Partie III
Instructions pratiques
1. Instruction sur le sacrifice de la Messe
2. Prières durant la sainte Messe
3. Prières après la sainte Messe
4. Pratiques pour la confession
5. Instruction pour la Communion
6. Ce quon doit faire pour sexciter à une vraie dévotion avant de communier
7. Après la Communion
8. Ce quon doit faire après la Communion pour demeurer uni à Dieu et persévérer dans la grâce
9. Saintes résolutions qui renferment en abrégé les principes et les règles dune vie chrétienne
10. INDULGENCES
[Cette section est dominée par les doctrines et pratiques des papes de lépoque, et surtout de Benoît XIV ; Paul VI a réformé lenseignement sur les indulgences dans Indulgentiarum doctrina, 1er janvier 1967]
LINDULGENCE est la rémission des peines temporelles qui restent à expier pour le péché pardonné. Le sacrement remet le péché et lindulgence la peine due au péché. Ainsi on ne peut obtenir lindulgence pour un péché qui nest pas pardonné. Et comme Dieu ne peut pardonner un péché tant quon nen a pas une sincère contrition, il est aisé de conclure que, 1/ pour gagner les indulgences il faut renoncer à tout péché mortel ; 2/ pour gagner les indulgences plénières il faut renoncer à toute affection au péché véniel ; car si on conserve lattache à quelquun, il ne sera pas pardonné, et dès lors on nen obtiendra pas lindulgence ; 3/ il faut accomplir les uvres auxquelles lÉglise a attaché lindulgence.
Si jamais on a dû avoir du zèle et de lempressement pour gagner les indulgences, cest surtout à présent, où lon fait de si légères pénitences. Cependant, comme il ny a rien de si saint dont on nabuse, il arrive très souvent que, sous prétexte de gagner les indulgences attachées à certains jours, on fait des confessions à la hâte et des communions précipitées, ce qui est un très grand abus, puisque cest profaner les sacrements et augmenter le nombre de ses péchés, loin den obtenir la rémission. Ainsi quand on se propose de gagner les indulgences, on doit y apporter les dispositions requises, surtout une vraie et sincère conversion.
LÉglise déclare quelle naccorde point dindulgences à ceux qui pèchent dans lespérance de lobtenir, de peur que cette grâce ne soit une occasion de péché.
Lindulgence ne peut saccorder à une personne excommuniée ou interdite avant que la censure en soit levée, quand même on serait contrit, outre létat de grâce et luvre prescrite, qui sont, de laveu de tout le monde, absolument nécessaires pour gagner les indulgences.
Il y a des théologiens qui exigent encore plusieurs autres conditions :
1° une volonté sincère de satisfaire à Dieu en faisant toutes les pénitences moralement possibles, parce, disent-ils, que les indulgences ne sont accordées que pour suppléer au défaut de ce que nous ne pouvons pas faire par nous-mêmes, et que si elles servaient de prétexte pour dispenser les fidèles de faire une sévère pénitence, elles deviendraient plus dangereuses que profitables.
2° Il y a des Auteurs qui prétendent que pour gagner une indulgence il faut en avoir une intention expresse. Dautres pensent quil suffit de faire avec piété laction à laquelle lÉglise la attachée et quon lobtient dès lors, sans avoir même aucune connaissance particulière de cette indulgence, parce que si un juste peut appliquer à un autre juste ses satisfactions, sans quil en sache rien, le souverain Pontife peut appliquer une portion du trésor de lÉglise à un sujet qui lignore, comme un Prêtre peut appliquer le fruit de la Messe à une personne qui nen a aucune connaissance, ou de même quon peut payer les dettes dun autre sans sa participation.
Il semble que pour lindulgence ces deux choses suffisent, le pouvoir dans celui qui les accorde, et les dispositions dans celui qui les reçoit ; et si lÉglise demandait quelque chose de plus, comme cette intention de les gagner, elle lexprimerait quelque part, et cependant aucune Bulle dindulgence nen fait mention. Et pourquoi en effet cette tendre Mère voudrait-elle priver de ses grâces et de ses faveurs, quelle veut plutôt toujours étendre que restreindre, une infinité dâmes vraiment pieuses qui les ignorent, non pas par négligence, mais parce quelles nont aucun moyen de sen instruire, et qui font cependant avec plus de dévotion les pratiques de piété auxquelles elle les a attachées, que dautres qui les connaissent et qui nen font pas plus quelles ? Enfin, supposé même quil faille une intention de gagner les indulgences, ne pourrait-on pas dire quil suffit den avoir une générale, telle quon peut la supposer facilement à tout le monde, car il nest personne qui ne veuille gagner toutes les indulgences que lÉglise a accordées, chaque fois quil fera la bonne uvre ou la prière à laquelle elle les a annexées, quoiquil nen ait aucune connaissance.
