Neuvième lettre de Chine aux surs
Du 28 avril 1779, en Chine
Mes chères surs,
J'apprends avec consolation que le nombre de vos écoles se multiplie. J'en bénis le Seigneur, je lui en rends grâces et lui en rapporte toute la gloire, car c'est son uvre et non la mienne. Je remercie aussi bien sincèrement toutes les personnes qui vous placent ; je les regarde comme nos bienfaiteurs, pour qui nous sommes obligés de prier. Que Dieu les récompense au centuple dans ce monde et dans l'autre ! Mais plus Dieu nous bénira, plus nous devons nous humilier, comme un arbre dont les branches s'abaissent d'autant plus qu'elles sont chargées de plus de fruits. Notre nature corrompue, toujours portée au relâchement, a besoin d'être souvent rectifiée, reformée, et nos résolutions qui s'affaiblissent si vite ont aussi besoin d'être souvent ranimées. Renouvelez-vous donc, comme dit saint Paul
[Ep 4, 23], " dans votre premier esprit ", chaque année, chaque mois, chaque jour ; sans cela les passions renaîtront, l'esprit du monde, l'esprit d'intérêt, l'esprit de vanité, revivra en vous et vous pervertira.Tant que nous sommes dans ce monde, dit l'IMITATION, nous devons être toujours sur nos gardes, veiller et prier, étant environnés d'ennemis intérieurs et extérieurs. Nos ennemis extérieurs, ce sont le démon et le monde. Nos ennemis intérieurs, ce sont nos passions, qui, après avoir été mortifiées cent fois, renaissent toujours, pour être, ou le sujet d'un continuel combat, une occasion de victoires et de mérites, si nous sommes fidèles à les contrarier, ou un sujet de damnation, si nous avons le malheur de nous y livrer. Mon Dieu, que cette vie mortelle est pleine de pièges ! que de dangers, que d'illusions à craindre. Humiliez-vous sincèrement et confiez-vous en Dieu. Renoncez et mourez à vous-mêmes ; désirez sincèrement la gloire de Dieu ; ne cherchez que l'accomplissement de sa divine volonté. Alors, Dieu vous protègera, Dieu vous conservera, ou si vous tombez en quelques pièges, il vous en retirera.
Surtout, persévérez ; n'aimez pas le changement ; soyez fidèles dans vos résolutions jusqu'à la mort. Ne désirez pas d'être ni ici ni là, mais allez sans choix où la Providence vous placera, et demeurez-y tranquillement tant qu'elle vous y laissera. Le changement des lieux est peu de chose, et il nuit souvent beaucoup. Tout dépend de la bonne disposition du cur. Un cur bien réglé, bien purifié, se plaît partout, parce qu'il porte partout, avec son Sauveur Jésus, son consolateur, son appui, son trésor, son tout. Un cur passionné n'est tranquille nulle part, parce que les passions différentes dont il est dominé, le troublent, l'agitent et lui causent mille inquiétudes, mille désirs déréglés. L'IMITATION dit tout cela ; lisez bien ce livre, vous y trouverez tout ce qu'il faut.
Après tout, nous ne sommes que des pèlerins, notre patrie est le ciel. Nous devons donc ne nous attacher à rien, et regarder tout en passant, comme des voyageurs, soupirant sans cesse après le bonheur du ciel. N'oubliez pas ces paroles de Notre-Seigneur : Cherchez premièrement le royaume du ciel, et tout le reste vous sera ajouté comme par surcroît. Ne vous inquiétez pas pour les choses nécessaires à la vie ; ne dites pas comme les païens : que mangerons-nous ? de quoi nous vêtirons-nous ? Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses. Cela doit vous suffire. Comptez absolument sur ses soins paternels. Il vous regarde, il vous aime comme ses enfants ; il ne vous laissera manquer de rien, sinon quelquefois pour vous éprouver, vous faire pratiquer la vertu de pauvreté, à l'exemple de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère.
Ne désirez donc ni fondations, ni pensions ; si on vous en donne, prenez-les avec reconnaissance, mais sans attachement, sans faire la moindre chose pour vous les procurer. J'ai écrit à MM. Raulin et Demange mes intentions là-dessus. Ne vous inquiétez de rien pour lavenir.
