PARTIE I

LA VIE CHRÉTIENNE

 

1. ACTE DE CONSÉCRATON que l’on doit faire dès l’enfance

Vous m’avez créé pour vous, Seigneur. Il est juste que je me donne tout à vous : je vous consacre mon être et ma vie ; je vous offre ce que j’ai, tout ce que je suis et tout ce que je ferai ; je vous offre toutes les années ; tous les jours, et tous les moments de ma vie ; je vous offre toutes mes actions, mes peines, et mes travaux ; j’accepte déjà dès à présent toutes les croix et les afflictions qu’il vous plaira de m’envoyer.

 

Acte de consécration

J’accepte les humiliations, les adversités, les infirmités, les maladies et la mort même ; accordez-moi la grâce de les supporter avec patience et sans murmure, pour satisfaire à votre divine justice et pour expier mes péchés ; je veux souffrir les peines intérieures à l’honneur de votre agonie, et les peines corporelles à l’honneur de votre passion et votre mort ; je vous consacre mon corps et mon âme avec toutes leurs facultés ; je vous consacre mon esprit pour vous connaître, mon cœur pour vous aimer, mon entendement pour comprendre et méditer les vérités du salut, ma volonté pour vouloir ce que vous voulez, ma mémoire pour me souvenir de vous et de vos bienfaits ; je vous consacre tous mes sens et mes organes pour être autant d’instruments de bonnes œuvres et de vertus, mes yeux pour ne voir que des objets propres à m’édifier, mes oreilles pour entendre votre divine parole, ma langue et ma bouche pour bénir votre Saint Nom, ma voix pour chanter et célébrer vos louanges, mes mains pour travailler par un esprit de pénitence et de religion, mes pieds pour marcher dans la voie de vos commandements ; je vous consacre ma santé, ma réputation, mes biens et mes talents : je ne veux en faire usage que pour vous servir ; je ne veux vivre et agir qu’en vue et que pour vous ; vous serez seul, ô mon Dieu, le principe et la fin, le motif et la règle de toutes mes pensées, de toutes mes paroles, de tous mes désirs, de toutes mes actions et de tous mes sentiments ; mais comme je ne puis rien de moi-même, je vous demande le secours de votre grâce pour commencer, continuer et finir ainsi toutes mes actions d’une manière surnaturelle, avec une intention droite, en vue de vous plaire et de vous honorer, avec une affection pure, par le mouvement du Saint Esprit en union des mérites de Jésus-Christ ; je m’abandonne sans réserve à votre divine Providence. Et je prie votre sagesse adorable de disposer de moi et de tous les événements de ma vie selon son bon plaisir, pour votre plus grande gloire et le saut de mon âme. Ainsi soit-il.

 

2. SUR LES PRINCIPAUX MYSTÈRES

La connaissance des principaux mystères de notre Religion est si nécessaire que sans elle on ne peut ni être sauvé, ni recevoir dignement aucun sacrement. Il y a cependant bien des personnes qui les ignorent.

 

Acte de foi sur le mystère de la Sainte Trinité

Sainte, auguste, adorable et incompréhensible Trinité, je crois fermement que vous êtes un seul Dieu en trois personnes, Père, Fils, et Saint Esprit ; je crois que ces trois Personnes, réellement distinguées entre elles, n’ont qu’une même nature, qu’une même essence, qu’une même divinité, qu’elles ont les mêmes perfections, qu’elles ne sont qu’une même chose, une même substance et un même esprit, et par conséquent un seul et même Dieu. Je crois que le Père engendre son Fils en se connaissant, et que le Père et le Fils produisent le Saint Esprit en s’aimant. Le Fils est la pensée et l’image du Père, son Verbe, sa parole intérieure, sa sagesse qui a toujours été dans son entendement, et qui n’est qu’un esprit avec lui. Le Saint-Esprit est l’amour du Père et du Fils qui procède de la volonté du Père et du Fils comme du même principe. Voilà le premier et le plus grand de tous les mystères, qui a toujours été et qui sera toujours sans aucun changement, puisque Dieu est immuable. Je le crois, et je l’adore de tout mon cœur. J’adore les trois Personnes l’une comme l’autre, et l’une avec l’autre, puisqu’elles sont égales et inséparables. Je me consacre et me dévoue sans réserve à la gloire et à l’honneur de cet auguste mystère. Et pour m’en rappeler plus souvent le souvenir, je me propose de dire à chaque heure, " Gloire au Père, au Fils, et au Saint Esprit ".