3° On demande quen faisant ce que lÉglise ordonne on le fasse dans lintention pour laquelle le souverain Pontife la prescrit. Cela concerne surtout les indulgences qui sont accordées pour des causes particulières, comme celle des Jubilés ou autres semblables. Encore pense-t-on quil suffit alors dunir son intention à celle du souverain Pontife, et dadresser ses prières et ses uvres à Dieu, conformément aux vues de lÉglise. Car pour les indulgences accordées pour des causes communes, telles que celles dont je vais rapporter, on est daccord que cette intention générale de prier selon les vues de lÉglise suffit. Au reste, comme lintention du souverain Pontife est presque toujours que lon prie, 1/ pour lexaltation de lÉglise Romaine, 2/ pour lextirpation des hérésies et des schismes, 3/ pour la concorde entre les Princes chrétiens. Il nen coûte pas beaucoup de prier à cette intention quand on se propose de gagner une indulgence.
4° Enfin il est des cas où il faut une application des indulgences faites par un Ministre de lÉglise, savoir, quand le Bref du Pape donne seulement la permission de se choisir un Prêtre ou un Confesseur qui applique son indulgence, car alors la grâce nest pas encore faite et elle est à faire ; et faute de cette application elle devient inutile. Les indulgences accordées aux mourants par la bulle Pia Mater
[Bulle de Benoît XIV , 5 avril 1747] sont de cette espèce. Mais si le Bref ne demande pas certaines bonnes uvres, cest le Pape lui-même ou le Saint-Siège qui applique lindulgence, et il nen faut pas dautre, excepté les indulgences pour les morts, qui demandent toujours une application spéciale de la part de celui qui les gagne en leur faveur.5° Il est à remarquer quil nest ordinairement nécessaire de se confesser pour gagner les indulgences que lorsquon est en état de péché mortel, quoique la bulle fasse mention de la confession en ces termes, contritis et confessis, parce qualors elle ne lexige que comme un moyen pour entrer dans létat de grâce. Car si la bulle demandait la confession comme faisant partie de luvre prescrite, elle serait alors nécessaire.
Les souverains pontifes ont accordé un grand nombre dindulgences à tous les fidèles. Ainsi tout le monde peut les gagner dès quil est en état de grâce et quil fait avec piété luvre prescrite. Comme il y a beaucoup de personnes qui les ignorent on va en faire lénumération.
Indulgences accordées à perpétuité à tous les fidèles, que tout le monde peut gagner dès quil est en état de grâce et quil sacquitte avec piété de ce qui est prescrit de la part du souverain Pontife
1. Indulgence attachée aux actes de foi, despérance et de charité
Benoît XIII, considérant comme bien des actes de foi, despérance et de charité sont utiles et nécessaires au salut, pour engager plus efficacement les fidèles à les produire, a accordé le 15 janvier 1728 des indulgences à ceux qui feraient ces trois actes : 1/ une indulgence plénière une fois par mois à ceux qui ont produit pieusement, dévotement, et de cur les actes de ces trois vertus théologales tous les jours du mois. Et ils pourront gagner cette indulgence le jour quils choisiront, pourvu quétant vraiment pénitents, sétant confessé, et ayant reçu la Communion, ils prient, comme il convient pour la concorde entre les Princes chrétiens, lextirpation des hérésies, et lexaltation de notre Mère la sainte Église ; 2/ une indulgence plénière à larticle de la mort.
