CE QU’IL FAUT FAIRE POUR ÊTRE SAUVÉ

QUAND ON EST EN DANGER DE MOURIR SANS CONFESSION

 

Une personne qui est en état de péché mortel peut obtenir la rémission de ses péchés par le moyen de la confession et de l’absolution avec une contrition imparfaite, ou par la contrition parfaite avec un désir du sacrement lorsqu’on ne peut pas le recevoir. Ainsi l’unique moyen qui reste maintenant aux fidèles catholiques qui sont coupables de péché mortel et qui n’ont point de prêtre pour se confesser, c’est de s’exciter à la contrition parfaite. Cette doctrine est celle de l’Église universelle enseignée par le concile de Trente, qui dit expressément que la contrition qui est la charité (c’est-à-dire l’amour de Dieu pour lui-même) rend parfait, justifie le pécheur avant de recevoir le sacrement de pénitence, pourvu cependant qu’elle renferme un désir de recevoir le sacrement, c’est-à-dire une volonté sincère de se confesser, de recevoir l’absolution, et de satisfaire à Dieu et au prochain. Voici donc ce que doivent faire ceux qui se sentent coupables de péché mortel et qui ne peuvent pas avoir de confesseur catholique :

1° Savoir les principaux mystères de la foi : croire qu’il y a trois Personnes en Dieu, le Père, qui a engendré sont Fils de toute éternité en se connaissant ; le Fils, engendré du Père par voie d’entendement; le Saint-Esprit procédant de toute éternité de la volonté du Père et du Fils par voie d’amour ; que ces trois Personnes ne sont qu’un seul et même Dieu, qui a tout créé et qui gouverne tout, qui récompense éternellement les bons et punit les méchants.

2° Savoir et croire le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption, c’est-à-dire que la deuxième Personne de la Trinité, qui est le Fils, s’est fait homme pour nous en prenant la nature humaine ; qu’il est Dieu et homme ; qu’il est notre Sauveur, notre Rédempteur; que nous ne pouvons recevoir la rédemption de nos péchés ni aucune grâce qu’en son nom et par ses mérites ; qu’en conséquence nous devons mettre notre confiance dans les mérites infinis de sa mort et de sa passion.

3° Savoir et croire qu’il n’y a qu’une véritable religion hors laquelle il n’y a point de salut, et que cette véritable religion est celle de l’Église catholique, apostolique et romaine ; qu’ainsi il faut renoncer à toutes les sectes que l’Église catholique, c’est-à-dire le pape et les évêques catholiques, condamnent, notamment la Constitution dans ce qu’elle a de contraire à la foi catholique; et qu’on croie tout ce qu’elle enseigne, prêt à donner sa vie pour la défense de la foi catholique, et de souffrir tous les tourments plutôt que de tomber dans le schisme.

4° Haïr, détester et renoncer à tout péché mortel, disposé plutôt mourir que d’en commettre un seul. Il faut avec le secours de la grâce s’exciter à la contrition parfaite en produisant de toutes ses forces, avec toute l’attention et l’affection possible, un acte d’amour souverain, un acte d’amour de préférence, par lequel on aime Dieu sur toutes choses pour lui-même. Car si on n’aimait Dieu que pour soi-même comme notre bonheur et notre félicité, et non pas pour lui-même, pour sa gloire, parce qu’il est infiniment bon et aimable en soi-même, ce ne serait pas la charité parfaite. Ainsi cet acte de contrition et d’amour ne pourrait nous justifier sans les sacrements. Mais le parfait amour de Dieu ou la charité parfaite, c’est quand on aime Dieu souverainement, plus que toutes choses et plus que soi-même, plus que ses biens, plus que sa santé, sa réputation, plus que sa vie même, étant disposé à la sacrifier et à mourir et souffrir le martyre pour la gloire de Dieu, pour les intérêts de Dieu, pour l’amour de Dieu. Oui, un seul acte d’amour de Dieu parfait, inspiré par le Saint-Esprit et animé de la grâce, suffit pour effacer tous les péchés mortels et recouvrer la grâce sanctifiante, qui nous justifie aux yeux de Dieu et par laquelle nous devenons ses enfants et ses héritiers.

