PARTIE III

INSTRUCTIONS PRATIQUES

 

1. INSTRUCTIONS SUR LE SACRIFICE DE LA MESSE

Du Sacrifice en général

Le sacrifice en général est l’offrande que l’on fait à Dieu d’une chose qui lui est agréable et qui nous coûte. Si la chose que nous lui offrons est hors de nous, le sacrifice est extérieur, si elle est dans nous, il est intérieur. Ainsi le sacrifice de nos biens est un sacrifice extérieur ; celui que nous faisons de notre raison en la captivant sous le joug de la foi, de notre cœur en consacrant ses affections à Dieu par la charité, de notre volonté en la soumettant à la volonté divine, en renonçant pour cela à nos inclinations et à nos passions, est un sacrifice intérieur. C’est dans ce sens que nous disons tous les jours que nous faisons à Dieu des sacrifices.

Mais le sacrifice exactement dit est l’offrande d’une chose extérieure faite à Dieu par un Ministre légitime, avec quelque destruction ou changement de la chose offerte, pour reconnaître par là le souverain domaine de Dieu sur toutes les créatures, et pour lui rendre, les hommages qui sont dus à sa divine Majesté.

1° On appelle la chose que l’on offre l’hostie ou la victime ; ainsi dans la Messe c’est Jésus-Christ qui est l’hostie et la victime, puisque c’est lui qui y est offert.

2° L’action par laquelle on offre la victime se nomme immolation. Il y en a de deux sortes, une immolation réelle, quand on met à mort la victime que l’on offre ; ainsi sur la Croix l’immolation de Jésus-Christ a été réelle parce qu’il a été mis à mort, une immolation mystique, lorsque la victime est représentée comme morte : telle est l’immolation du sacrifice de la Messe : Jésus-Christ, qui en est la victime, n’est pas mis à mort puisqu’étant une fois ressuscité il ne meurt plus, comme dit l’Apôtre (Rm 6, 9) ; mais il est comme mort, puisqu’il n’y donne aucune marque de vie - vidi agnum tanquam occisum (Ap 5, 6) -, et surtout parce que sa mort est représentée par la séparation des deux espèces, car l’espèce du vin séparée de celle du pain nous représente le Sang de Jésus-Christ séparé de son Corps, et nous fait souvenir par conséquent de la mort de Jésus-Christ ; car dès qu’on se représente le Sang du Sauveur séparé de son Corps, il est naturel de se rappeler le souvenir de sa mort, puisqu’un corps ne peut conserver la vie s’il n’est uni à son sang. Ainsi cette séparation des deux espèces divisées l’une d’avec l’autre sur l’autel est une image sensible de la mort de Jésus-Christ, comme la parcelle de l’hostie que le Prêtre met dans le calice est l’image de la résurrection, parce qu’elle nous représente la réunion de ce sang avec son corps. C’est en cela que consiste toute la différence du sacrifice de la Messe d’avec celui de la Croix, en ce que sur la Croix l’immolation a été réelle, puisque Jésus-Christ y est mort en versant son sang, au lieu que sur l’autel l’immolation, n’est que mystique, c’est-à-dire que la mort de Jésus-Christ y est seulement figurée et représentée. Du reste le sacrifice est le même, puisque Jésus-Christ s’y immole aussi véritablement que sur le Calvaire.

3° Le Ministre qui immole la victime se nomme le Prêtre, Sacrificateur, ou Pontife. C’est une personne publique, députée de l’Église pour offrir à Dieu la victime au nom de tout le peuple qui s’unit à lui et le charge de ses vœux pour les offrir à Dieu avec la victime qu’il lui immole, pour reconnaître son souverain domaine et pour adorer sa Majesté, car le sacrifice est l’acte d’adoration le plus parfait et le plus authentique. C’est pour cela qu’on ne l’offre qu’à Dieu, puisqu’on n’adore que Dieu seul.

 

Hommage que le sacrifice rend à Dieu

Or, les hommes témoignent à Dieu leur dépendance par le Sacrifice,

1° parce qu’en lui offrant par les mains du Prêtre une victime quelle qu’elle soit, ils reconnaissent que toutes les créatures viennent de lui et qu’elles lui sont dues : mea sunt omnia (Ex 13, 2).