Le pape Benoît XIV a confirmé ces indulgences par une Bulle du 28 janvier 1751. Et pour porter les fidèles à réitérer souvent ces actes, il accorde une indulgence de sept ans et sept quarantaines autant de fois quon les réitérera dans un même jour. De plus il a déclaré que les susdites indulgences, nétaient point attachées à une formule particulière, et quil était libre de se servir de celles quon voudrait, pourvu quelles exprimassent les motifs de ces trois vertus. Le motif de la foi, cest linfaillibilité de la révélation divine ; le motif de lespérance, cest la miséricorde de Dieu, ses promesses et les mérites de Jésus-Christ ; et celui de la charité, cest la bonté. On peut se servir des actes du Catéchisme, où les motifs sont très bien exprimés.
ACTE DE FOI
Mon Dieu, je crois fermement tout ce que vous avez révélé et que votre Église nous propose de croire ; je le crois, mon Dieu, parce que vous êtes la Vérité même et que vous ne pouvez pas vous tromper ni nous tromper.
ACTE DESPÉRANCE
Mon Dieu, fondé sur vos promesses et sur les mérites infinis de Jésus-Christ, jespère de votre bonté que vous me donnerez la vie éternelle et les Grâces pour y arriver.
ACTE DE CHARITÉ
Mon Dieu, je vous aime de tout mon cur et plus que toute chose, parce que vous êtes infiniment bon et aimable ; faites que je vous aime de plus en plus pendant toute léternité.
Mais comme le souverain Pontife demande quon produise ces actes pieusement, dévotement, et de cur, il ne suffit pas de les réciter de la bouche. Il faut que le sentiment de ces vertus soit véritablement dans le cur ; et cela nest pas si facile que lon simagine. Une âme attachée aux choses de ce monde et idolâtre delle-même aura beau dire à Dieu quelle laime par-dessus toutes choses, un vindicatif quil aime son prochain comme lui-même, Dieu verra dans leur cur le contraire de ce quils disent de bouche.
Il est aussi à remarquer que cette indulgence peut être appliquée aux morts par la permission du souverain Pontife.
2. Indulgence accordée à ceux qui font chaque jour au moins une demi-heure ou un quart dheure doraison mentale, ou qui apprennent aux autres la manière de le faire
Le même pape, cest-à-dire Benoît XIV, pour faire renaître et entretenir dans lÉglise lesprit de prière, a accordé sept ans dindulgence et sept quarantaines, 1/ à tous ceux qui enseigneraient la méthode de loraison mentale, 2/ à ceux qui assistent à ces instructions pour apprendre la manière de la faire, tâcheront de les mettre en pratique. Et les uns et les autres pourront à tel jour du mois quils choisiront gagner une indulgence plénière, si, étant vraiment pénitents, ils communient et prient pour les trois causes ordinaires. 3/ La même indulgence plénière est accordée aux mêmes conditions à tous ceux qui font pendant un mois une demi-heure ou au moins un quart dheure de méditations tous les jours. Ces indulgences sont applicables aux âmes du purgatoire. Le décret est du 6 décembre 1746.
3. Indulgences accordées à la dévotion envers le Saint-Sacrement, la Conception de la Vierge, et le Saint Nom de Jésus, aux Litanies de ce Saint Nom, et à celles de la Sainte Vierge, et à ladoration de Jésus mourant
[Dans son apostolat au Sichuan, Jean-Martin Moye apprendrait aux chrétiens à réciter de nombreuses litanies, quelques-unes étant de sa composition. Il se fondait pour cela sur lexistence de litanies telles que celles du Saint Nom de Jésus, auxquelles des indulgences avaient été accordées par Sixte IV (pape, 1471-1484). Toutefois, le 1er mars 1784 la Congrégation de la Propagande devait notifier le vicaire apostolique du Sichuan que seules les litanies de la Vierge et les litanies des Saints étaient autorisées, et que toutes autres litanies devaient être supprimées prudemment de la pratique des chrétiens. "Pour quoi Jean-Martin Moye...", p. 175-176]
1° Chaque fidèle qui, après sêtre confessé, assiste religieusement à lOffice le jour de la Fête-Dieu gagne quatre cents jours dindulgence pour la Messe, autant pour Matines ou pour Vêpres, cent soixante jours pour chacune des petites Heures, et la moitié de ces différentes indulgences sil assiste aux mêmes Offices pendant lOctave.