Après avoir pris sur ce qu'on vous donne pour votre pauvre subsistance de chaque année, distribuez le reste aux pauvres, afin de vous conserver dans la confiance et l'abandon à Dieu. Donnez à des pauvres de l'endroit plutôt qu'à vos parents, de peur que la chair et le sang ne soient le principe de votre aumône, plus que la vraie charité. À cette condition Dieu aura soin de vos parents. Je dis ceci, non pas pour nuire à la vraie piété qui doit nous faire prendre soin de nos proches, mais pour prévenir les abus de l'avarice, de l'amour trop naturel, et obvier la prudence de la chair qui veut des amas de provisions, afin de s'y appuyer, de s'y confier, et d'y attacher son cur comme à son trésor. Pour si peu de temps que nous sommes en ce monde, est-ce la peine de prendre tant de soins pour un avenir si court et si incertain. Soyez sûres que plus vous vous abandonnerez à Dieu, sans inquiétude, plus il prendra soin de vous pour le corps et pour lâme, et plus vous vous inquiéterez plus il vous manquera, parce que Dieu, offensé de votre peu de confiance en lui, vous abandonnera à votre fausse prudence, et répandra sa malédiction sur vos provisions. Ces inquiétudes pour l'avenir sont un piège du démon, pour nous distraire dans nos prières, nous dégoûter de notre état et nous empêcher de nous acquitter de nos devoirs. Mais quand le démon nous tend un piège, il le cache sous de belles apparences. La nature surprend bien des gens et les entraîne dans le précipice, sans qu'ils s'en aperçoivent.
Encore une fois, que d'illusions en ce monde ! Que de tentations ! Que de dangers ! Demandons bien, d'un commun accord, vous et moi, par l'intercession de la sainte Vierge, des Anges et de tous les Saints, que le Seigneur veuille bien préserver à jamais toutes les Surs qui sont et qui seront dans la suite, appliquées à cette sainte uvre, des dangers et des illusions auxquels elles seront exposées, tant de la part du démon, que de la part du monde ou de la nature corrompue. Prions Dieu quil veuille en tout les éclairer, les diriger dans tous leurs doutes, embarras et incertitudes, pour leur faire prendre un parti conforme à sa sainte volonté et avantageux pour leur salut ; qu'il tourne tout ce qui pourra leur arriver à sa plus grande gloire et à leur profit spirituel ; que Notre-Seigneur et sa sainte Mère soient en tout et partout leur confiance, leur appui, leurs protecteurs, leur consolation, leur paix, leur trésor, leur partage, leur amour, leur désir, leur force, leur soutien, leur lumière, leur récompense, leur bonheur en ce monde et en l'autre. Voilà ce que je demanderai à Dieu pour vous demain à la Messe, en la disant à votre intention.
J'ai la coutume d'adorer tous les jours trois fois les cinq Plaies de Notre-Seigneur, et chaque fois je vous recommande à la Plaie de la main droite. Oh ! que vous êtes bien entre les mains de Notre-Seigneur ! Qu'il vous protège, qu'il vous dirige, qu'il vous conduise par ses voies. Demeurez entre les mains de Notre-Seigneur, à la vie et à la mort. Qu'il serait dangereux et malheureux pour vous de vous retirer de ses mains, pour vous conduire vous-mêmes ! Vous vous perdriez sûrement. Ainsi laissez-vous conduire par Notre-Seigneur, sa sainte Mère, les Anges et les Saints ; qu'ils soient vos guides, vos directeurs dans la voie du salut, dans le chemin de la perfection, c'est-à-dire dans la voie de la croix qui vous conduira au ciel.