2° Par l’immolation, c’est-à-dire par la destruction, ou la mort réelle ou mystique de la victime, nous reconnaissons tous que Dieu est l’auteur de la vie et de la mort, que nous sommes prêts à mourir comme cette victime quand il l’ordonnera, que nous avons mérité la mort par le péché, et que, ne pouvant nous la donner à nous-mêmes, nous substituons cette victime à notre place ; enfin, que nous sommes disposés à vivre et à nous consumer comme des victimes pour la gloire et le service de Dieu. C’est ainsi que par le sacrifice on, reconnaît et on adore la souveraine Majesté de Dieu. C’est pour cela qu’on en a offert dès le commencement du monde.

 

Sacrifices de l’ancien testament

Dans l’ancienne loi on offrait trois sortes de sacrifices, l’holocauste, l’hostie pacifique, et la victime d’expiation.

L’holocauste était un sacrifice où la victime immolée était entièrement brûlée et consumée par le feu, pour rendre uniquement, par cette immolation et cette consomption de la victime, un hommage absolu et universel à la souveraine Majesté de Dieu, et l’adorer avec un profond respect. C’était le sacrifice le plus parfait. C’est pour cela qu’on se sert encore aujourd’hui de ce terme d’holocauste pour marquer un sacrifice entier et sans réserve.

L’hostie pacifique était instituée pour remercier Dieu de ses grâces et pour lui en demander de nouvelles.

Le sacrifice d’expiation se faisait pour obtenir le pardon et la rémission de ses péchés, et pour réparer l’outrage qu’ils avaient fait à Dieu.

 

Insuffisance des sacrifices de l’ancien testament, et dignité de celui du nouveau

Mais comme tous ces sacrifices de l’ancienne loi n’étaient point capables d’honorer Dieu dignement, ni de mériter les grâces du salut, ni d’expier les péchés, ils ont été abolis tous ; et Jésus-Christ leur a substitué le sacrifice de son Corps et de son Sang, qu’il a offert uns fois sur la Croix pour la gloire de son Père et pour le salut des hommes, et qu’il renouvelle chaque jour sur nos Autels. Ainsi dans la loi nouvelle il n’y a proprement qu’un seul sacrifice, qui est celui de la Croix, renouvelé et continué par celui de la Messe, parce qu’il n’y a que ce seul sacrifice qui soit absolument digne de Dieu, qui lui soit uniquement agréable, et qui puisse mériter les grâces du salut et expier les péchés des hommes.

1° Ce sacrifice est digne de Dieu et il lui procure la gloire et l’honneur qu’il mérite, puisqu’on lui offre une victime d’un prix infini, c’est-à-dire Jésus-Christ qui est Dieu lui-même, égal à son Père.

2° Il lui est uniquement agréable, puisque c’est son Fils bien-aimé.

3° C’est la source de toutes les grâces du salut, car toutes les grâces qui ont été données aux hommes, même avant l’Incarnation, viennent des mérites infinis de Jésus-Christ. Il nous les a mérités en mourant sur la Croix, et il nous les applique en s’immolant sur nos Autels. Ainsi le sacrifice de la Croix a amassé le trésor des grâces, et celui de la Messe les distribue à chacun selon ses dispositions.

4° Le sacrifice de la Croix et de la Messe est plus que suffisant pour réparer l’outrage infini que les péchés ont fait à Dieu, et pour les expier, puisqu’une seule goutte du Sang de Jésus-Christ, étant d’un prix infini, eût suffi pour effacer les péchés du monde entier. De tout cela il s’ensuit aisément que la Messe est tout ce qu’il y a de plus grand, de plus saint dans la religion. Rien n’est plus glorieux à Dieu ni plus avantageux pour l’homme.