2° Sixte IV a accordé la même grâce à ceux qui dans quelque église des Frères Mineurs assistent à lOffice, soit pendant la Fête de lImmaculée Conception, soit pendant lOctave. Clément VII la étendue à tous ceux qui se trouveront aux mêmes exercices le jour du Saint Nom de Jésus, partout où on puisse le célébrer, et qui prieront pour les fins accoutumées, cest-à-dire pour lÉglise, pour lextirpation de lhérésie, et pour la paix entre les Princes chrétiens. Que si on ne se rappelle pas distinctement ces trois motifs, il suffit doffrir ses prières selon les intentions de ceux qui ont accordé les indulgences, ainsi que lon a déjà dit.
3° Ceux qui, un flambeau à la main, accompagnent le Saint-Sacrement quand on le porte à un malade gagnent sept ans dindulgences et sept quarantaines. Ceux qui laccompagnent sans lumière en gagnent cinq ans et cinq quarantaines. Ceux qui pour des raisons légitimes ne peuvent laccompagner, mais ont soin que quelquun y aille avec un flambeau, gagnent trois ans et trois quarantaines, tout cela par un indult dInnocent XI, du 5 janvier 1695.
4° Ceux qui saluent en prononçant, soit en latin, soit en langue vulgaire, ces paroles, " Loué soit Jésus-Christ ", et ceux qui y répondent par celles-ci, " Ainsi soit-il ", ou " dans tous les siècles ", ou " à jamais ", gagneront cent jours dindulgence, en vertu dun Bref de Sixte IV. Benoît XIII a renouvelé cette grâce le 22 janvier 1728. Lun et lautre ont de plus accordé lindulgence plénière à larticle de la mort à ceux qui auraient eu coutume de saluer ainsi, pourvu que dans ces derniers moments ils invoquent de cur, sils ne peuvent de bouche, les noms de Jésus et de Marie. Ces deux Pontifes ont accordé les mêmes indulgences, non seulement aux Prédicateurs, mais aux simples fidèles qui introduiraient cette pratique. Elle règne dans plusieurs provinces. Pourquoi ne létablissons-nous pas parmi nous ? Cest que lesprit du monde qui nous domine nous fait rougir des pratiques extérieures du christianisme.
5° Le même Sixte IV a accordé trois cents jours dindulgence aux fidèles qui récitent dévotement les Litanies du Saint Nom de Jésus, et deux cents à ceux qui disent celles de la Sainte Vierge.
6° Clément X, le 2 août 1706, a accordé une indulgence plénière à tous ceux qui, sunissant en esprit, adoreront Jésus-Christ mourant tous les vendredis de lannée à lheure où ce divin Sauveur est mort pour nous, cest-à-dire à trois heures après midi. Le Saint Père laisse la liberté à ceux qui ne pourront vaquer alors à cet exercice, de le pratiquer à quelquautre heure de la journée. Et Benoît XIV a accordé, la première année de son pontificat, une indulgence de cent jours à ceux qui à la même heure réciteront à genoux cinq Pater et cinq Ave pour demander, outre ces fins ordinaires, la conversion des pécheurs.
4. Autres Indulgences
Ceux qui au son de la cloche, le matin, à midi, et le soir, récitent dévotement et à genoux lAngelus en mémoire de lIncarnation de Jésus-Christ gagnent à chaque fois cent jours dindulgence, et chaque mois une indulgence plénière en tels jours quils voudront choisir, pourvu quils se confessent et sapprochent de la sainte Table avec les dispositions que demandent lun et lautre sacrement, ce quil faut toujours supposer. Cest Benoît XIII qui a accordé ou renouvelé cette grâce le 14 septembre 1724. Benoît XIV en confirmant cette indulgence a statué que lAngelus se dirait debout depuis les premières Vêpres du Samedi jusquau soir du dimanche suivant, et que pendant le temps pascal on réciterait de même le Regina cli avec le verset et loraison. Ceux qui lignorent gagnent toujours les indulgences en récitant lAngelus.
Clément XIII, le 16 mai 1736, a accordé sept ans dindulgence à tous ceux qui feront le catéchisme ou prône ; ainsi quaux fidèles qui y assistent, et lindulgence plénière à tous ceux qui, étant fidèles à cette pratique, se confesseront et communieront aux jours de Noël, de Pâques, de saint Pierre et de saint Paul.