Entre plusieurs paroles édifiantes que Notre-Seigneur dit à un de ses serviteurs qui vit encore, j'ai retenu celle-ci : Si vous saviez que votre âme est bien entre mes mains ! Oh ! si vous saviez qu'elle y est bien ! C'est dans cette confiance que je vous remets trois fois par jour, au moins, entre les mains de Notre-Seigneur ou de sa sainte Mère. Soyez persuadées que vous ne pouvez être mieux nulle part ailleurs. Demeurez donc tranquillement entre les mains de Jésus et de Marie ! jetez toutes vos inquiétudes dans le sein de la divine Providence. Étant dans de grandes tentations, il y en a de bien fortes, je ne me suis jamais mieux trouvé d'aucun secours que de cette prière : Jésus, Marie, venez à mon secours, avec tous vos Anges et vos Saints ! À l'instant je recevais un secours sensible. Je conserve cette pratique en toute rencontre, et je m'en trouve merveilleusement bien. Faites de même, par exemple, lorsque vous allez tenir l'école.
29 avril
Je viens de dire la Messe pour vous, et j'ai dirigé toutes mes pauvres prières à votre intention. J'ai offert, ainsi que vous devez le faire souvent, les mérites de la sainte enfance de Jésus et de Marie pour obtenir à vos enfants le progrès dans la vertu. Voici encore quelques pensées qui me sont venues au pied des autels.
Gardez-vous bien de vous imaginer que vous soyez quelque chose. Soyez persuadées que vous et moi nous sommes très imparfaits, infectés de toutes sortes de vices, pleins de corruption et de misères. Humiliez-vous donc, aimez à connaître vos défauts, à reconnaître vos torts. Si on vous fait quelque reproche ou correction, ne vous justifiez sur rien, car nous avons tort en tout. Dans le bien même que nous faisons, il y a toujours des défauts et des imperfections qui méritent répréhension. Ne vous mêlez point de ce qui ne vous regarde pas. Quand vous lisez ou priez en public, prenez un ton édifiant qui puisse porter la componction et la dévotion dans les curs de ceux qui vous entendent. Ne cherchez jamais à paraître, à être louées, estimées, admirées ; c'est cet orgueil, cet amour-propre qui est la perte de tout bien, qui gâte et corrompt toutes les uvres où il entre. Quand vous chantez, n'affectez pas un ton éclatant, mais plutôt un ton pénétré et édifiant. Représentez-vous le ciel ouvert ; unissez-vous aux Anges qui, pleins de respect devant le trône de la Majesté divine, chantent sans cesse ses louanges. Dans les peines, les croix, les critiques, les contradictions, la première chose que je vous recommande c'est le silence et la paix du cur. Ensuite, levez les yeux au ciel, et persuadez-vous que cette tribulation vient de Dieu, comme disait Notre-Seigneur à Pilate : " Vous n'auriez aucun pouvoir sur moi, s'il ne vous était donné d'en haut "
[Jn 19, 11]. Priez que Dieu vous éclaire par des lumières surnaturelles, pour connaître les desseins de sa Providence en cela et en tout ; tâchez d'y répondre et de tirer votre avantage de ce qui vous arrive et de tout ce qui peut vous arriver de bien ou de mal. Évitez les paroles inutiles, encore plus la médisance et les entretiens sur le compte du prochain ; ne souffrez pas qu'on vous parle de ses défauts. Aimez le silence et la retraite ; soyez toujours unies à Dieu ; entretenez-vous toujours avec Notre-Seigneur, sa sainte Mère et les Saints. N'entreprenez rien, ne faites rien que vous ne l'ayez bien examiné, pesé devant Dieu ; renoncez aux motifs humains qui pourraient vous y porter. Dirigez vos intentions et purifiez vos affections, afin que tout ce que vous faites, tout ce que vous dites, tout ce que vous pensez, soit fait, dit ou pensé en Dieu et pour Dieu, par Jésus-Christ, avec Jésus-Christ, par le mouvement de la grâce, le motif de la gloire de Dieu ou de l'amour du prochain.Veillez sur tous les mouvements de votre cur, afin qu'il n'y ait en vous aucun sentiment