Les trois parties les plus essentielles de la Messe sont,

1° la consécration, puisque c’est dans ce moment que Jésus-Christ descend du ciel sur l’autel, et que le pain et le vin sont changés en son Corps et en son Sang ;

2° l’offrande du sacrifice, non seulement celle du pain et du vin, qui se fait à l’offertoire, mais surtout celle de Jésus-Christ même, qui se fait immédiatement après la consécration, lorsque le Prêtre levant la sainte Hostie et le Calice vers le Ciel présente au Père éternel son Fils bien-aimé, et lorsque ensuite, faisant le signe de la Croix sur l’hostie et sur le calice, il prononce ces paroles : " Nous vous offrons une hostie sainte, une hostie pure, une hostie sans tache, et le calice du salut éternel " [Prière, Unde et memores... après la consécration dans la messe tridentine]. C’est donc surtout dans ces deux moments qu’on doit offrir à Dieu, avec le Prêtre, Jésus-Christ en sacrifice à son Père ;

3° la communion, qui est la participation et la consommation du sacrifice ; car de même que dans l’ancienne loi le Prêtre, après avoir offert une victime, y participait lui-même et en faisait part à celui qui l’avait donnée et pour qui elle avait été offerte, de même dans la nouvelle le Prêtre, après avoir offert le saint sacrifice de la Messe, doit nécessairement y participer ; et l’Église souhaiterait que les fidèles pour qui il est offert vécussent assez saintement pour être en état d’y participer aussi par la communion sacramentelle. Ils doivent du moins y participer par la communion spirituelle, qui se fait en s’unissant à Jésus-Christ en esprit par désir et par amour.

 

Des dispositions qu’on doit apporter au saint sacrifice de la Messe

Les dispositions qu’il faut apporter au saint sacrifice de la Messe sont la foi, le respect, la modestie, l’attention, la dévotion, la contrition, l’esprit de sacrifice, et la pureté d’intention. La première des dispositions, c’est la foi, parce qu’il n’y a que la foi qui puissent nous découvrir les grands mystères qui s’y opèrent et qui s’y célèbrent ; car tout est mystérieux dans la Messe. À n’envisager ce qui s’y passe qu’avec les yeux du corps et selon ce qui paraît à nos sens, rien n’est plus simple. Mais si on considère tout cela par les vues de la foi, rien n’est plus sublime, puisqu’on y découvre un Dieu environné d’une multitude d’anges qui l’adorent. Quoi de plus admirable ? Quoi de plus digne de notre attention et de notre respect ? Tous les grands mystères de notre religion sont contenus, renouvelés, ou du moins représentés dans l’auguste sacrifice de la Messe : celui de la Trinité, puisque les trois Personnes y sont présentes ; celui de l’Incarnation, puisque le Fils de Dieu descend de nouveau du sein de la gloire de son Père pour venir habiter parmi nous ; celui de la Rédemption ; puisque Jésus-Christ s’immole sur l’autel comme il s’est immolé sur la calvaire.

Aussi toutes les cérémonies de la Messe nous représentent à chaque moment ces mystères et beaucoup d’autres : le trisagion, c’est-à-dire ces paroles, " Saint, saint, saint ", et toutes les autres choses que l’on répète trois fois, comme le Kyrie eleison, l’Agnus Dei, le Domine, non sum dignus, les signes de croix, nous rappellent le souvenir des trois adorables Personnes de la Trinité. L’eau mêlée avec le vin nous représente la nature humaine unie à la nature divine dans la personne du Fils de Dieu : voilà une image du mystère de l’Incarnation. Elle peut nous figurer aussi l’union de l’Église avec Jésus-Christ ; et selon cette explication le vin représente Jésus-Christ et l’eau le peuple. C’est pour cela que le Prêtre bénit l’eau et non pas le vin. Pour le mystère de la Rédemption, il y est réellement renouvelé : quant à l’oblation de la victime, qui est la même que celle de la Croix, et mystiquement quant à l’immolation, puisque la mort du Sauveur y est représentée par la séparation des deux espèces, et la résurrection par leur réunion, comme on l’a fait voir. L’hostie, faite de farine composée de plusieurs grains de froment, séparés d’abord, puis réunis dans une même pâte, marque l’unité de l’Église, qui est un corps mystique, composé de tous les fidèles réunis par une même foi. L’élévation de la sainte Hostie nous rappelle le souvenir du Sauveur élevé en croix. Le livre des évangiles ôté du côté de l’épître et porté de l’autre côté marque la réprobation des Juifs qui n’ont pas voulu écouter l’Évangile, et la vocation des Gentils qui l’ont reçu. Vers la fin de la Messe on le rapportera dans l’endroit où on l’avait pris d’abord, parce qu’à la fin du monde les Juifs se convertiront.