5. Indulgences attachées à des Images, Médailles, Rosaires, Chapelets, etc.
La Chambre apostolique a fait imprimer en 1756 une formule dindulgence accordée par Benoît XIV à différentes bonnes uvres, dont voici la teneur.
1° Quiconque récitera du moins une fois par semaine la couronne de Jésus-Christ (cest-à-dire trente-trois Pater et trente-trois Ave) ou celle de la Vierge (cest-à-dire soixante-trois Ave et sept Pater), ou le Rosaire (cest quinze Pater et cent cinquante Ave), ou la troisième partie du Rosaire, qui est un chapelet de cinq dizaines, ou le petit Office de la Vierge, ou celui des morts, ou les sept Psaumes de la pénitence, ou les graduels, ou qui enseignera les mystères de la religion, ou qui visitera les prisonniers ou les malades des hôpitaux, ou qui soulagera les pauvres, ou qui sera dans la sainte habitude dentendre la Messe, ou de la dire sil est Prêtre, et quaprès sêtre confessé à un Prêtre approuvé par lordinaire, et quenfin il prie dévotement pour lextinction des schismes et des hérésies, pour la propagation de la foi catholique, pour la paix et pour la concorde des Princes chrétiens, et pour les autres intentions de lÉglise, gagnera une indulgence plénière toutes les fois quil communiera un des jours suivants, cest-à-dire de Noël, de lÉpiphanie, de Pâques, de lAscension, de la Pentecôte, de la Trinité, de la Fête-Dieu, de la Purification, de lAnnonciation, de lAssomption, et de la Nativité de la Vierge, de celle de saint Jean-Baptiste, enfin aux Fêtes de chacun des douze Apôtres. Le Pape régnant y a ajouté celles de saint Joseph et de tous les Saints.
Ceux qui feront les mêmes bonnes uvres aux autres Fêtes de Notre-Seigneur ou de sa sainte Mère gagneront chacun de ces jours une indulgence de sept ans et de sept quarantaines. Ceux qui les feront, soit un dimanche, soit à toutes autres Fêtes que celles dont on vient de parler gagneront lindulgence de cinq ans et dautant de quarantaines ; et enfin ceux qui les feront tout autre jour de lannée en gagneront cent jours.
2° Quiconque à larticle de la mort se recommandera dévotement à Dieu et sera disposé à recevoir de bon cur ce dernier arrêt de la main du Seigneur, sil est vraiment pénitent, confessé et muni de lEucharistie, ou duement contrit en cas quil ne puisse se confesser, et quil invoque avec piété, au moins de cur sil ne le peut de bouche, le sacré Nom de Jésus, gagnera lindulgence plénière.
3° Ceux qui, avant la Messe, la Communion, et lOffice, font quelque pieuse et dévote préparation pour sy disposer gagnent cinquante jours dindulgence chaque fois.
4° Ceux qui visitent les prisonniers et les malades des hôpitaux en leur rendant quelques bons offices, ceux qui enseignent la doctrine chrétienne, soit dans léglise, soit à la maison, à leurs enfants, à leurs proches, ou à leurs domestiques, en gagnent deux cents jours.
5° Ceux qui ont coutume de réciter au moins une fois la semaine le Chapelet, ou le Rosaire, ou lOffice de la Vierge, ou celui des morts, ou du moins les Vêpres et un des Nocturnes avec les Laudes, ou les sept Psaumes, et les Litanies et les prières qui les suivent, recevront chaque jour une indulgence de cent jours, outre celles que saint Pie a attachées à ces prières.
6° Celui qui récitera lAngelus, comme on la dit, page 324, ou du moins un Pater et un Ave sil lignore, ou qui au son de la cloche que lon sonne le soir pour avertir de prier pour les morts, dira le De profundis à leur intention, ou le Pater et lAve sil ne sait pas le De profundis, aura la même indulgence.
7° La même faveur est encore octroyée à celui qui médite dévotement le vendredi sur la mort et la Passion de Notre-Seigneur et qui récite trois Pater et trois Ave.
8° Celui qui après avoir examiné sa conscience et sêtre excité à un vrai repentir de ses péchés, accompagné dun ferme propos de sen corriger, récitera trois Pater et trois Ave gagnera cent jours dindulgence.
