Partie III
Instructions pratiques
1. Instruction sur le sacrifice de la Messe
2. Prières durant la sainte Messe
3. Prières après la sainte Messe
4. Pratiques pour la confession
5. Instruction pour la Communion
6. Ce quon doit faire pour sexciter à une vraie dévotion avant de communier
7. APRÉS LA COMMUNION
Mon Dieu, jai donc enfin le bonheur de vous posséder. Vous êtes maintenant véritablement et réellement dans moi. Vous êtes au milieu de moi. Ô bonté ! ô amour ! Que dois-je faire, que puis-je dire en votre présence pour vous honorer, pour vous remercier ? Quid retribuam Domino
[Prière du prêtre avant la communion avec le calice dans la messe tridentine] ? Me taire, manéantir, vous adorer dans un respectueux silence ? Majesté suprême, devant qui le ciel et la terre ne sont rien, je vous adore dans le plus profond abaissement de mon âme ; je vous aime de tout mon cur, je voudrais pouvoir vous aimer infiniment davantage. Mon Dieu, embrasez-moi, brûlez, consumez-moi de votre amour. Vierge sainte, Mère de mon Dieu, Anges et Saints du ciel, venez adorer, aimer, et remercier ce Dieu de bonté qui vient de se donner à moi, que toutes les créatures le bénissent, le louent et le glorifient avec moi et pour moi.
Ô mon âme, tu possèdes ton Époux, ton Sauveur, et ton Dieu. Quel bonheur ! Reconnais sa bonté, exalte sa magnificence, et ne cesse de publier ses miséricordes. Benedic, anima mea, Dominum (Ps 102, 22). Et cest à présent que je puis dire véritablement, " Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui " : Dilectus meus mihi et ego illi (Ct 2, 16). Oui, mon Sauveur, vous êtes en moi, et moi en vous. Permettez-moi que je vous dise comme vos disciples, " Demeurez avec moi ", Mane nobiscum Domine (Lc 24, 29). Oui, Seigneur, demeurez éternellement dans mon cur, prenez-en possession pour toujours, vivez et régnez-y plus que jamais. Je vous le consacre, je vous labandonne sans réserve. Oui, mon Dieu, vous serez désormais le Roi de mon cur, le seul maître et lunique possesseur de mon âme ; vous serez toute ma consolation, ma joie, mes délices, ma lumière, ma force, ma vie, mon soutien, mon espérance, mon amour, ma fin, ma couronne et ma récompense pour le temps et pour léternité. Plutôt mourir mille fois que de vous abandonnez jamais par le péché ! Ne permettez pas, Seigneur, ne souffrez pas que rien puisse jamais me séparer de vous. Jaime mieux expirer dans ce moment en votre présence que de vivre pour vous offenser encore.
Mon Dieu, accordez-moi toutes les grâces et les effets du Sacrement que je viens de recevoir. Pain des Anges, manne céleste, nourrissez mon âme, fortifiez-la, soutenez-la, consolez-la, faites-la croître et augmenter dans votre saint amour, communiquez-lui cette vertu et cette action divine qui la change et la transforme en vous, qui la détache de la terre et qui lélève jusquau ciel. Ô Sang précieux de Jésus-Christ, effacez tous mes péchés. Ô Chair adorable de mon Sauveur, purifiez mon corps. Ô sainte Ame de mon Rédempteur, sanctifiez la mienne. Ô Sacré-Cur de Jésus, remplissez mon cur de vos aimables vertus, de vos saintes affections, de vos pieux sentiments. Ô Esprit de Jésus, vivifiez-moi, remplissez mon intérieur de vos dons célestes ; inspirez, réglez, animez toutes les puissances de mon âme afin quelle vive désormais dune vie divine et surnaturelle, agissant par le mouvement de votre grâce, faisant tout en Dieu et par Dieu. Ainsi soit-il.
Nota : On pourra encore réciter lacte de consécration, page première, et la pratique de supplément, page 16.