Toutes les autres cérémonies de la Messe sont pleines de mystères, et tout ce qu’on y voit, tout ce qu’on y entend, tout ce qui s’y passe est mystérieux. L’autel est la figure du calvaire, et la pierre d’autel celle de Jésus-Christ, qui est la pierre fondamentale de son Église. Les cierges sont aussi le symbole du Sauveur, qui est la lumière du monde. Les ornements, leurs différentes couleurs, les habits sacerdotaux ont chacun leur signification. Le silence que l’on garde par intervalle se fait pour inspirer un plus profond respect ; il peut aussi nous rappeler le silence de Jésus-Christ dans la passion. Les orgues représentent les neufs chœurs des Anges qui chantent les louanges de Dieu chacun selon son rang ; c’est pour cela qu’on en touche au Gloria in excelsis et non au Credo, parce que le Gloria in excelsis est le cantique des Anges, et le Credo est la profession de foi des hommes sur la terre. Les fidèles chantent aussi alternativement avec l’orgue, parce que l’Église qui est sur la terre s’unit à celle du ciel pour célébrer les louanges de Dieu. C’est ce qu’elle fait surtout à la préface, où, après avoir fait mention des hommages et des adorations que ces esprits célestes rendent à la Majesté divine, elle la prie de vouloir bien nous permettre de mêler nos faibles voix à leurs divins concerts : cum quibus et nostras voces ut admitti jubeas deprecamur [Cette formule termine plusieurs préfaces de la messe]. Elle s’unit aussi aux âmes du purgatoire dans le memento des morts. Ainsi les trois Églises, la triomphante qui est au ciel, la militante qui est sur la terre, et la souffrante qui est dans le purgatoire, se réunissent à la Messe comme les membres d’un même corps avec Jésus-Christ qui en est le chef. Elles l’offrent à Dieu, et elles s’offrent elles-mêmes avec lui, comme dit saint Augustin : in eo quod offert Ecclesia et ipsa offertur. Il faut donc de la foi pour assister avec fruit à la célébration de nos divins mystères.

La seconde disposition qu’il faut y apporter, c’est le respect, et un respect profond. " Tremblez ", dit le Seigneur, " tremblez à la face de mon Sanctuaire " (Lv 26, 2). Nous tremblerions en effet si nous avions une foi vive à la vue de la Majesté d’un Dieu présent sur nos Autels, et à l’aspect de tous les augustes mystères qui s’y représentent.

La troisième, c’est la modestie. Elle compose notre maintien extérieur dans une posture convenable à la sainteté et à la grandeur du sacrifice. Elle naît de la foi et du respect intérieur dont elle est l’expression naturelle. Sans cela c’est une hypocrisie. On doit se tenir à genoux aux Messes basses, et se conformer au chœur aux Messes solennelles.

La quatrième, l’attention, pour ne pas être volontairement distrait par des pensées étrangères et une vue égarée.

La cinquième, la dévotion : on doit assister à la Messe avec les mêmes sentiments de confiance, d’amour, et de reconnaissance qu’on eût aux pieds de la Croix en voyant le Sang de Jésus-Christ couler de ses veines et répandu sur le calvaire.

La sixième, la contrition : quel motif de regret pour nous lorsque nous pensons que ce sont nos péchés qui sont la cause de la mort du Sauveur, et que c’est pour les expier et pour réparer l’outrage qu’ils avaient fait à la Majesté divine qu’il a tant souffert, et que c’est pour nous en retenir la rémission qu’il présente encore dans le sacrifice de la Messe cette même mort et ces souffrances à Dieu son Père, afin d’apaiser sa colère, de fléchir sa justice, et nous rendre sa miséricorde propice. Le sacrifice de la Messe est donc une des plus grandes ressources, ou pour mieux dire l’unique ressource qui reste au pécheur pour obtenir le pardon de ses crimes. Mais il la rend inutile s’il y assiste sans un repentir sincère de les avoir commis et sans un désir efficace de les quitter. Il y a même bien des théologiens qui prétendent qu’une personne qui assiste à la Messe en état de péché mortel, sans aucun sentiment de pénitence, et sans aucune envie de se convertir, fait un nouveau péché.

