Causerie VIII

 

CONDUITE AVEC LES ENFANTS

 

Il faut éviter les longs discours, car les enfants ne sont pas capables d’une longue attention soutenue. Il faut leur faire beaucoup d’interrogations, leur expliquer chaque mot, et leur donner des réponses courtes et précises, par définitions et divisions. Il faut beaucoup s’étendre sur les mystères, sur le symbole, sur les actes de foi, d’espérance et de charité. Mais surtout, après les avoir instruits sur une vérité, il faut la leur faire pratiquer tout de suite. Par exemple, si on a parlé du mystère de la Sainte Trinité, il faut après le catéchisme les faire mettre à genoux et leur faire faire des actes relatifs au mystère :

Acte de foi

Mon Dieu, nous croyons le mystère de la Sainte Trinité, nous croyons et nous adorons un Dieu en trois Personnes, Père, Fils, et Saint-Esprit ; nous croyons que la première Personne est Père parce qu’elle engendre son Fils de toute éternité, etc. Mon Dieu, nous vous remercions de nous avoir révélé ce grand mystère ; nous nous consacrons sans réserve aux trois Personnes de la Sainte Trinité ; tout ce que nous ferons dans notre vie nous voulons le faire à l’honneur du mystère de la Sainte Trinité ; nous dirons souvent avec l’Église : Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit.

On fera de même quand on aura parlé du mystère de l’Incarnation. On leur fera produire des actes de foi, de confiance, de remerciement, d’amour, de dévouement envers Jésus-Christ. Quand on aura parlé d’un vice ou d’une vertu, on les portera à détester l’un et à aimer et demander la vertu.

Si on a expliqué les commandements, on leur fera demander pardon de tous les péchés commis contre tel et tel commandement, et la grâce de l’accomplir à l’avenir. Il faut apprendre aux enfants quantités de pratiques pour les former à une vie chrétienne, les porter surtout à l’amour souverain pour Dieu et à un amour surnaturel pour le prochain, leur apprendre des prières jaculatoires pendant la journée, comme à chaque heure, et leur faire voir comme il faut employer le temps, leur persuader qu’ils sont nés non pour le plaisir mais pour souffrir. Il faut souvent leur faire pratiquer les actes de religion auxquels ils sont obligés, tout petits qu’ils soient, en les mettant à leur portée. Par exemple :

" Qui est-ce que vous aimez le plus ? ".

" C’est le bon Dieu ".

" L’aimez-vous plus que votre père ? que votre mère ? plus que vous-mêmes ? Pourquoi l’aimez-vous ? Est-ce pour lui ou pour vous ? Seriez-vous prêts à mourir pour lui ? Donneriez-vous votre vie pour sa gloire ? À qui donnez-vous votre cœur ? Pour qui ferez-vous tout ce que vous ferez dans votre vie ? Par qui espérez-vous être sauvés ? Quelle grâce demandez-vous à Dieu ? ".

On leur fera demander à genoux la grâce d’aimer Dieu sur toutes choses, la grâce de bien passer leur jeunesse, de ne jamais commettre de péché mortel, etc., de ne jamais tomber dans l’impureté, de croître tous les jours en sagesse et en piété à l’exemple de l’Enfant Jésus. Quand les enfants viennent pour se confesser, il faut s’appliquer davantage à leur faire pratiquer tous ces actes et à leur inspirer tous ces sentiments qu’à leur faire déclarer leurs péchés, surtout quand ils ne sont pas en état de recevoir l’absolution.

 

Si on doit leur donner l’absolution

Les bons prêtres sont partagés sur cette question. Les uns disent qu’il est dangereux de la leur donner, parce qu’ils cachent presque toujours des péchés et qu’ils n’ont point de contrition. D’autres prétendent qu’il est absurde de laisser ces pauvres enfants croupir dans l’état de péché mortel jusqu’à leur première communion, d’autant plus qu’il y en a plusieurs qui meurent subitement. C’est donc les exposer à mourir en état de péché mortel que de leur refuser l’absolution.

Prenons le milieu :

1° Il faut donner l’absolution aux enfants bien instruits, qui donnent de grandes marques de sincérité en avouant franchement tous les péchés d’impureté. Car s’ils ne disent rien sur cet objet, il faut craindre qu’ils ne cachent. Tous n’ont pas commis de grands péchés, mais ceux qui sont sincères disent toujours quelque chose sur cet objet, qui marque leur candeur.

2° Il faut qu’on voie en eux des marques de grâce, de religion, de surnaturel. Car cela se trouve dans les enfants d’un âge fort tendre : Prævenisti eum in benedictionibus (Ps 20, 4). Il faut, quand on voit cette sincérité et les opérations de la grâce leur faire confesser les plus grands péchés mortels, moralement, et leur donner l’absolution. Pour les autres, il faut attendre qu’ils soient instruits et mieux préparés. Si les enfants tergiversent dans leurs réponses, c’est marque qu’ils ne sont pas sincères, ainsi que les filles, et il ne faut pas leur donner l’absolution.

Il faut donner au moins l’extrême-onction aux enfants de 4 à 5 ans et prier pour eux après leur mort, car il est probable qu’ils ont commis au moins des péchés véniels. À quel âge doit-on leur donner le viatique ? On ne peut rien décider là-dessus. Cela dépend des dispositions, de l’éducation. Je l’ai donné à un enfant de 7 ans, et je ne le donnerais pas toujours à des enfants de 12 ans, s’ils ne sont pas instruits ou disposés, et qu’on ne puisse faire l’un et l’autre.

 

Tables des Marques de vocation

 

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