8. CE QUON DOIT FAIRE APRÈS LA COMMUNION POUR DEMEURER UNI A DIEU ET PERSÉVÉRER DANS LA GRÂCE
Cest un grand art, dit lImitation, que de savoir conserver Jésus-Christ dans son cur et converser avec lui : Magna ars est scire cum Jesu conversari, et scire Jesum tenere magna prudentia (II, 8, 15). Le principal soin quon doit avoir après une Communion, cest de demeurer uni à Dieu, outre lunion sacramentelle par laquelle Jésus-Christ demeure réellement dans nous jusquà ce que les espèces soin consommées, et elles le sont ordinairement dans moins dun quart dheure.
Il y a encore deux sortes dunion, une de sentiments, lautre de résolution. La première subsiste tant quon conserve le sentiment de la présence de Dieu ; et pour cela il faut se rappeler souvent le souvenir du bienfait quon vient de recevoir, et demeurer le plus quil est possible dans le silence et le recueillement, sentretenant avec Jésus-Christ, car pour peu quon se laisse aller à la dissipation on perd aussitôt le sentiment et le goût de la présence de Dieu et une grande partie des fruits du Sacrement, comme il arrive à bien des personnes qui le jour même de leur Communion se livrent au plaisir de la conversation, de la bonne chère, et oublient presque aussitôt la grande action quils viennent de faire, car après une courte action de grâce ils ny pensent plus ou ils ny pensent que très superficiellement. Quelle ingratitude ! Toute notre vie ne suffirait pas pour témoigner à Dieu notre reconnaissance pour une seule Communion, puisque cest une faveur infinie. Pour demeurer intérieurement uni à Dieu, il faut réprimer ses empressements naturels et faire ses actions avec modération, veillant sur les mouvements de son cur, et tenant toutes les puissances de son âme unies à Jésus-Christ comme à leur centre, car les personnes qui se laissent emporter par lardeur et la vivacité du tempérament, et qui se portent avec un empressement humain à ce quils ont à faire perdent aussi dans peu cette vue de la présence de Dieu
La seconde union consiste à demeurer dans la grâce habituelle sans retomber dans aucun péché mortel, car un seul suffirait pour nous faire perdre cette grâce. Terrible malheur qui arrive à bien des chrétiens ! Je ne parle pas de ces pécheurs dhabitude et de tous ces impies qui profanent les Sacrements par ces Communions sacrilèges ; car puisquils nont jamais quitté le péché il nest pas surprenant quils y retombent. On les voit aussitôt se replonger comme des animaux immondes dans la fange de leurs désordres, quelquefois même peu de jours ou quelques semaines après leur Communion. Cest une gêne et un fardeau pour eux de communier à certains jours, et la vue dune Communion prochaine les inquiète et arrête peut-être un peu, mais ils se débarrassent le plus vite quils peuvent pour vivre plus à leur liberté, et dès quils ont une fois pris sur eux de communier dans létat déplorable où ils sont, la barrière est rompue, rien ne les retient plus, ils se livrent à leurs passions avec plus de fureur que jamais, comme pour se dédommager de sen être abstenus pendant quelque temps. Mais laissons ces malheureux. Rien nest capable de les toucher. Lécriture les compare " à des chiens qui retournent à leurs vomissements, et à des pourceaux qui vont se vautrer dans la boue " (2 P 2, 22).
