IMITATION DE MARIE 

 

TROISIÈME DIZAIN

 

Nous allons réciter ce troisième dizain pour honorer les vertus de la Sainte Vierge et pour demander la grâce de les imiter et de corriger en nous les vices et défauts qui leur sont contraires.

Notre Père...

 

1° Considérez que la modestie de la sainte Vierge était si grande que son aspect ravissait les Anges et édifiait tous les hommes qui la voyaient. La candeur, la douceur, la pureté, l’innocence et toutes les vertus paraissaient comme empreintes sur son visage. Son approche inspirait de la terreur aux démons et les mettait en fuite. Quelle pudeur dans ses regards ! Elle avait toujours les yeux modestement baissés vers la terre ou élevé vers le Ciel. Elle avait l’air grave et sérieux, mais plein de bonté et d’affabilité à l’égard du prochain, surtout envers les pauvres et les misérables. Toujours mesurée dans ses démarches, toujours décemment habillée, un ton de voix toujours égal, tous ses sens étaient parfaitement réglés et composés, de sorte qu’on ne voyait jamais rien, ni dans son maintien, ni dans ses gestes, ni dans toutes ses démarches, qui ne fût capable d’inspirer la piété et toutes les vertus.

Bel exemple pour vous, filles et femmes chrétiennes ! Apprenez de Marie à être modestes dans vos regards et vos habits ; évitez donc ces nudités scandaleuses qui font rougir la pudeur. N’affectez plus ces airs de mondanité et de hauteur. N’étalez plus ces vaines parures et cette prétendue beauté dont vous êtes si idolâtres. Méprisez votre corps, qui n’est que cendre et poussière. Ornez votre âme, qui est l’image de Dieu. Prenez donc la résolution d’imiter désormais en tout la modestie de la sainte Vierge, de sorte que vous édifiiez autant le prochain par un air de sainteté et de gravité que vous l’avez scandalisé jusqu’ici par vos vanités et vos mondanités. Offrez du moins à Dieu la modestie de la sainte Vierge, pour expier votre immodestie.

Je vous salue...

 

2° Considérez quelle fut la pauvreté et la sobriété de la sainte Vierge, nourrie pauvrement, vêtue simplement, couchée durement. Elle faisait de son corps une hostie vivante et une victime de pénitence. Elle ne prenait de la nourriture qu’autant qu’il en fallait pour éviter la mort plutôt que pour conserver la vie.

Humilions-nous en comparant notre sensualité et nos intempérances à la sobriété de la sainte Vierge. Prenons la résolution d’user modérément des aliments et de toutes les choses nécessaires à la vie. Ne les prenons que par nécessité et non par sensualité ni excès. Honorons par la sobriété de nos repas et la simplicité de nos vêtements la pauvreté et la tempérance de Marie. Souffrons patiemment les disettes et le manquement des choses nécessaires à la vie, à l’exemple de Jésus et de Marie, qui n’avaient pas même d’endroit pour reposer leur tête. Demandons à Dieu, par l’intercession de la sainte Vierge, ces trois vertus de pauvreté, de sobriété et de patience dans la disette.

Je vous salue...

 

3° Considérez à quel point la sainte Vierge pratiqua la mortification, la pénitence et l’austérité quoiqu’elle n’eut aucun péché à expier ni aucune passion à réprimer. Elle jeûnait, elle priait sans cesse. Elle passait les nuits dans les veilles et les prières. Elle s’est privée constamment de tous les plaisirs du monde. Et nous, misérables pécheurs, qui avons tant de péchés à expier et tant de passions à vaincre, nous sommes ennemis de la pénitence et de la mortification. Nous cherchons en tout nos aises et nos commodités. Les moindres pénitences nous font horreur. Nous voulons jouir des plaisirs et des divertissements du monde, tandis que la Mère de Dieu a passé toute sa vie dans les larmes, les austérités, pour l’amour de nous.