9° De même que celui qui aura récité la même prière trois fois à lhonneur de la Sainte Trinité, ou cinq fois à lhonneur des cinq plaies de Notre-Seigneur.
10° Celui qui priera dévotement pour les agonisants, ou qui dira pour eux un Pater et un Ave, obtiendra ce jour-là cinquante jours dindulgence.
11° On pourra appliquer toutes ces indulgences aux morts par manière de suffrage.
Remarques sur les indulgences que lon vient de rapporter
Première remarque
Il faut, pour gagner ces indulgences dont on vient de parler, 1/ que lon ait des Crucifix, Croix, Médailles, etc. bénies par Notre Saint Père le Pape, et quon les porte sur soi ou quon les conserve décemment dans sa maison pour faire devant elles les prières ci-dessus énoncées. Japprends que certaines Prêtres bénissent de ces Médailles comme en ayant obtenu le pouvoir du souverain Pontife, je ne sais si cette bénédiction suffit. 2/ Ces Croix, Médailles, etc., ne peuvent servir quà ceux qui les ont reçues du Saint Père, ou pour qui il les a distribuées en premier lieu, de sorte quon ne peut les donner ni les prêter à dautres à leffet de recevoir ce privilège qui leur est attaché. 3/ Il faut que ces Médailles ne soient point de papier ni dautre nature fragile, mais dor ou dargent, ou du moins de cuivre, et non détain ou de plomb. Cest ainsi que Clément XIII aujourdhui régnant la réglé dans la Bulle de son avènement au Pontificat. Cependant, comme il ny a point de clause révocatoire, il semble que les indulgences de ses prédécesseurs accordées aux médailles détain et de fer subsistent toujours. 4/ Il faut que ces médailles aient sur une face limage dun saint canonisé. 5/ La chose étant détruite, lindulgence cesse. On ne peut appliquer lindulgence à la mort en vertu de ces instruments sans en avoir une permission par écrit.
Seconde remarque
Quoiquil soit dit en général dans la Bulle quon vient de citer quil faille avoir des croix, images, médailles, etc., bénites pour recevoir les indulgences qui y sont contenues, il paraît très vraisemblable quon peut gagner plusieurs de ces indulgences sans en avoir, non pas en vertu de la concession de cette Bulle qui en demande nécessairement, necessario requiri, mais en vertu des autres Bulles des souverains Pontifes qui ont accordé de ces indulgences à plusieurs de ces prières et de ces bonnes uvres contenues dans la formule, et que ni Benoît XIV ni Clément XIII nont point révoqué dans le numéro V de la formule, que les indulgences que saint Pie avait accordées aux prières qui y sont mentionnées, loin dêtre révoquées, sont confirmées. Et Benoît XIV, par un décret du 16 décembre 1746, postérieur à la Bulle où il fait lénumération des indulgences de la formule, confirme toutes les indulgences accordées par ses prédécesseurs à loraison, soit mentale soit vocale. Or il y a dans cette formule plusieurs oraisons de lune ou lautre espèce auxquelles ses prédécesseurs avaient accordé des indulgences sans les annexer aux médailles, etc. Tel est par exemple lAngelus, etc. Il faut donc distinguer dans la formule les indulgences qui nont dautre fondement que la Bulle présente, ou celles qui ont été accordées précédemment. Les premières ne se gagnent pas sans médailles, etc., parce que le pape ne les accorde quà cette condition, quas in prædicta benedictione concedit, où il est très à remarquer que le Saint Père ne dit pas quas concesserant prædecessores nostri. Mais les secondes se gagnent, non pas comme elles sont exposées dans la dernière Bulle, mais selon quelles ont été accordées dabord, si en les accordant en premier lieu les Papes nont point fait mention de ces médailles, etc., les octroyant simplement et sans autre condition que les bonnes uvres et les prières auxquelles ils les ont attachées.