Mais ce qui me fait gémir, cest de voir que des âmes qui au moment de leur Communion étaient véritablement touchées et peut-être sincèrement converties, retombent néanmoins dans les fautes grossières quelles avaient quittées, et quelles perdent aussi malheureusement le fruit de tant peines et de travaux. On voit encore un assez grand nombre de pécheurs qui commencent à bien faire et qui continuent pendant quelque temps. Mais hélas ! quil en est peu qui persévèrent jusquà la fin ! Ce petit nombre qui est celui des élus fait trembler lorsquon y fait réflexion. Jai vu moi-même bien des personnes qui après avoir été dans les meilleures dispositions du monde sont retombées dans toutes sortes de crimes, oubliant bientôt leurs promesses et la résolution dans laquelle elles paraissaient être de tout faire, de tout souffrir, et de tout sacrifier pour Dieu et pour leur salut, et de mourir plutôt que de commettre un seul péché mortel. On se relâche peu à peu ; cette première ferveur diminue insensiblement ; on néglige ses devoirs et ses exercices de religion ; les occasions se présentent, on ne les évite pas avec assez dhorreur, on retombe dans le péché, on se rengage dans ses anciennes habitudes et on redevient tel quon était avant sa Communion, ou plutôt ce second état est pire que le premier, parce quaprès avoir été comblé dune faveur aussi inestimable de la part de Dieu on devient plus coupable et plus criminel en loffensant de nouveau. Les péchés que lon commet sont plus griefs, plus énormes, et plus odieux aux yeux de Dieu, puisquaprès sêtre donné à lui on labandonne pour retourner au démon, comme si lon donnait à entendre par cette conduite que lon est déjà las de le servir, et quon aime mieux vivre sous le joug et sous lesclavage de Satan que sous la loi du Seigneur. Quel outrage pour un Dieu de se voir ainsi abandonné par une âme quil a comblée de ses bienfaits, et cela pour se ranger du côté de son ennemi ! Quelle ingratitude de la part de cette âme, qui après avoir été nourrie de la chair adorable du Sauveur et abreuvée de son Sang renonce à sa grâce en retombant dans le péché mortel, chasse Jésus-Christ de son cur pour y faire place au démon ! Quelle horreur ! Quelle abomination ! Craignez quun tel malheur ne vous arrive à vous-même, demandez au Seigneur la grâce de vous en préserver, et pour léviter prenez les résolutions suivantes.
9. SAINTES RÉSOLUTIONS qui renferment en abrégé les principes et les règles dune vie chrétienne
Intention
DIEU étant mon premier principe et ma dernière fin, puisquil ne ma créé que pour laimer et le servir en cette vie et le posséder dans lautre, je me consacrerai tout à lui, je lui rapporterai toutes mes actions, et voici quelle sera lintention que jaurai dans tout ce que ferai pendant toute ma vie : je ne veux rien faire en vue du monde, rien pour plaire aux hommes, rien pour me satisfaire moi-même, mais tout pour Dieu, tout pour la plus grande gloire de Dieu, tout pour lamour de Dieu, tout pour obéir à Dieu, pour faire sa volonté, pour lui plaire, pour honorer les mystères de notre religion, les actions de la vie de Jésus-Christ, les souffrances de sa mort et de sa passion, et celles de la sainte Vierge et des Saints, pour la sanctification de mon âme, pour lexpiation de mes péchés, et pour dautres semblables motifs surnaturels. Ce sera dans ces vues que je mattacherai à remplir exactement tous les devoirs de mon état.
Soin du salut
Jaurai toujours devant les yeux les grandes vérités de la religion, la mort, le jugement, le paradis, lenfer et léternité. Je ne mattacherai à aucune chose du monde, mais à Dieu seul. Je ne désirerai point les biens de la terre, mais ceux du ciel, selon cette sentence du Sauveur, " Cherchez premièrement le royaume de Dieu " (Mt 6, 33). Mon premier soin sera de travailler à mon salut ; ce sera là ma grande et unique affaire, je regarderai toutes les autres comme rien en comparaison de celle-là, selon cette maxime de lÉvangile, " Que sert à lhomme de gagner tout lunivers sil vient à perdre son âme " (Mt 16, 26).
Horreur du péché mortel
Je serai toujours disposé à mourir plutôt mille fois que de commettre un seul péché mortel, quelque forte que soit la tentation qui my excite, quelquintérêt qui puisse my engager, quoi quon puisse dire ou faire pour my porter. Je conserverai toujours la ferme et inébranlable résolution de perdre et de sacrifier tout ce que jai de plus cher, mes biens, ma réputation, et ma vie même, et de tout souffrir, le mépris, les railleries, les tourments, et la mort même, plutôt que doffenser Dieu mortellement.