La septième, un esprit de sacrifice, qui nous porte à nous offrir nous-mêmes avec Jésus-Christ sans réserve, nos corps, nos âmes, nos biens, notre réputation, notre repos, notre santé, notre vie même, faisant à Dieu un sacrifice universel de tout ce que nous sommes, et surtout de nos inclinations et de nos passions favorites, nous dépouillant de tout, renonçant à tout et à nous-mêmes, pour imiter en cela le Sauveur qui a tout sacrifié à son Père, livrant son Corps à ses bourreaux et son âme à la mort, expirant nu sur la Croix.

La huitième enfin, l’intention, nous devons d’abord en général, en offrant le sacrifice de la Messe à Dieu, avoir les mêmes vues que Jésus-Christ avait lorsqu’il s’est offert lui-même sur le calvaire, et qu’il a encore en s’immolant sur l’autel. Nous devons aussi unir notre intention à celle du Prêtre et à celle de toute l’Église. Mais les quatre fins essentielles pour lesquelles on offre à Dieu le sacrifice de la Messe sont,

1° pour lui rendre tout le culte et l’hommage qui lui est dû, pour honorer toutes ses perfections et tous les mystères de la religion, surtout ceux qui sont représentés à la Messe ;

2° pour réparer l’injure et l’outrage que nos péchés ont faits à sa Majesté divine et pour en obtenir le pardon ;

3° pour le remercier des grâces qu’il nous a faites ;

4° pour lui demander toutes celles dont nous avons besoin.

Voilà les quatre fins principales que l’on doit se proposer en assistant au saint sacrifice de la Messe. On peut y en ajouter d’autres, pourvu qu’elles tendent à la gloire de Dieu et à notre salut ou à celui du prochain. On ne dit pas se contenter de demander en général les grâces du salut ; mais il est bon de les spécifier en entrant dans le détail, se rappelant des plus grands péchés pour en demander le pardon, ses passions dominantes pour en obtenir la victoire, et les vertus qui nous sont les plus nécessaires pour les solliciter en vertu du sacrifice. Et on doit demander toutes ces grâces non seulement pour soi, mais pour tous les fidèles, comme il est dit dans le prône, et comme il a été dit ci-dessus dans l’article sur le zèle des fidèles pour l’Église. La meilleure manière d’entendre la Messe : c’est de suivre le Prêtre et de faire à peu près les mêmes prières que lui.

 

2. PRIÈRES DURANT LA SAINTE MESSE

PRIÈRE AVANT LA MESSE pour se disposer à la bien entendre

Je me présente, ô mon adorable Sauveur, devant les saints Autels pour assister à votre divin sacrifice. Daignez, ô mon Dieu, m’en appliquer tout le fruit que vous souhaitez que j’en retire, et suppléez aux dispositions qui me manquent.

Disposez mon cœur aux doux effets de votre bonté ; fixez mes sens ; réglez mon esprit ; purifiez mon âme ; effacez par votre Sang tous les péchés dont vous voyez que je suis coupable. Oubliez les tous, ô Dieu de miséricorde. Je les déteste pour l’amour de vous ; je vous en demande très humblement pardon, pardonnant moi-même de bon cœur à tous ceux qui auraient pu m’offenser. Faites, ô mon doux Jésus, qu’unissant mes intentions aux vôtres, je me sacrifie tout à vous, comme vous vous sacrifiez entièrement pour moi. Ainsi soit-il.

 

COMMENCEMENT DE LA MESSE :

In nomine Paris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.

C’est en votre Nom, adorable Trinité, c’est pour vous rendre l’honneur et les hommages qui vous sont dus, que j’assiste au très saint et très auguste Sacrifice.

Permettez-moi, divin Sauveur, de m’unir d’intention au ministère de vos autels, pour offrir la précieuse Victime de mon salut, et donnez-moi les sentiments que j’aurais dû avoir sur le Calvaire, si j’avais assisté au sacrifice sanglant de votre Passion.

 

CONFITEOR...

Repassez dans l’ouverture de votre cœur les péchés que vous avez commis. Rappelez en gros et confusément ceux qui vous humilient davantage. Exposez à Dieu vos faiblesses ; priez-le qu’il vous les pardonne, et que l’absolution de vos misères attire sur vous en ce Sacrifice l’abîme de ses miséricordes.