 

Acte de foi sur le mystère de l’Incarnation

Je crois fermement que le Fils de Dieu, la seconde Personne de la Sainte Trinité, s’est fait homme pour nous, qu’il a pris un corps et une âme comme les nôtres. Je crois que Jésus-Christ est Dieu, et qu’il n’a pas toujours été homme. Je crois qu’il réunit deux natures dans sa Personne, la nature divine qu’il a reçue de toute éternité de son Père, et selon laquelle il est Dieu égal à son Père, et sa nature humaine qu’il a prise dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie, sa Mère, et selon laquelle il est homme comme nous, semblable à nous en tout, excepté le péché, l’ignorance et la concupiscence. Je crois que ces deux natures subsistent en Jésus-Christ sans mélange et sans confusion, conservant chacune leur propriété, qu’ainsi Jésus-Christ a deux entendements, deux volontés, un entendement comme Dieu, qui est l’esprit infini du Père, et un entendement comme homme, une volonté comme Dieu, une volonté comme homme. Je crois que les trois Personnes de la Sainte Trinité ont également concouru à former l’humanité de Jésus-Christ dans le sein de la Sainte Vierge, mais que le Fils seul se l’est approprié et se l’est uni à lui-même en la faisant subsister dans sa divine Personne, dont elle ne sera jamais séparée. Je crois tout cela et tout ce qu’enseigne l’Église catholique sur ce grand mystère, que j’adore avec une profonde vénération. Et pour l’honorer je dirai avec plus de dévotion que jamais l’Angélus, qui m’en rappelle le souvenir, et je ne cesserai de méditer la profondeur des abaissements et la charité immense d’un Dieu fait homme pour sauver les hommes. J’en demeurerai pénétré de la plus vive reconnaissance et du plus tendre amour, et je m’anéantirai moi-même à la vue d’un Dieu humilié et anéanti, renferma dans le sein d’une Vierge, né dans une étable, couché sur un peu de paille, vivant dans une extrême pauvreté, et mourant sur la Croix.

 

Acte de foi sur le mystère de la Rédemption

Je crois fermement que Jésus-Christ est le Sauveur du monde et le libérateur des hommes, qu’il nous a rachetés par son sang et par sa mort, qu’il a satisfait à Dieu pour nos péchés, qu’il nous a délivrés de la captivité du démon et de la damnation éternelle, qu’il nous a ouvert les portes du Ciel, qu’il nous a mérité toutes les grâces du salut, que nos péchés ne peuvent être pardonnés que par ses mérites, et que toutes les grâces qui ont été données aux hommes viennent de lui, qu’on ne peut être sauvé que par lui. Jésus-Christ est mort pour tous les hommes, mais le fruit de sa mort n’est point appliqué à tous les hommes. Ses mérites sont infinis, puisqu’il est Dieu.

Jésus, mon Sauveur, je vous rends mille actions de grâces de ce que vous avez bien voulu mourir pour une indigne créature comme moi. Je mets en vous toute ma confiance et mon espérance. Je n’attends la grâce et la gloire que par vos mérites. Je vous prie de me les appliquer abondamment. Gravez profondément dans mon cœur le souvenir de votre passion. Pour honorer ce mystère, 1/ j’entendrai la Messe et je communierai en mémoire de votre mort ; 2/ je souffrirai tout en union de vos souffrances, je m’attacherai avec vous à la Croix, compatissant à vos douleurs et vous offrant les sentiments de compassion et d’amour qu’avaient la Sainte Vierge, saint Jean l’Evangéliste, sainte Madeleine aux pieds de votre Croix, et tous les autres saints qui ont eu le plus de dévotion envers votre passion ; 3/ je pratiquerai tous les vendredis quelques mortifications particulières.