Fuite des occasions
Jéviterai avec soin toutes les occasions du péché, surtout les mauvaises compagnies, les jeux indécents, les danses, les bals, la comédie, la lecture des romans, les paroles et les chansons déshonnêtes, limmodestie dans mes regards et mes habits, la familiarité avec les personnes dun sexe différent, et tout ce qui pourrait me faire tomber dans linfâme péché dimpureté, que je déteste avec horreur, et dont jespère avec le secours de la grâce me préserver toute ma vie. Si lon tient en ma présence quelque propos indécent, soit contre la religion, soit contre les bienséances, soit contre la charité, loin dy applaudir ou de lécouter avec plaisir le lempêcherai si je puis, sinon je ferai voir au moins par un air sérieux que je le désapprouve.
Médisance
Je ne parlerai jamais mal de personne, et je nécouterai point la médisance.
Éloignement de lesprit et des maximes du monde
Jaurai horreur de lesprit du monde, et je ne prendrai pour règle de mes sentiments et de ma conduite que les maximes de lÉvangile, et pour modèle que lexemple de Jésus-Christ et des Saints, et non celui des mondains, dont je fuirai la compagnie et les entretiens.
Mortification des passions par la pratique des vertus contraires
Je mappliquerai surtout à connaître et à mortifier mes passions, et principalement ma passion dominante. Pour les connaître je réfléchirai sur tous les mouvements de mon cur, examinant la cause et le motif des différentes sensations que jéprouve au-dedans de moi-même, et je les mortifierai par la pratique des vertus contraires. Je tâcherai de vaincre mon orgueil par lhumilité, mon amour propre par une sainte haine de moi-même, ma vanité par la modestie, mon avarice par le détachement et la libéralité envers les pauvres, ma sensualité par la mortification, ma colère et mes vivacités par la patience et la douceur, mes empressements par la modération, ma paresse par lassiduité au travail, ma tiédeur et ma négligence par la ferveur et lexactitude à remplir mes devoirs, mes dissipations par le recueillement, mon envie de parler par le silence, mon humeur et mes caprices par une égalité dâme qui me fasse toujours être le même, mes envies, mes jalousies, mes antipathies par des actes de charité envers les personnes qui en seront lobjet, mes légèretés, mes vicissitudes par la constance et la fermeté à continuer mes exercices dans les temps de dégoût et de sécheresse. Chaque jour que je sentirai le mouvement de quelquune de ses passions, je le réprimerai par un acte de la vertu qui lui est opposée.
Ce quon doit faire dans la tentation
De même dans toutes les autres tentations qui pourront me survenir je ne me troublerai point, mais, 1/ je mhumilierai ; 2/ je recourrai à Dieu pour lui demander la grâce de les surmonter ; 3/ au lieu de faire le mal que la tentation me suggérera, je ferai le bien contraire ; et plus le démon fera defforts pour me séparer de Dieu, plus jen ferai pour munir à lui et pour lui demeurer fidèlement attaché.
Conformité à la volonté de Dieu
Je prendrai pour règle de ma conduite la volonté de Dieu et non pas mon goût ni mon dégoût. Quelque contraire quune chose soit à mes inclinations, je la ferai si cest la volonté de Dieu que je la fasse, et quelquattrait jai à la faire je ne la ferai point si ce nest point la volonté de Dieu.
Abandon à la Providence
Je veux me conformer en tout à cette volonté divine. Dans tous les événements de ma vie et dans tous les accidents fâcheux et les contretemps, au lieu de murmurer et de ma plaindre, je me soumettrai à tout en disant avec le saint homme Job : " Dieu me la donné, Dieu me la ôté ; le nom du Seigneur soit béni, la volonté de Dieu soit faite et non la mienne " (Jb 1, 21). Et je mabandonnerai à la divine providence sans me livrer à de vains projets et sans me troubler par des inquiétudes et des soins inutiles. Ainsi la conformité à la volonté de Dieu arrêtera toutes mes plaintes et mes murmures pour le présent, et labandon à la providence calmera mes inquiétudes pour lavenir.
Emploi du temps
Je tâcherai demployer utilement tous les moments de ma vie, regardant comme perdus ceux que je naurai pas fait servir à la gloire de Dieu, ou à lutilité du prochain, ou à ma sanctification.
