’Ancien Testament, en attendant que les portes du ciel qui étaient fermées par le péché d’Adam fussent ouvertes par le sang de Jésus-Christ. Ce fut dans ces enfers, qu’on appelle communément les limbes, que l’âme du Sauveur descendit pour consoler les âmes de ces Justes qui attendaient sa venue, et leur annoncer l’heureuse nouvelle de leur Rédemption et de leur prochaine délivrance, car Jésus-Christ les mena avec lui en triomphe dans le ciel le jour de son Ascension.

Le troisième jour est ressuscité des morts : c’est-à-dire que l’âme de Jésus s’est réunie à son corps dont elle s’était séparée à sa mort, et qu’il est sorti vivant et glorieux du tombeau le jour de Pâques, qui était le troisième après sa mort. C’est le temps que la sagesse divine avait réglé ; Jésus-Christ n’a pas voulu ressusciter plus tôt, afin que sa mort fut plus certaine, ni plus tard, afin que son corps ne vît point la corruption du tombeau.

Est monté au ciel : sur la montagne des Olives, en présence de ses Apôtres et de ses Disciples, qui étaient au nombre de cinq cents, quarante jours après sa Résurrection.

Est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant : Ce n’est pas à dire qu’il soit assis comme une personne l’est sur un siège, ni que Dieu ait une main droite ou une gauche, mais c’est une façon de parler proportionnée à notre faiblesse, qui nous fait entendre que l’humanité de Jésus-Christ a le première place après Dieu ; que Jésus-Christ, comme homme (car comme Dieu il a la même place que le Père), est élevé dans le ciel au-dessus des Trônes; des Puissances, et des Dominations ; que Dieu a mis tout sous ses pieds ; afin que tout genou fléchisse devant lui, au ciel, sur la terre, et dans les enfers. Quand l’Écriture dit qu’il est assis, c’est pour montrer qu’il est dans un repos parfait, et que toutes ses souffrances et ses travaux sont finis. Cette expression peut encore marquer son autorité et sa qualité de juge. Lorsque les Juifs lapidaient saint Étienne, il vit Jésus-Christ debout à la droite de Dieu ; cette expression marque l’action, pour nous donner à entendre que, quoique Jésus-Christ soit dans sa gloire et son repos, il ne laisse pas d’agir continuellement pour l’Église militante, en la conduisant, en l’aidant, en la perfectionnant ; il se présente à Dieu comme un avocat qui intercède pour nous ; il lui offre sans cesse le sacrifice de sa mort. Jésus-Christ combat avec l’Église militante, et il jouit d’un parfait repos avec l’Église triomphante.

D’où il viendra juger les vivants et les morts : À la fin de ce monde, Jésus-Christ descendra du ciel où il est actuellement pour juger les vivants, c’est-à-dire ceux qui seront encore en vie quand il viendra sur la terre ; et les morts, c’est-à-dire ceux qui seront morts depuis le commencement du monde. Tous paraîtront devant le tribunal de Jésus-Christ pour être jugés. Il mettra les bons à sa droite et les mauvais à sa gauche ; et il dira aux bons : " Venez, les bénis de mon Père, posséder le royaume qui vous a été préparé depuis la création du monde ", et aux mauvais : " Allez, maudits, au feu éternel qui a été préparé au démon et à ses anges ".

Je crois au Saint-Esprit : Je crois au Saint-Esprit comme au Père et au Fils ; je crois que le Saint-Esprit est la troisième personne de la sainte Trinité, et qui procède du Père et du Fils par voie d’amour, parce que le Père et le Fils s’aimant de toute éternité ont toujours produit le Saint-Esprit par la même volonté. Je crois, dis-je, que cet Esprit-Saint est Dieu comme le Père et le Fils, qu’il est l’Esprit du Père et du Fils, et par conséquent infiniment saint, puisqu’il est la sainteté par essence.

La sainte Église catholique : Je crois qu’il y a une Église qui est l’assemblée ou la multitude des fidèles qui font profession de la vraie foi, sous la conduite des vrais et légitimes Pasteurs, qui sont le Pape et les Évêques. C’est ce qu’on appelle l’Église enseignante, et les fidèles sont l’Église écoutante. L’Église enseignante, c’est-à-dire, le corps des Pasteurs, est infaillible : nous devons croire tout ce qu’elle enseigne comme si Jésus-Christ lui-même nous l’enseignait, puisqu’il dit dans l’évangile que si quelqu’un n’écoute pas l’Église, on doit le considérer comme un païen et un publicain. Il n’y a qu’une seule Église, qu’une seule et véritable religion ; elle est visible ; il y a des marques par lesquelles on peut la connaître et la distinguer des fausses :

1° Elle doit être une, n’ayant qu’une même doctrine, un même chef, le même sacrifice et les mêmes sacrements.