XXX

[L’auteur écrit dans son Avertissement : " On a tiré l’ordinaire de la Messe de la Journée chrétienne, manuel de prière en usage dans les diocèses ". Presque chaque diocèse avait son manuel. On peut se demander si Moye a emprunté à cet ouvrage tout ce qui suit le sous-titre, Prières durant la Messe, ou seulement les prières. Les prières ne sont pas de Moye, mais il est vraisemblable que les recommandations sont de lui. Les omissions sont indiquées par XXX. Les sections omises sont reproduites à la fin du Directoire des Sœurs de la Providence. Note de l’éditeur].

 

KYRIE ELEISON

Entretenez-vous dans un doux sentiment de confiance en la bonté de Dieu, qui, vous permettant d’employer un moyen aussi efficace que celui-ci pour demander la grâce de votre réconciliation, vous donne en même temps un gage assuré que vous pourrez l’obtenir.

XXX

 

GLORIA IN EXCELSIS...

Conservez un grand désir de procurer à Dieu toute la gloire, et au prochain tout le bien que vous pourrez. Réjouissez-vous avec les Anges de la part que vous avez à la connaissance des saints Mystères. Remplissez-vous des hautes et magnifiques idées de la majesté de Dieu et de Jésus-Christ son Fils.

XXX

 

ORAISON

Accordez-nous, Seigneur, par l’intercession de la Sainte Vierge et des Saints que nous honorons, toutes les grâces que votre Ministre vous demande pour lui et pour nous. M’unissant à lui, je vous fais la même prière pour ceux et celles pour lesquels je suis obligé de prier, et je vous demande, Seigneur, tous les secours que vous savez nous être nécessaires, afin d’obtenir la vie éternelle, au Nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

ÉPÎTRE

Transportez-vous en esprit au temps des Patriarches et des Prophètes, qui ne respiraient qu’après le Messie. Entrez dans leurs empressements. Formez leurs désirs, prenez les sentiments qu’ils eurent alors. Vous attendez le même Sauveur ; et, plus heureux qu’eux, vous le verrez.

Mon Dieu, vous m’avez appelé à la connaissance de votre sainte Loi, préférablement à tant de Peuples qui vivent dans l’ignorance de vos mystères. Je l’accepte de tout cœur, cette divine Loi, et j’écoute avec respect les sacrés oracles que vous avez prononcés par la bouche de vos Prophètes. Je les révère avec toute la soumission qui est due à la parole d’un Dieu, et j’en vois l’accomplissement avec toute la joie de mon âme.

Que n’ai-je pour vous, ô mon Dieu, un cœur semblable à celui des Saints de votre ancien testament ! Que ne puis-je vous désirer avec l’ardeur des Patriarches, vous connaître et vous révérer comme les Prophètes, vous aimer et m’attacher uniquement à vous comme les Apôtres !

 

ÉVANGILE

Regardez l’évangile que vous allez entendre comme la règle de votre foi et de vos mœurs, règle que Jésus-Christ lui-même vous a adressée, et que vous avez promis de suivre par les engagements du baptême, règle que vous observez mal, et sur laquelle vous serez jugé sans adoucissement et sans appel.

Ce ne sont plus, ô mon Dieu, les prophètes et les apôtres qui vont m’instruire de mes devoirs, c’est votre Fils unique, c’est sa parole que je veux entendre. Mais hélas ! que me servira d’avoir cru que c’est votre parole, Seigneur JÉSUS, si je n’agis pas conformément à ma croyance ? Que me servira, lorsque je paraîtrai devant vous, d’avoir eu la foi sans le mérite de la charité et des bonnes œuvres ?

Je crois, et je vis comme si je ne croyais pas ou comme si je croyais un évangile contraire au vôtre. Ne me jugez pas, ô mon Dieu, pour cette opposition perpétuelle que je mets entre vos maximes et ma conduite. Je crois, mais inspirez-moi le courage et la force de pratiquer ce que je crois. À vous, Seigneur, en reviendra toute la gloire.

 

CREDO

Affermissez ici votre foi. Tout ce que l’Église vous propose à croire est fondé sur la parole de Dieu annoncée par les Prophètes, révélée dans les écritures, déclarée par les miracles, vérifiée par l’établissement de la foi, confirmée par les martyrs, et rendue sensible part la sainteté de notre religion et par le solide consentement de tous ceux qui la professent avec fidélité.