Indulgences fausses
Il y a encore beaucoup dautres indulgences ; mais la crainte den divulguer quelquune qui ne serait peut-être pas assez avérée mempêche den proposer davantage. LÉglise ne veut point quon en expose de douteuses ; elle défend sévèrement den débiter de fausses, telles que sont toutes celles de mille ans, celles de la formule, Ego volo celebrare missam, qui portent cinquante ans, car cest cinquante jours seulement, celles qui ont été accordées aux Réguliers avant Paul V, qui les a toutes révoquées, et une infinité dautres qui, après avoir été examinées par la Congrégation préposée au règlement des indulgences, ont été déclarées supposées apocryphes, ou révoquées par les Papes, ou nulles parce que le temps pour lequel elles été tombées (sic) était écoulé. Le décret du 7 mars 1678 fait lénumération de ces fausses indulgences, dont le nombre est très grand. On naccorde point deux indulgences à la même église ; et la seconde, selon le style qui est dusage, révoque la première. On ne peut plus gagner une indulgence plénière deux fois dans un même jour ; et ordinairement on ne peut gagner la même indulgence particulière quune fois par jour, à moins que le Pape nexprime le contraire, comme Benoît XIV la fait au sujet des actes de foi etc., ou elle ne soit générale et illimitée. Lindulgence de la Portioncule est très certaine, quoi quen disent certains critiques.
Indulgences à larticle de la mort
Comme cest surtout à larticle de la mort que les indulgences sont nécessaires pour que rien ne retarde notre entrée dans le Ciel, les Prêtres et ceux qui sont auprès des malades feraient très bien de les en avertir, selon la prudence, et après quils ont fait lessentiel et ce qui est indispensablement nécessaire afin de voir sils sont dans le cas den obtenir quelquune, et de leur en procurer les moyens, et de leur en inspirer les dispositions convenables. Cest à cette intention que le pieux et savant Benoît XIV dheureuse mémoire a fait la Bulle Pia Mater. Mais comme les indulgences quil y accorde ne sont point appliquées, mais seulement applicables, il faudrait pour y avoir part que lévêque obtint la permission du souverain Pontife de les appliquer, et quil en communiquât le pouvoir à quelque Prêtre quil subdélèguerait à cet effet. Mais, outre ces indulgences contenues dans cette Bulle, et celles de la formule, qui demande que lon ait des images, etc., bénites, on en trouvera dans lénumération que nous avons faite, que les malades pourront gagner sans aucun privilège particulier, comme celles qui sont accordées aux actes de foi, despérance, et de charité, quil est surtout nécessaire de produire alors. Et ceux qui ont été dans la pieuse coutume de produire souvent ces actes pendant leur vie, ou de se saluer par ces paroles, " Loué soit Jésus-Christ ", peuvent gagner alors une indulgence plénière, comme on la dit ci-dessus.
11. DE LA DÉVOTION ENVERS LES SAINTES ÂMES DES ENFANTS MORTS APRÈS LE BAPTÈME
On me permettra de témoigner ici la surprise où je suis de voit que lon ait si peu de dévotion envers les enfants morts après le Baptême avant lusage de raison. Car la sainteté et la félicité de ces bienheureuses âmes est incontestable, puisquil est de foi quil ny a plus " aucun sujet de damnation en ceux qui ont été régénérés en Jésus-Christ ", comme parle lApôtre. Il ny a rien par conséquent qui puisse retarder leur bonheur ; dès linstant de leur mort ils jouissent de la vision béatifique. La multitude de ces saintes âmes est innombrable ; elles forment sans contredit le plus grand nombre des élus ; et le nombre des adultes qui sont sauvés est très petit en comparaison. Chez les hérétiques et les schismatiques il ny a de personnes sauvées que les enfants qui meurent après le Baptême, ou tout au plus quelques âmes simples qui ignoreraient invinciblement leur hérésie ou leur schisme ; encore faudrait-il supposer, outre cette bonne foi, quelles seraient exemptes dautre péché mortel. Et chez les catholiques adultes, cest le plus petit nombre que celui des élus. Mais comme il y meurt presque la moitié des enfants avant lusage de raison, on peut voir de là combien le nombre de ces âmes sanctifiées par le Baptême et mortes dans linnocence baptismale est grand, tant chez les catholiques que chez les hérétiques ou schismatiques, car ils baptisent tous leurs enfants, excepté les anabaptistes, qui attendent quils aient lusage de raison. Quelle multitude innombrable de prédestinés dans le Ciel ! Que de saints ! que dintercesseurs pour nous, si nous les invoquons ! Et quelle perte ! quel préjudice nous causons-nous à nous-mêmes, si nous les oublions ! Pour moi, javoue que je me sens une dévotion toute particulière pour ces âmes innocentes ; je voudrais pouvoir linspirer à tout le monde ; et je souhaiterais que lon fît dans léglise une Fête pour les honorer dun culte spécial. Peut-être que Dieu linspirera au souverain pontife ou aux évêques, comme il est arrivé à légard de saint Joseph, dont loffice na été établi solennellement que depuis quelques siècles. En attendant, rien nempêche que nous ne les honorions, et que nous ne les invoquions en particulier.