Offrons à Dieu la pénitence et la mortification de Marie pour expier notre sensualité ; et prenons la résolution de commencer à mener une vie plus mortifiée, plus austère, et à souffrir par un esprit de pénitence l’excès du travail, la rigueur des saisons, et toutes les incommodités de la vie. Ajoutons à tout cela des pénitences et des mortifications particulières selon que Dieu nous inspirera et que la prudence le permettra. Demandons cet esprit de pénitence et de mortification par l’intercession de la plus sainte et de la plus pénitentes de toutes les Vierges.

Je vous salue...

 

4° Considérez quelle fut la patience inaltérable de la sainte vierge. Pour avoir une juste idée de cette patience il faudrait savoir quel fut le nombre et l’excès de ses peines, de ses souffrances. La vie de Jésus et de Marie fut un martyre continuel. Jésus et Marie ne furent pas une heure sans douleur et sans amertume. La grandeur de la félicité céleste répond à la grandeur des souffrances qu’on a eues et endurées dans ce monde. Or Marie dans le Ciel jouit du plus haut degré de gloire après Jésus-Christ. On peut donc conclure que c’est elle qui a le plus souffert après Jésus-Christ sur la terre. Marie a souffert, elle seule, plus que tous les Martyrs. Mais avec quelle patience, quelle résignation, quelle conformité à la volonté divine ! Jamais il ne lui a échappé une parole de plainte ni de mécontentement. Toujours intérieurement en paix, elle souffrait tout avec une égalité d’âme, avec une constance, un courage, et une force invincible. Et nous, dans la moindre tribulation nous nous impatientons, nous murmurons.

Offrons à Dieu la patience et le silence de Marie dans ses croix pour expier les impatiences et les murmure qui nous échappent dans nos peines. Prenons la résolution de tout souffrir en paix et en silence, à l’imitation de Jésus et de Marie. Demandons-en la grâce.

Je vous salue...

 

5° Considérez que, quoique la sainte Vierge ait eu et pratiqué toutes les vertus dans le plus éminent degré, cependant elle fut choisie pour être la Mère de Dieu à cause de trois vertus principales, à savoir, l’humilité, la chasteté, et la charité. Dieu, voulant s’humilier jusqu’à la bassesse de notre néant, cherchait la plus humble de ses créatures pour opérer en elle ce mystère d’humiliation. Il la trouva dans la personne de Marie. Et parce qu’elle s’était abaissée au-dessous de tous les hommes, Dieu l’éleva au-dessus de tous les Anges ; il l’éleva jusqu’à la dignité de Mère de Dieu, qui est le plus haut point d’élévation où une personne humaine puisse atteindre. Et c’est elle-même qui le reconnaît dans son cantique, où elle s’écrie dans le transport de sa reconnaissance, " Le Seigneur a opéré en moi de grands prodiges... parce qu’il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante " (Lc 1, 49; 48). Pour nous, au contraire, nous fermons l’entrée à la grâce par notre orgueil. Car Dieu résiste aux superbes et il donne sa grâce aux humbles.

Humilions-nous donc à l’exemple de Jésus anéanti dans le sein de Marie ; reconnaissons notre néant; souffrons patiemment les humiliations ; aimons à être méprisés et oubliés du monde afin de recevoir la grâce en cette vie et la gloire en l’autre. Offrons l’humilité de Jésus et de Marie pour expier notre orgueil. Demandons cette vertu si chère à Jésus et à Marie, et disons pour l’obtenir.

Je vous salue...

 

