Quatorzième lettre aux sœurs

Traduite du chinois

 

Aux Vierges directrices des écoles au Su-tchuen

 

Vierges Maîtresses,

 

Le prêtre Meîye (Moye) vous salue. Que la grâce de Dieu soit toujours avec vous. Je souhaite que vous vous appliquiez avec zèle à instruire les jeunes filles, les néophytes et les femmes âgées qui manquent de l'instruction nécessaire ; que vous donniez le bon exemple, et que vous observiez fidèlement vos règles. Ne soyez familières ni avec les hommes, ni avec les nouveaux prêtres, ni même avec vos élèves. Que toutes vos affections soient pures, et veillez sur tous les mouvements de votre cœur. Offrez un cœur sans tache à Jésus-Christ votre époux, selon cette parole de saint Paul : " Je vous ai fiancée à cet unique époux qui est Jésus-Christ, en vous présentant à lui comme une vierge pure " [2 Co 11]. Priez la bienheureuse Vierge Marie de vous obtenir de participer à sa pureté immaculée. Ne transgressez jamais vos règles ; veillez à n'en pas omettre une aujourd'hui, demain une autre, et ensuite une partie considérable ; observez-les toutes exactement. C'est par une grâce signalée que Dieu vous a appelées à cette belle œuvre ; je vous en supplie, soyez fidèles à concourir à ses desseins et à faire sa volonté. Une Vierge qui est d'humeur changeante et qui cède à l'amour de la nouveauté, qui varie dans ses bons desseins et n'a point de règles arrêtées, qui reçoit de nouvelles impressions chaque jour et passe sans cesse d'un objet à un autre, ne saurait persévérer dans sa vocation. Celle qui abandonne volontairement et par sa faute l'œuvre des écoles, s'expose aux plus grands dangers. Mais on doit concevoir les plus belles espérances pour les Vierges qui sont constantes, et qui aiment l'enseignement, selon cette parole de l'Ecriture : ceux qui instruisent beaucoup de leurs frères, pour les former à la justice, brilleront comme des astres durant toute l'éternité. En effet, si vous formez avec soin vos jeunes élèves, vous participerez aux mérites qu'elles acquerront, durant toute leur vie, par leurs bonnes œuvres intérieures et extérieures, parce que vous les y aurez préparées. Au contraire, si, par votre négligence, vous les laissez se corrompre, s'engager dans la voie du péché et se perdre pour l'éternité, vous en serez responsables au jour du jugement. Faites donc tous vos efforts pour vous acquitter fidèlement des devoirs de votre vocation. Je salue aussi les jeunes filles, vos élèves, et je les bénis. Tous les jours je prie pour vous, et j'implore vos anges protecteurs. Le samedi j'offre le saint sacrifice pour vous et pour vos élèves. Je leur recommande d'étudier avec application, d'être obéissantes en toute chose, de se corriger de leurs défauts, de prier avec ferveur, d'être fidèles à produire des actes de piété à la vue des images des saints et de persévérer dans la prière et l'union avec Dieu. Qu'elles évitent le mensonge ; qu’elles se gardent de perdre leur temps en frivolités, mais qu'elles le consacrent aux bonnes œuvres ; quelles passent saintement leur jeunesse., toujours prêtes à mourir plutôt que d'offenser Dieu mortellement ; qu'elles aiment la pauvreté et détestent le monde, ses pompes et la vanité dans les vêtements. Enfin qu'elles prient pour moi. Je vous envoie de saintes images, pour les distribuer dans vos écoles. J'ai remis vos lettres à nos Vierges d'Europe, qui en ont éprouvé une grande joie. Elles vous saluent, et elles prient Dieu pour vous. Beaucoup de Vierges consacrées à Dieu, et parmi elles la parente de l'Empereur, qui est carmélite de l'ordre de sainte Thérèse [Il s’agit de Louise de France, fille de Louis XV, entrée au Carmel de Saint-Denis sous le nom de Thérèse de Saint-Augustin], m'ont demandé de leur communiquer les lettres que vous avez envoyées dans mon pays. Je m'en réjouis, et je demanderai qu'elles prient chaque jour pour vous. Méditez attentivement ces paroles de l'une de nos prières quotidiennes : Accordez-nous de nous acquitter parfaitement de notre devoir, afin que renonçant au siècle et à nous-mêmes, nous soyons unis à Dieu jusqu'à la mort. Ce peu de paroles comprend beaucoup de choses. Les saints accomplissent de nombreux miracles dans notre France. Un saint personnage, âgé de plus de trente ans, est mort dernièrement, quatre jours avant Pâques ; il a opéré après sa mort un grand nombre de miracles que vous pouvez apprendre des pères Oû (Delpont) et Ngaï (Gleyo), à qui j'ai envoyé la vie de ce serviteur de Dieu.

 

Table des lettres aux religieuses

 

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