XXX

 

OFFERTOIRE

Songez au bonheur inconcevable que vous avez de trouver dans ce Sacrifice de quoi honorer parfaitement Dieu, le remercier d’une manière qui égale ses dons, effacer entièrement vos péchés ; et obtenir toutes les grâces dont vous avez besoin ; et mettez à profit tous les précieux moments de cet inestimable bonheur.

XXX

 

PRÉFACE

Élevez-vous en esprit dans le ciel jusqu’au pied du trône de la Divinité. Là, pénétré d’une sainte et respectueuse crainte à la vue de cette éclatante Majesté, rendez-lui vos hommages et mêlez vos louanges aux célestes cantiques des Anges et des Chérubins qui l’environnent.

Voici l’heureux moment où le Roi des Anges et des hommes va paraître.

Seigneur, remplissez-moi de votre esprit. Que mon cœur, dégagé de la terre, ne pense qu’à vous ! Quelle obligation n’ai-je pas de vous bénir et de vous louer en tout temps et en tout lieu, Dieu du Ciel et de la terre, Maître infiniment grand, Père tout-puissant et éternel !

Rien n’est plus juste, rien n’est plus avantageux que de nous unir à Jésus-Christ pour vous adorer continuellement. C’est par lui que tous les esprits bienheureux rendent leurs hommages à votre Majesté. C’est par lui que toutes les Vertus du Ciel, saisies d’une frayeur respectueuse, s’unissent pour vous glorifier. Souffrez, Seigneur, que nous joignions nos faibles louanges à celles de ces saintes intelligences, et que de concert avec elles nous disions dans un transport de joie et d’admiration :

 

SANCTUS

XXX

 

LE CANON

Représentez-vous ici l’autel sur lequel Jésus-Christ va se rendre comme sur le Trône de sa miséricorde, où vous avez droit de vous présenter pour exposer tous vos besoins, pour demander, et pour obtenir. Dieu qui nous donne son propre Fils peut-il nous refuser quelque chose ?

XXX

Que n’ai-je en ce moment, ô mon Dieu, les désirs enflammés avec lesquels les saints patriarches souhaitaient la venue du Messie ! Que n’ai-je leur foi et leur amour ! Venez, Seigneur Jésus, venez, aimable Réparateur du monde, venez accomplir un mystère qui est l’abrégé de toutes les merveilles. Il vient, cet Agneau de Dieu : voici l’adorable Victime, par qui tous les péchés du monde sont effacés.

 

ÉLÉVATION

Voilà votre Dieu, votre Sauveur, votre Juge ! Soyez quelque temps dans le silence, comme saisi d’admiration à la vue de ce qui se passe sur l’autel. Rappelez toute votre ferveur et livrez-vous à tous les sentiments que le respect, la confiance, et la crainte sont capables d’inspirer.

XXX

 

SUITE DU CANON

Contemplez affectueusement votre Sauveur sur l’autel. Méditez les Mystères qu’il y renouvelle. Unissez le Sacrifice de votre cœur à celui de son Corps. Offrez-le à Dieu son Père, suppliez-le d’accepter les prières que ce cher Fils lui fait pour vous, et priez vous-mêmes pour les autres.

XXX

 

PATER NOSTER

Nous voici avec Jésus sur un nouveau Calvaire. Tenons-nous au pied de la Croix avec une tendre compassion comme Madeleine, avec un amour fidèle comme saint Jean, avec espérance de le voir un jour dans sa gloire comme les autres Disciples. Regardons-le quelquefois de loin, et pleurons nos péchés avec saint Pierre.

XXX

 

AGNUS DEI

Dieu, qui est si glorieux dans le Ciel, si puissant sur la terre, si terrible dans les enfers, n’est ici qu’un Agneau plein de douceur et de bonté. Il y vient pour effacer les péchés du monde et en particulier les vôtres. Quel motif de confiance ! Quel sujet de consolation !

XXX

 

COMMUNION

Pour communier spirituellement, renouvelez par un acte de foi le sentiment que vous avez de la présence de Jésus-Christ. Formez un acte de contrition. Excitez dans votre cœur un désir ardent de le recevoir avec le Prêtre. Priez-le qu’il agrée ce désir et qu’il s’unisse à vous en vous communiquant ses grâces.