6° Considérez que la seconde vertu prédominante de la sainte Vierge fut la chasteté. Elle surpassa celle des Anges. Aussi l’ange Gabriel s’humilia devant elle, et ne fit à son égard que la fonction d’ambassadeur envers la Reine du Ciel et de la Terre. Le Prophète Isaïe avait prédit que le Messie devait naître d’une Vierge [Jean-Martin Moye lisait le texte de la bible dans la Vulgate latine, où l’on trouvait en effet: Ecce virgo concipiet (Is 7, 14) ; le texte hébreu dit simplement, " Voici que la jeune femme est enceinte... " traduction de la TOB. Note de l’éditeur].Ce prodige surpassait toutes les lois de la nature, mais il était de l’ordre de la Sagesse divine, car il convenait que le Saint des Saints prit sa chair de la plus pure de toutes les Vierges, et qu’il n’y eût rien de charnel ni de naturel dans sa conception, mais que tout fut saint, surnaturel et divin ; et c’est pour cela que l’écriture l’attribue au Saint-Esprit comme à l’Auteur de toute sainteté. Ce fut donc par son extrême pureté que Marie a mérité de porter le Saint des Saints dans ses chastes entrailles. Faisons un retour sur nous-mêmes. Ne sommes-nous pas peut-être plongés dans le vice opposé à cette aimable vertu, et conséquemment notre cœur n’est-il pas le siège du démon ? Car si les âmes chastes sont le Temple du Saint-Esprit, les âmes impures le sont de même de Satan. Le Sauveur le dit dans l’évangile : " Lorsque l’esprit immonde est sorti d’un homme il dit : Je retournerai dans mon ancienne maison " (Mt 12, 43). Ayons donc horreur du péché détestable de l’impureté.

Offrons la pureté de Jésus et de Marie pour expier les péchés d’impureté qui se sont commis depuis le commencement du monde. Et puisque la chasteté est si agréable à Jésus et à Marie, si excellente qu’elle rend l’homme semblable aux Anges, aimons cette belle vertu; pratiquons-la; demandons-la par l’intercession de la plus pure de toutes les Vierges.

Je vous salue...

 

7° Considérez que cette vertu de pureté étant très délicate il faut prendre toutes les précautions possibles pour la conserver. C’est comme une glace et un miroir qu’un souffle et qu’une vapeur glace et ternit. Il faut donc éviter avec tous les soins possibles tout ce qui pourrait altérer la beauté et l’éclat de cette aimable vertu. Il faut fuir toutes les occasions d’impureté, les regards trop libres, les paroles ou chansons déshonnêtes, les parures immodestes, mais surtout la familiarité avec les personnes d’un sexe différent. Et c’est l’exemple que la sainte Vierge nous a donné quand l’archange Gabriel est venu la saluer. Elle craignit, elle trembla, parce qu’il avait la figure d’un homme. Tremblez donc, filles et femmes chrétiennes, en présence d’un homme, quand même il aurait la figure d’un Ange. Fuyez toutes conversations, toutes liaisons, et l’amitié de ces jeunes libertins que le démon envoie pour vous tenter. Mettez votre chasteté sous la protection de Jésus et de Marie. Priez votre bon Ange de la conserver au milieu de tant de dangers auxquels vous êtes exposées dans ce siècle corrompu. Prenez la résolution de mourir plutôt mille fois que de commettre aucun péché d’impureté, ou de permettre aucune liberté indécente ou criminelle.

Demandez cette grâce par l’intercession de la Reine des Vierges.

Je vous salue...

 

8° Considérez que la sainte Vierge ayant fait dès son enfance le vœu de chasteté, et voulant l’observer constamment, demanda à l’ange qui lui annonçait qu’elle serait la Mère du Sauveur, de quelle manière cette merveille s’accomplirait. Mais l’ange lui dit que ce serait l’ouvrage du Tout-Puissant, que le Saint-Esprit lui-même et la vertu du Très-Haut opéreraient ce prodige, inouï jusqu’alors, qu’une Vierge devint Mère, et Mère de Dieu. Alors la sainte Vierge acquiesça et consentit à la parole de l’ange, et dans l’instant le Fils de Dieu s’incarna dans son sein. Cette conduite de la sainte Vierge fait penser qu’elle était si décidée à garder son vœu de virginité qu’elle eût plutôt renoncé à la qualité de Mère de Dieu qu’à sa virginité. Quoi qu’il en soit, cet exemple et cette ferme détermination de Marie à demeurer toujours Vierge doit bien encourager les Vierges à garder inviolablement le trésor de leur chasteté, sans se laisser séduire ni par les promesses ni intimider par les menaces ni les tourments.

Demandons pour elles cette constance et cette fermeté inébranlables qui leur fasse plutôt subir la mort que de rien faire ni permettre contre leur honneur et leur pudeur. Et récitons pour cela la Salutation angélique :

Je vous salue...