Manière de passer la journée
Pour nen point passer inutilement je réglerai toutes les actions de ma journée, mon lever, mon coucher, le temps de mon oraison, celui du travail, des repas, et mastreindrai fidèlement à ces règles, faisant tout avec ordre : 1/ Je commencerai la journée par la prière et une lecture spirituelle ou méditation. 2/ Joffrirai toutes mes actions à Dieu selon les intentions exposées dans la première résolution, et je renouvellerai souvent cette intention de tout faire et de tout souffrir pour Dieu et mon salut, ayant fréquemment à la bouche et dans le cur ces paroles de saint Paul, " Tout pour la gloire de Dieu " (1 Co 10, 31), et ces autres du même Apôtre, " Tout au nom du Seigneur Jésus-Christ " (Col 3, 17).
Manière de bien faire ses actions
Jagirai le plus quil me sera possible dune manière surnaturelle, en réprimant le mouvement de la passion ou de lactivité naturelle pour suivre celui de la grâce, demeurent uni à Dieu, et conservant le sentiment de sa présence, que je me rappellerai souvent par de fréquents actes de religion, par des aspirations ou prières jaculatoires, que je ferai au moins chaque heure, disant : " Seigneur, aidez-moi. Mon Dieu, je crois en vous, jespère en vous, je vous adore, je vous loue, je vous rends grâce, et je vous aime de tout mon cur ". Et je garderai de temps en temps le silence pour me recueillir et me renouveler dans Dieu, faisant tout en lui, par lui, avec lui et pour lui, au nom de Jésus-Christ et en union de ses mérites, sans lesquels aucune de nos actions ne peut lui être agréable ni méritoire à ses yeux, puisquil nous a dit lui-même, " Sans moi vous ne pouvez rien faire, demeurez en moi et moi en vous ; comme le cep ne peut porter de raisin de lui-même sil ne demeure attaché à la vigne, de même vous ne pouvez point porter de fruit si vous ne demeurez en moi " (Jn 25, 4).
Messe
Jentendrai exactement tous les jours la sainte Messe pour quatre fins principales, savoir : 1/ pour rendre à Dieu le culte et lhommage qui lui est dû ; 2/ pour le remercier de ses bienfaits ; 3/ pour lexpiation de mes péchés et de ceux de tout le monde ; 4/ pour obtenir toutes les grâces qui me sont nécessaires. Ce sera dans ces intentions que je présenterai avec le Prêtre au Père éternel Jésus-Christ son Fils comme la seule victime qui puisse lhonorer dignement ; et je moffrirai moi-même et toute lÉglise en sacrifice avec lui. Et si quelque infirmité ou quelquautre raison légitime mempêche daller à léglise, jy assisterai du moins de cur et desprit, unissant mon intention à celle du Prêtre, et offrant avec lui le sacrifice quoiquabsent, et demandant à Dieu la grâce dy participer comme présent.
Sanctification des Dimanches et Fêtes
Les dimanches et les fêtes jassisterai à tous les offices de la paroisse, et au lieu de passer le reste de ces saints jours à jouer, à danser, à boire, ou à médire du prochain, je lemploierai à prier, à lire de bons livres, à méditer les vérités du salut. Jentendrai deux Messes, sil est possible ; je ferai une visite au Saint-Sacrement, jexaminerai les fautes de la semaine précédente, et joffrirai à Dieu les actions de la suivante, lui demandant des grâces pour la passer saintement.
Fréquentation des Sacrements
Je me confesserai au moins chaque mois avec humilité, avec contrition, et avec sincérité, sans jamais cacher ou déguiser aucun péché. Je communierai quand mon Confesseur jugera à propos, tâchant dapporter à la sainte Table toutes les dispositions que demande le plus grand et le plus auguste de tous les Sacrements.
Patience dans les peines, support du prochain
Je souffrirai patiemment le froid, le chaud, la faim, la soif, la fatigue du travail, toutes les peines de mon état ; je supporterai de même tous les défauts des personnes avec lesquelles la providence ma placé.
Pardon des injures
Si quelquun me fait ou me dit quelquinjure, je ne men vengerai en aucune manière, je nen conserverai aucun ressentiment, je lui pardonne déjà par avance ; je prierai pour lui et lui rendrai le bien pour le mal.