2° Elle doit être sainte, nous donnant des moyens de sanctification, et sanctifiant ceux sui vivent selon ses maximes.

3° Elle doit être catholique, universelle dans tous les temps et tous les pays du monde.

4° Elle doit être apostolique, fondée par les Apôtres et gouvernée par leurs successeurs. Ainsi toutes les sectes qui n’ont pas ces qualités sont des religions fausses, et il n’y a que l’Église romaine qui les ait.

La Communion des Saints : Ce que l’on entend ici par ce mot de Saints, ce sont les fidèles ou les chrétiens catholiques, parce qu’ils sont saints par leur vocation et la profession de leur religion, et qu’ils doivent l’être aussi par leurs mœurs. Cependant les pécheurs, tant qu’ils ont la foi et qu’ils n’ont pas été excommuniés, sont encore dans l’Église ; comme des membres morts appartiennent au corps. La communion des saints dont il est ici question, c’est la communication, la participation, la communauté des biens spirituels entre les fidèles qui sont dans l’Église. Comme tous les membres d’un même corps sont gouvernés par le même chef et animés du même esprit, et se communiquent réciproquement leur force et leur embonpoint, de même dans l’Église qui est le corps mystique de Jésus-Christ dont nous sommes les membres, tous participent aux sacrifices, aux prières et aux bonnes œuvres qui s’y font, chacun selon ses dispositions. Ceux qui sont en état de grâce y participent pleinement, et ceux qui sont en état de péché y participent aussi, car c’est en vertu des sacrifices et des prières de l’Église qu’ils obtiennent de Dieu les grâces propres à les convertir. Mais dès qu’on est séparé de l’Église par l’apostasie ou l’hérésie ou le schisme ou l’excommunication, on n’a plus part à ses biens spirituels.

La rémission des péchés : Jésus-Christ a donné à ses Apôtres le pouvoir de remettre les péchés, lorsque, soufflant sur eux, il leur dit : " Recevez le Saint-Esprit ; ceux à qui vous aurez remis les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les aurez retenus, ils leur seront retenus ". Ce pouvoir de remettre les péchés a passé aux successeurs des Apôtres, qui sont les Évêques et les Prêtres ; ils ont comme eux le pouvoir de lier et de délier, et ils exercent ce pouvoir dans le tribunal de la pénitence. Pour l’exercer prudemment et en connaissance de cause, il faut qu’ils sachent les péchés qu’ils doivent retenir et ceux qu’ils doivent remettre ; pour cela il faut que la pénitence les déclare quant au nombre, à l’espèce et aux circonstances considérables. Quoique les Prêtres aient le pouvoir de remettre les péchés, l’absolution qu’ils donnent ne les efface que quand on est bien disposé et sincèrement converti, car Dieu ne pardonne jamais et ne peut même pas pardonner un péché qu’on ne déteste et qu’on ne quitte pas sincèrement. Un péché mortel ne se pardonne pas sans l’autre : ou Dieu les pardonne tous, ou il n’en pardonne aucun.

La résurrection de la chair : Nos corps, qui seront réduits en terre et en poussière, ressusciteront à la fin du monde et se réuniront à nos âmes. Les corps des élus seront glorieux, agiles, subtils, immortels et impassibles ; et ceux des réprouvés seront horribles, ténébreux, et destinés à être la pâture du feu de l’enfer. cette résurrection se fera dans un moment.

La vie éternelle : La vie du siècle futur sera éternelle, au lieu que celle de ce monde n’est qu’une vie passagère. Après la résurrection, l’état et le sort des créatures sera fixe et durable pour toute l’éternité. Ceux qui iront au ciel seront éternellement heureux par la vue et la possession de Dieu, sans crainte de le perdre jamais, et ceux qui iront en enfer seront éternellement malheureux, privés de la vue de Dieu ; ils brûleront dans un feu dévorant, sans espérance d’en sortir jamais.

Ainsi soit-il : Ces paroles sont traduites du mot hébreu, Amen, qui signifie vérité. Au commencement d’un discours c’est une affirmation par laquelle on assure que tout ce que l’on va dire est vrai ; comme lorsque Jésus-Christ dit dans l’Évangile : " En vérité, en vérité, je vous dis " ; et à la fin, c’est une confirmation de la vérité de ce qu’on a dit. Ainsi, cette parole à la fin du Symbole est la confirmation de tout ce qu’il contient ; c’est un acte de foi général et universel sur les douze articles qui y sont renfermés, comme si l’on disait, " Oui, mon Dieu, tout cela est vrai ; tous ces mystères sont certains et indubitables ; je les crois fermement ".

 

[suite] Symbole de Nicée

 

 Table de l'Exposition des principaux mystères de la foi

 

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