12 PRIÈRE pour honorer et pour invoquer les saints enfants morts dans linnocence baptismale
[Jean-Martin Moye eut toute sa vie une grande dévotion aux enfants morts peu après leur baptême. Il recommandait cette dévotion aux Surs de Providence. Étant en Chine, il voulut faire baptiser le plus grand nombre possible denfants, même de parents non chrétiens, qui étaient en danger de mort durant diverses épidémies. Il demanda même à la Congrégation de la Propagande, responsable des uvres missionnaires, dinstituer une fête liturgique pour honorer ces âmes saintes, qui constituaient, pensait-il, la majorité des habitants du ciel. Cette demande fut repoussée par la Congrégation. Moye nen estima pas moins la dévotion aux enfants sanctifiés par le baptême doctrinalement bien fondée et capable de porter dabondants fruits spirituels]
Ô saintes âmes qui avez été lavées et purifiées dans les eaux du Baptême, régénérées et sanctifiées par la grâce de Jésus-Christ qui vous a délivré de la tyrannie du démon pour vous faire participer à ladoption divine ! Ô saints enfants, qui après avoir été engendrés au monde, avez eu le privilège dêtre engendrés à Dieu et dêtre élevés à la dignité de ses enfants, en vertu de laquelle vous avez eu droit à lhéritage céleste, et par laquelle vous êtes entrés en possession de son royaume, nous honorons en vous tous les dons précieux dont le Seigneur vous a favorisés, nous len bénissons et vous en félicitons. Âmes prédestinées, qui par un conseil adorable et impénétrable de la sagesse divine avez été enlevées de ce monde dans létat de votre première innocence, de peur que la malice du siècle ne vous corrompît,
comme il arrive à tant dautres, nous applaudissons au choix que Dieu a fait de vous en vous préférant à tous ceux qui meurent sans la grâce du baptême, ou qui la perdent en vivant mal après lavoir reçue. Nous le remercions de cette faveur singulière quil vous a accordée sur la terre et du bonheur dont il vous fait jouir dans le ciel. Âmes heureuses, que Dieu a ravies au monde avant que vous ayez eu le temps de le voir ni de le connaître, jetez un regard de compassion sur nous qui vivons au milieu de ce malheureux monde pervers et séducteur, et priez le Seigneur quil nous préserve de sa corruption.
Âmes innocentes, dont la pureté na été souillée par aucune tache, demandez au Seigneur quil efface par le Sang de Jésus-Christ toutes les souillures que nous avons contractées par nos péchés, et obtenez-nous la grâce davoir un cur pur, une conscience nette,et de mener une vie innocente sur la terre, afin de le voir, de le bénir, de laimer et de le posséder à jamais avec vous dans le ciel. Ô multitude innombrable de saints innocents qui peuplez le ciel, soyez tous nos intercesseurs auprès de Dieu. Il vous a sauvé par un effet de sa miséricorde gratuite et sans aucun mérite de votre part. Nous espérons de sa bonté par votre intercession ce même bonheur, plutôt par les mérites de Jésus-Christ que par les nôtres.
Enfin, intéressez-vous encore auprès du Seigneur, pour quil daigne répandre sa bénédiction sur ce petit ouvrage et sur tous ceux qui le liront. Que votre Grâce, ô mon Dieu, mette dans leur cur tous les sentiments de piété quils y trouveront, et quelle les préserve de tous les vices qui y sont combattus. Puisse-t-il empêcher du moins quelque sacrilège ou quelque péché, et porter à la pratique de quelque bonne uvre et de quelque vertu ! Sil peut être utile à quelquâme, que toute la Gloire en soit rendue à Dieu seul. Soli Deo honor et gloria in sæcula sæculorum. Amen.
13. Vêpres du Dimanche
14. Oraisons des Dimanches de lannée