 

9° Considérez que la plus excellente de toutes les vertus, c’est la charité, l’amour de Dieu et du prochain. Or, la sainte Vierge a possédé cette grande vertu dans le degré le plus parfait et le plus éminent. Et comme l’habitude de cette vertu s’augmente par ses actes, la sainte Vierge agissant en tout par le motif du plus pur amour, sa charité augmentait en elle à chaque instant de sa vie.

Offrons à Dieu cette immense charité de Marie en réparation de notre peu d’amour pour Dieu. Car notre cœur étant plein de l’amour du monde et de l’amour de nous-mêmes, il n’est pas en état de sentir les ardeurs du pur amour de Dieu. Guérissons donc notre cœur de l’amour profane des créatures et de l’amour déréglé de nous-mêmes, afin que nous soyons capables de sentir ce que le véritable amour du Créateur peut opérer dans un cœur qui en est tout embrasé. Faisons souvent des actes de charité. Aimons Dieu pour lui-même. Ayons de l’ardeur pour procurer sa gloire. Aimons aussi sa très sainte Mère, et demandons par son intercession un amour souverain, un amour de préférence, un amour de bienveillance, un amour de reconnaissance, un amour affectif et effectif. En un mot, désirons d’aimer Dieu comme Marie l’aimait.

Je vous salue...

 

10° Considérez que la sainte Vierge, suivant l’ordre admirable de la divine Providence, épousa saint Joseph, qu’elle savait par révélation devoir aussi consacrer à Dieu sa virginité. Elle l’épousa pour qu’il fût témoin de sa chasteté, et pour mettre sa réputation à couvert de la calomnie et du soupçon, car les juifs, ne connaissant pas le mystère de l’Incarnation, eussent lapidé la sainte Vierge si elle eût mis au monde un Fils sans avoir un époux. Il était donc de la Sagesse divine qu’elle épousât saint Joseph avant d’enfanter Jésus-Christ. Et il était aussi de la bienséance que la sainte Vierge, qui devait fuir en Égypte et y demeurer avec des étrangers et des païens, eût un époux pour la mettre à couvert de toutes les insultes. Enfin, Dieu voulait cacher au démon le mystère de l’Incarnation sous le voile de ce Mariage.

Admirons et bénissons la Sagesse divine qui fait tout avec poids et mesure, et reconnaissons que les desseins et la conduite de Dieu sont infiniment supérieurs à l’intelligence humaine. Et supplions Marie et Joseph de prier pour ceux et celles qui veulent embrasser l’état du Mariage, afin qu’ils s’y disposent par de saintes pensées et des vues pures, ne cherchant que la gloire de Dieu et leur sanctification, et pour ceux et celles qui veulent demeurer dans le Célibat, afin qu’il les affermisse dans une si sainte résolution, qu’ils renoncent aux vains plaisirs de la char pour mener sur la terre une vie angélique.

Je vous salue...

 

Offrande du Troisième Dizain

Mon Dieu, nous vous offrons toutes les vertus de la sainte Vierge en réparation de tous nos vices. Nous vous offrons son humilité en réparation de notre orgueil et de notre vanité. Nous vous offrons sa charité en réparation de nos haines, de nos vengeances, de nos animosités. Nous vous offrons sa pauvreté, sa patience, sa douceur, sa sobriété pour expier notre avarice, nos colères, nos impatiences, et nos intempérances. Nous vous offrons sa modestie et sa mortification pour expier notre luxe et notre sensualité. Nous vous offrons son silence, son recueillement, pour expier nos dissipations et nos égarements d’esprit. Nous vous offrons l’ardeur de sa ferveur pour expier notre tiédeur. Nous vous offrons sa chasteté et sa pureté pour expier nos impuretés. Nous vous offrons sa bonté pour expier notre méchanceté. En un mot, nous conjurons cette Reine des Vertus de vouloir bien couvrir par la beauté et l’éclat de ses vertus la laideur et la multitude de nos défauts, et d’enrichir notre pauvreté spirituelle de ses mérites.

Gloire au Père...

 

Table de l'Imitation de Marie

 

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