de rancune, de vengeance, d'humeur, d'indignation contre personne, mais que toujours votre cur soit plein de paix, de charité, de bienveillance pour tout le monde, même pour vos ennemis et vos contradicteurs. Ne souffrez jamais en vous le moindre sentiment de hauteur, d'orgueil, de complaisance dans l'estime des hommes, ou en vous-mêmes, ou en ce que vous faites ; mais tenez-vous toujours dans les sentiments de la plus profonde humilité, vous mettant au-dessous de tout le monde, même des plus grands pécheurs. Nous nous plaignons quelquefois de nos ennemis et de nos peines ; nous avons grand tort ; notre plus grand ennemi, c'est nous-mêmes et notre amour-propre, ce sont nos passions. Personne ne nous peut nuire, si nous nous renonçons nous-mêmes et mettons notre confiance en Dieu. Nos ennemis nous sont très utiles ; Dieu s'en sert pour nous purifier, nous corriger, nous faire pratiquer la plus parfaite charité, laquelle consiste dans l'amour des ennemis et la patience à souffrir ; tandis que l'amour de nous-mêmes nous séduit, nous aveugle et nous porte à toutes sortes de péchés. L'IMITATION dit tout cela. Lisez-la bien, méditez-la, pratiquez-la. Que ce livre divin soit votre consolation et votre conseil dans toutes les peines et les embarras de cette vie. Aimez-vous les unes les autres comme de vraies surs ; parmi vous qu'il n'y ait jamais le moindre sentiment d'envie, de jalousie ; point de critiques, de murmures ou de mécontentement ; mais que l'union, la paix, la concorde, Ia joie intérieure, la charité fraternelle règnent à jamais entre vous toutes ! Priez et faites prier vos enfants pour moi, pauvre pécheur, afin que je remplisse saintement le reste de ma carrière qui, je pense, ne sera pas bien longue ; que ce que j'ai encore de temps à vivre sur la terre, soit tout employé à procurer la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes, et à faire uniquement la volonté de Dieu, quelle qu'elle soit ; que nous soyons à Dieu, à la vie et à la mort, dans le temps et l'éternité.
Employez si bien les moments de la journée que vos jours soient des jours pleins, pleins de bonnes uvres et de mérites. Quand vous allez vous coucher, dirigez votre intention de telle sorte, qu'autant de fois vous respirerez pendant la nuit, autant de fois vous entendiez louer, bénir, adorer, remercier Dieu, et faire autant d'actes de ces vertus que vous ferez de respirations. Unissez-vous à Dieu en vous couchant ; remplissez votre cur de saintes pensées, de saintes affections, afin que pendant le sommeil même, vous vous entreteniez avec Notre-Seigneur, sa sainte Mère, les Anges et les Saints, à l'exemple de l'épouse des Cantiques, qui dit : " Je dors, mais mon cur veille ". Enseignez toutes ces pratiques à vos enfants et aux autres personnes avec qui vous conversez. Au lieu de parler de choses inutiles, faites bien vite tomber la conversation sur les pratiques de piété, sur la manière de bien faire ses actions ; dans quelle intention il faut agir en tout ; comment il faut passer le temps utilement, ce qu'il faut faire en telle et telle circonstance, en allant, en sortant, au travail, en se mettant en chemin ; comment il faut prétendre et convenir avec soi-même, quautant de pas on fera, autant de louanges, d'adorations, de bénédictions on désire rendre à Dieu.
Mais pratiquez tout cela vous-mêmes, ainsi que toutes sortes de bonnes uvres ; après quoi, enseignez les autres, à l'exemple de Jésus-Christ, qui a commencé par faire, et ensuite a enseigné. Soyez partout, par vos bons exemples et vos discours édifiants, la bonne odeur de Jésus-Christ. Si vous ne pratiquez pas vous-mêmes ce que vous enseignez aux autres, vos exhortations seront vaines et stériles, sans fruits, sans effets ; elles ne serviront qu'à flatter l'amour-propre de celle qui parle et la curiosité de celle qui l'écoute.