Jeûne et abstinence
Loin de suivre la malheureuse coutume qui sest introduite depuis quelque temps dans le monde, de faire gras et de violer la loi du jeûne, je jeûnerai exactement tous les jours de carême, des quatre-temps, et des veilles de fêtes auxquelles lÉglise nous oblige de jeûner, et jobserverai la loi de labstinence avec la même exactitude.
Repas
Je garderai dans tous mes repas une exacte tempérance, mortifiant la sensibilité par la privation des mets qui pourraient la flatter davantage.
Récréations
Je minterdirai tous les divertissements dangereux, dissipant, passionnés et excessifs. Si ma santé a besoin de quelque délassement, je ne le prendrai que dans le repos et dans des récréations permises, honnêtes et modérées. Je ne les rechercherai point avec empressement. Je ne my livrerai point avec excès, mais jen userai avec modération, sans attache, et je les quitterai sans regret, men servant comme dun remède pour me mettre en état de remplir mes devoirs, sans jamais me proposer pour fin le plaisir et la satisfaction des sens.
Santé
Si Dieu me donne une bonne santé je nen abuserai point en la ruinant par un excès dintempérance et de débauche ; je ne la rendrai point inutile non plus par la mollesse dune vie paresseuse et sensuelle. Mais je men servirai utilement pour pratiquer toutes sortes de bonnes uvre et exercer les austérités de la pénitence. Je ne me rassurerai pas sur la force de mon tempérament pour me permettre une longue vie, puisque le moindre accident peut me conduire au tombeau. Mais je tâcherai de me tenir toujours en état de paraître devant Dieu, selon ces avertissements que le Saint-Esprit nous donne dans les saintes écritures : " Votre vie sera comme suspendue à vos yeux, et vous ne nous rassurerez point sur elle ; vous craindrez jour et nuit " (Dt 28, 65-66). " Soyez toujours prêts, parce que vous ne savez ni le jour ni le moment " (Mt 24, 44).
Infirmité
Si Dieu permet que je sois dune santé faible, jen supporterai les infirmités avec résignation, adorant les vues de la providence, qui veut par là me priver des plaisirs des sens, me séparer du monde pour me mettre à couvert des dangers, et me réduire dans une heureuse nécessité de faire pénitence, de penser et de travailler à mon salut dans la retraite et la solitude.
Maladie et mort
Lorsque je me sentirai attaqué de quelque maladie dangereuse, 1/ je laccepterai dans les mêmes sentiments de soumission aux ordres de la providence ; 2/ joffrirai à Dieu toutes les douleurs et les incommodités quelle moccasionnera, lui demandant la force de les souffrir dune manière chrétienne, sans impatience et sans découragement ; 3/ je mettrai ordre dans mes affaires et surtout à ma conscience ; pour cela je ne tarderai pas à me confesser, et dans cette confession jaurai soin de réitérer les péchés les plus considérables de ma vie passée ; je ferai même une confession générale sil est nécessaire ; je réparerai tous les torts que jaurais pu faire pendant ma vie ; je payerai exactement mes dettes ; je me réconcilierai avec mon prochain, au cas où je nai pas fait tout cela plus tôt, car il est bien dangereux de le différer jusqualors ; 4/ je recevrai le saint Viatique et lextrême-onction dans les sentiments de la plus tendre et de la plus sincère piété quil me sera possible ; 5/ je me détacherai de mes parents, de mes amis, de mes enfants, de mon époux, de mes biens, de tout ce que je possède dans le monde et de moi-même, pour aller me réunir à Dieu. Et ce sera dans ces dispositions que jattendrai le moment de lagonie et de la mort.
Telles sont, ô mon Dieu, les résolutions que je prends aujourdhui en votre sainte présence. Je vous les offre. Acceptez-les, bénissez-les, et faites-moi la grâce de les exécuter fidèlement jusquau dernier soupir. Ainsi soit-il.
10. Indulgences
11. De la dévotion envers les saintes âmes des enfants morts après le baptême
12. Prière pour honorer et invoquer les saints enfants morts dans linnocence baptismale
13. Vêpres du Dimanche
14. Oraisons des Dimanches de lannée