Voilà donc encore un moyen que les fidèles catholiques destitués de prêtres ont pour avoir le pardon de leurs péchés et pour se réconcilier avec Dieu, rentrer dans sa grâce, et faire une bonne mort dans les circonstances présentes. Et ils sont obligés par la loi naturelle et divine de recourir à ce moyen en faisant cet acte d’amour le plus parfaitement qu’il leur est possible avec le secours de la grâce. Voilà ce que les personnes instruites doivent apprendre à celles qui ne le sont pas. Voilà à présent comme on doit assister les mourants à faire une bonne mort sans confession, en leur faisant produire des actes de foi, d’espérance, de charité, de contrition parfaite. Il faut remarquer que c’est le motif qui fait et spécifie essentiellement les vertus. La vérité, l’infaillibilité de Dieu est le motif de la foi ; la miséricorde de Dieu et les mérites de Jésus-Christ sont le motif de l’espérance ; et la bonté de Dieu absolue, en elle-même, son amabilité, ses perfections, sont le motif de la charité. De sorte que, si une personne n’aimait Dieu que parce qu’il est notre bonheur et notre récompense, ce serait plutôt un acte d’espérance qu’un acte de charité. Et cet acte pourrait tout au plus le justifier avec la confession et l’absolution. Mais pour le pardon d’un péché mortel sans confession, il faut aimer Dieu souverainement, et cela pour lui-même ; et ce n’est point assez de faire un acte de la bouche, il faut être touché et pénétré surtout des motifs de ces vertus.

 

Modèle d’un acte de contrition et charité parfaite

capable de nous justifier au défaut du sacrement

[Ces deux actes annoncés sont précédés dans le MS par les actes de foi et d’espérance.]

 

Acte de foi

Mon Dieu, je crois fermement tout ce que vous avez révélé et tout ce que l’Église nous propose de croire, surtout les mystères de la Trinité, de l’Incarnation et de la Rédemption. Je crois qu’il n’y a qu’une seule Église où l’on puisse être sauvé, et cette véritable Église est l’Église catholique, apostolique et romaine, dans laquelle je veux vivre et mourir. Je condamne toutes les sectes, les hérésies, que l’Église catholique condamne, notamment celle de la Constitution. Je déteste le schisme qu’elle a occasionné. J’adhère au pape actuel Pie VI et aux anciens et légitimes évêques. [Ici le MS ouvre la parenthèse suivante : (Tout ceci a été écrit avant le concordat et l’élection de Pie VII, qu’il aurait également reconnu). Cette remarque n’est évidemment pas de Moye ; elle est vraisemblablement du chanoine Raulin. Pie VII était élu évêque de Rome le 14 mars 1801, et le concordat signé avec Napoléon le 15 août 1801.] Et j’aime mieux souffrir toutes sortes de persécutions que de reconnaître les intrus pour légitimes pasteurs.

 

Acte d’espérance

Mon Dieu, j’espère en vos promesses, j’espère en votre miséricorde infinie, j’espère dans les mérites, la mort et la passion de Jésus-Christ mon Sauveur, j’espère le pardon de mes péchés, j’espère toutes les grâces du salut en ce monde et la vie éternelle en l’autre.

 

Acte de contrition parfaite

Mon Dieu, je déteste et j’abhorre tous mes péchés, je les quitte, je les renonce pour toujours parce qu’ils vous déplaisent, parce qu’ils offensent votre majesté infinie, parce qu’ils ont été la cause des souffrances et des douleurs de Jésus-Christ mon Sauveur; je me propose, moyennant votre grâce, de les éviter à l’avenir, les expier par une sincère pénitence, en offrant pour satisfaire à votre justice le sang, la mort et les souffrances de Jésus expirant sur la Croix ; je voudrais sincèrement les confesser. Mais comme je ne le puis, faute de confesseur, je vous prie de me les pardonner par un effet de votre miséricorde, en m’inspirant pour cela une contrition et une charité parfaite.

 

Acte d’amour

Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces, pour vous-même, parce que vous êtes infiniment bon et aimable. Je vous aime d’un amour souverain plus que toutes choses et plus que moi-même, plus que mes biens, mes parents, plus que l’univers entier. Je vous préfère à toutes les créatures; je suis prêt à tout quitter, à tout sacrifier, à tout souffrir, les persécutions, les tourments, et le martyre même toutes les fois qu’il le faudra pour l’amour de vous, pour votre plus grande gloire, pour les intérêts de Jésus-Christ et de son Église.

Mettez, Seigneur, par l’infusion du Saint-Esprit et par la force et l’efficacité de votre grâce tous ces sentiments dans mon cœur. Donnez-moi la foi, l’espérance, la contrition, et la charité parfaite. Je renonce à tout ce qui vous déplaît. Je veux tout ce que vous voulez. Je veux vivre dans le sein de l’Église Catholique Apostolique et Romaine, dans votre grâce et votre amour. Ainsi-soit-il.

 

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