 

3. SUR LES PERFECTIONS DE DIEU

Mon Dieu, vous êtes infini en perfections, et toues vos perfections sont sans bornes. Vous êtes éternel ; vous existez avant tous les siècles. Vous êtes immense ; vous remplissez tout l’univers de votre présence. Vous êtes plus élevé que les cieux, plus étendu que les extrémités de la terre, et plus profond que les enfers. Vous renfermez tout en vous-même. Vous êtes infiniment éclairé, vous savez tout ; le passé, le présent, et l’avenir sont toujours présents à vos yeux ; vous pénétrez jusques dans les replis les plus cachés de nos cœurs. Vous êtes infiniment sage, vous pourvoyez à tout, vous gouvernez tout avec un ordre admirable. Vous êtes infiniment grand ; tous les rois de la terre ne sont devant vous qu’une poussière. Vous êtes infiniment puissant, vous n’avez qu’à parler, vous n’avez qu’à vouloir ; le néant même obéira à votre volonté. Vous êtes infiniment bon ; vous nous comblez de toutes sortes de faveurs, et vous vous donnez vous-mêmes tout à nous. Vous êtes infiniment miséricordieux ; il n’est point de si grand pécheur qui ne puisse espérer le pardon de ses péchés, s’il se convertit sincèrement. Mais aussi vous êtes infiniment juste envers ceux qui persévèrent et qui meurent dans leurs désordres. Vous êtes infiniment libéral dans vos récompenses, puisque vous accordez une éternité de gloire à un verre d’eau donné en votre nom. Vous êtes infiniment terrible dans vos châtiments, puisque vous punissez un péché d’un moment par une éternité de supplices. Vous êtes infiniment saint ; vous approuvez le bien et détestez le mal ; vous aimez la vertu et vous haïssez le vice. Vous êtes infiniment patient ; vous supportez tous les outrages qui se font tous les jours contre votre Majesté. Vous êtes immuable, toujours le même sans la moindre vicissitude. Vous êtes incompréhensible ; la grandeur et l’excellence de votre être surpassent infiniment la portée de l’esprit humain ; il n’y a que vous seul qui puissiez vous connaître et comprendre toute l’étendue de vos divines perfections.

 

Manière d’honorer les perfections de Dieu en général et en particulier

Seigneur, Dieu des vertus, que vous êtes aimable et admirable dans vos perfections ! Je vous aime, je vous adore, je vous loue, je vous bénis, je vous glorifie dans toutes vos divines perfections. Mon Dieu, que ne puis-je honorer dignement toutes ces saintes et adorables perfections ! Du moins, mon Dieu, je veux désormais avec le secours de votre grâce m’appliquer à les connaître, à les considérer, à les méditer, à les aimer de tout mon pouvoir. Je veux honorer votre grandeur et votre Majesté suprême, en m’humiliant et en l’adorant ; votre immensité en conservant un sentiment continuel de votre présence, votre bonté en l’aimant, votre justice en la craignant et en lui satisfaisant par la pénitence, votre miséricorde en m’y confiant, votre sainteté en pratiquant le bien et en fuyant le mal, votre autorité et votre puissance en m’y soumettant, votre sagesse et votre providence en m’y abandonnant, votre volonté en m’y conformant, votre patience en l’imitant par le support des défauts de mon prochain et des peines de cette vie. Je veux que toutes les facultés de mon corps, toutes les puissances de mon âme soient toutes consacrées à bénir et loue sans cesse toutes vos adorables perfections.

 

4. Pratique pour suppléer aux défauts de notre culte envers Dieu, et à l’insuffisance de nos pénitences

5. Sur la grâce

6. Zèle des fidèles pour l’Église

7. De la conformité à la volonté de Dieu

8. Sur la Providence

9. De la vie intérieure

 

Tables du Recueil

 

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