Si vous voulez communier sacramentellement, servez-vous ici des prières avant la Communion qui sont ci-après.

XXX

 

DERNIÈRES ORAISONS

Efforcez-vous de rendre au Seigneur sacrifice pour sacrifice, en devenant la victime de son amour, en lui immolant toutes les recherches de l’amour propre, toutes les attentions du respect humain, toutes les répugnances, et toutes les inclinations qui ne s’accorderaient pas avec l’accomplissement de vos devoirs.

Vous venez, ô mon Dieu, de vous immoler pour mon salut, je veux me sacrifier pour votre gloire. Je suis votre victime, ne m’épargnez point. J’accepte de bon cœur toutes les croix qu’il vous plaira de m’envoyer. Je les bénis, je les reçois de votre main, et je les unis à la vôtre.

Je sors purifié de vos saints mystères. Je fuirai avec horreur les moindres taches de péché, surtout celui où mon penchant m’entraîne avec plus de violence. Je serai fidèle à votre foi, et je suis résolu de tout perdre et de tout souffrir plutôt que de la violer.

 

BÉNÉDICTION

Bénissez, ô mon Dieu, ces saintes résolutions ; bénissez-nous tous de la main de votre Ministre, et que les effets de votre bénédiction demeurent éternellement en nous. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. 

DERNIER ÉVANGILE

Verbe divin, Fils unique du Père, lumière du monde, venue du ciel pour nous en montrer le chemin. Ne permettez pas que je ressemble à ce peuple infidèle qui a refusé de vous reconnaître pour le Messie. Ne souffrez pas que je tombe dans le même aveuglement que ces malheureux qui ont mieux aimé devenir esclaves de Satan que d’avoir part à la glorieuse adoption d’enfants de Dieu que vous veniez leur procurer.

Verbe fait chair, je vous adore avec le respect le plus profond ; je mets toute ma confiance en vous seul, espérant fermement que puisque vous êtes mon Dieu ; et un Dieu qui s’est fait homme afin de sauver les hommes, vous m’accorderez les grâces nécessaires pour me sanctifier et vous posséder éternellement dans le Ciel. Ainsi soit-il.

Ne sortez pas de l’église sans avoir témoigné votre reconnaissance pour toutes les grâces que Dieu vous a faites dans ce Sacrifice. Conservez-en précieusement le fruit, et faites qu’on demeure convaincu en vous voyant que vous avez profité de la mort et de l’immolation d’un Dieu Sauveur.

 

3. PRIÈRES APRÈS LA SAINTE MESSE

Seigneur, je vous remercie de la grâce que vous m’avez faite en me permettant aujourd’hui d’assister au Sacrifice de la sainte Messe, préférablement à tant d’autres qui n’ont pas eu le même bonheur. Et je vous demande pardon de toutes les fautes que j’ai commises par la dissipation et la langueur où je me suis laissé aller en votre présence. Que ce Sacrifice, ô mon Dieu, me purifie pour le passé et me fortifie pour l’avenir.

Je vais présentement avec confiance aux occupations où votre volonté m’appelle. Je me souviendrai toute cette journée de la grâce que vous venez de me faire, et je tâcherai de ne laisser échapper aucune parole, aucune action, de ne former aucun désir ni aucune pensée qui me fasse perdre le fruit de la Messe que je viens d’entendre. C’est ce que je me propose, avec le secours de votre sainte grâce. Ainsi soit-il.

 

4. Pratiques pour la confession

5. Instruction pour la Communion

6. Ce qu’on doit faire pour s’exciter à une vraie dévotion avant de communier

7. Après la Communion

8. Ce qu’on doit faire après la Communion pour demeurer uni à Dieu et persévérer dans la grâce

9. Saintes résolutions qui renferment en abrégé les principes et les règles d’une vie chrétienne

10. Indulgences

11. De la dévotion envers les saintes âmes des enfants morts après le baptême

12. Prière pour honorer et invoquer les saints enfants morts dans l’innocence baptismale

13. Vêpres du Dimanche

14. Oraisons des Dimanches de l’année

 

Tables du Recueil

 

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