Comme tout bien vient de Dieu, que tout dépend de Dieu et de sa grâce, n'entreprenez rien que vous ne lui ayez auparavant demandé sa bénédiction. Implorez sans cesse la bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; la bénédiction du Saint-Sacrement ; la bénédiction du Sacré-Cur et de la sainte Âme de Jésus ; la bénédiction de ses Plaies adorables ; la bénédiction de sa sainte Face, de sa Main droite ; la bénédiction de son précieux Sang ; la bénédiction de ses larmes, de ses travaux, de ses jeûnes, de ses prières, de tous les mérites de sa Sainte-Enfance sur vous et sur vos enfants, de toute sa vie cachée et publique, de sa Passion et de sa Mort ; la bénédiction de la sainte Vierge, de tous les Anges et de tous les Saints, sur vous et sur vos écoles, sur vos curs, sur vos âmes, sur votre vie, sur votre mort, sur vos entreprises, sur vos peines, sur vos instructions, sur vos démarches, sur tout, en un mot, attendant tout de Dieu, de la protection de la sainte Vierge, des Anges et des Saints, et rien de vous-mêmes. Ce sont là des pratiques d'une utilité infinie ; vous le verrez par expérience, si vous les observez fidèlement.
Tenez-vous toujours dans un grand éloignement de l'esprit du monde, qui est un esprit d'orgueil, de vanité, d'intérêt, de ténèbres, d'aveuglement, d'attache à soi-même, de sensualité, etc. ; et demandez souvent que Notre-Seigneur vous remplisse de son esprit, qui est un esprit de simplicité, de pauvreté, d'humilité, de charité, de sainteté, de détachement de tout et de soi-même. Demandez qu'il vous donne la vraie sagesse, pour bien voir le néant de toutes les choses du monde, et la grandeur, l'excellence des choses de Dieu, et que cette sagesse surnaturelle et divine vous conduise dans toutes vos démarches et entreprises. En arrivant dans un endroit, pour y établir ou y conduire une école, ou pour faire toute autre bonne uvre, mettez-vous comme un roseau, comme un vil instrument entre les mains de Notre-Seigneur, afin qu'il fasse de vous tout ce qu'il voudra. Demandez d'abord que vos péchés ne mettent point d'obstacles à son uvre. Ce sont là mes pratiques.
Mettez vos enfants et vous-mêmes souvent entre les mains de la sainte Vierge, en la priant de les présenter, de les offrir et consacrer à Dieu, avec son divin Fils Jésus. Honorez, respectez leurs bons anges qui vous environnent. Ouvrez les yeux de la foi. et vous verrez que votre école est un petit paradis, où habitent, au moins en esprit, par la grâce de leur protection, le saint Enfant Jésus, Chef et Sauveur des enfants, la sainte Vierge, mère de Jésus et de tous les enfants baptisés qui sont ses frères, et les Anges à qui Dieu les a confiés. Ainsi vos écoles doivent vous être plus chères, plus estimables, plus vénérables que les palais des rois.
Vous devez, dans votre état, avoir en vue : 1° la plus grande gloire de Dieu ; 2° l'instruction de la jeunesse ; 3° l'édification du prochain ; 4° votre propre sanctification, parce que cet état vous retire heureusement des vanités, des embarras, des affections du monde, et vous met à même de pratiquer toutes sortes de vertus. Les pensions et les fondations sont bien peu de chose pour des âmes détachées et désintéressées, tout abandonnées aux dispositions de la divine Providence, amantes de la croix et de la pauvreté, comme il faut que vous soyez toutes.
Saint Paul a dit qu'il regardait tous les avantages temporels " comme une perte et comme de l'ordure "
[Ph 3, 8]. Cependant, en attendant que nous connaissions mieux les desseins de Dieu, je suis d'avis de ne forcer personne à s'engager à renoncer aux fondations et pensions, encore moins à quitter un poste où on établirait une fondation ou une pension. Mais s'il y en a parmi vous qui, poussées par le désir d'une plus grande perfection et d'un plus grand abandon à la Providence, veuillent d'elles-mêmes faire cette promesse, après un mûr examen et de l'avis de leur directeur, qu'elles la fassent, sans mépriser celles qui ne font pas cette protestation.Que Notre-Seigneur et sa sainte Mère vous enrichissent de leurs mérites et couvrent vos défauts de leurs vertus !
Votre très humble serviteur,
Moye, le dernier et le plus indigne de tous les Missionnaires
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