IMITATION DE MARIE 

 

SECOND DIZAIN

 

Nous allons réciter ce second dizain pour honorer la vie admirable, tout sainte, toute surnaturelle et toute divine que la sainte Vierge a menée sur la terre, les bonnes œuvres qu’elle a faites, et les mérites qu’elle a acquis.

Notre Père...

 

1° Considérez que la sainte Vierge toute pleine de grâces, et des grâces les plus singulières, a fidèlement coopéré à toutes les grâces qu’elle a reçues sans en négliger une seule. Or, selon la doctrine de l’Église, la fidèle coopération à la grâce mérite toujours une nouvelle grâce et augmente notre mérite pour la gloire. Ainsi à chaque instant la sainte Vierge en coopérant fidèlement à la grâce a mérité à chaque instant une augmentation de la grâce et de la gloire. De là concluons quelle fut l’abondance des grâces dont elle fut comblée en cette vie, et combien de mérites elle s’est acquis, et a quel haut degré de gloire elle a été élevée dans le Ciel.

Admirons la multitude prodigieuse et l’excellence des grâces que Dieu a accordé à la sainte Vierge, et la sublimité des mérites qu’elle s’est acquis par sa fidèle coopération à toutes les grâces. Humilions-nous et gémissons de l’abus que nous faisons des grâces que Dieu nous donne, confondons-nous à la vue de notre infidélité et de notre négligence à y correspondre. Faisons tous nos efforts pour en faire désormais un saint usage par une attention continuelle à recevoir avec reconnaissance et à suivre avec promptitude toutes les inspirations du Saint-Esprit et tous les mouvements de la grâce. Tâchons par le bon usage de la grâce présente de mériter une grâce suivante, de sorte qu’allant ainsi de grâces et grâces, de vertus en vertus, nous parvenions par cet admirable enchaînement de grâces à la gloire qu’on ne peut mériter qu’en coopérant à la grâce. Rappelons-nous cette résolution toutes les fois que nous prononçons ces paroles de la Salutation Angélique :

Je vous salue, Marie...

 

2° Considérez que la sainte Vierge a sanctifié toutes ses actions par la droiture de ses intentions et la pureté de ses affections, et que tout ce qu’elle a fait, dit, pensé et souffert a toujours été pour la plus grande gloire de Dieu, pour faire le bon plaisir et la volonté de Dieu, par le motif du plus pur amour de Dieu et par le principe de la plus ardente charité. Pour nous, au contraire, si nous examinions bien les motifs et les intentions qui nous font agir, nous verrions qu’au lieu de rapporter tout à Dieu comme à notre fin dernière, nous rapportons tout à nous-mêmes ; au lieu de chercher la gloire de Dieu nous recherchons notre propre gloire ; au lieu de chercher le bon plaisir de Dieu nous recherchons notre propre satisfaction et notre plaisir ; au lieu de plaire à Dieu nous voulons plaire au monde ; au lieu de procurer les intérêts de Dieu et du prochain nous ne travaillons que pour notre propre intérêt. Alors que les actions de la très sainte Vierge étaient sanctifiées par la droiture de ses intentions, les nôtres sont viciées par la perversité de nos motifs et de nos intentions.

Prenons donc la résolution de faire toutes nos actions dans les vues et les intentions avec lesquelles la sainte Vierge faisait les siennes, pour la gloire de Dieu, notre sanctification, et l’édification du prochain.

Je vous salue...

 

3° Considérez que, le cœur de la sainte Vierge étant extrêmement pur, toutes les affections qu’elle produisait dans son intérieur et les actions qu’elle faisait à l’extérieur venant d’un principe aussi pur et aussi saint étaient toutes saintes toutes surnaturelles et toutes divines. Pour nous au contraire, comme notre cœur est vicié et corrompu par mille passions, il est naturel que la corruption de notre cœur influe dans presque tous nos sentiments et nos actions pour les corrompre et les infecter. Nos bonnes œuvres mêmes se ressentent encore souvent de cette corruption.

Offrons la pureté et la sainteté de Jésus et de Marie pour expier notre corruption ; et travaillons tous les jours à purifier notre cœur par la mortification de nos passions. Prions Marie, la plus sainte et la plus pure de toutes les créatures, qu’elle nous obtienne la grâce de nous élever vers le Ciel " comme par deux ailes ", comme dit l’Imitation (II, ch. 4, 1), c’est-à-dire par la droiture et la simplicité d’intention qui ne cherche que Dieu, et par la pureté d’affection qui l’atteint et qui le goûte, de sorte que dans toutes nos vues, nos entreprises et nos démarches nous ne nous proposions que Dieu seul et notre salut, et que nous ne suivions ni le mouvement de la passion ni celui de la nature, mais celui de la grâce et du Saint-Esprit, ayant toujours une vigilance extrême sur notre cœur et sur notre conduite, afin que les inclinations déréglées de l’amour-propre, de l’orgueil, ou la recherche du plaisir, ne s’insinuent pas dans notre âme ni dans nos actions.

Je vous salue...

 

4° Considérez que, comme c’est principalement la charité qui donne le prix et la valeur à nos bonnes œuvres, les moindres actions de la sainte Vierge étaient très agréables et très méritoires devant Dieu. Ne s’eût-elle occupée qu’à faire ou laver des vêtements, coudre ou filer, préparer la nourriture ou d’autres ouvrages de cette sorte : ces actions, quoique simples et communes, viles et abjectes en elles-mêmes, étant faites par la sainte Vierge, étaient plus grandes devant Dieu que les actions les plus héroïques de tous les autres saints, parce qu’elles partaient toutes du plus pur motif et de la plus grande charité, car Dieu fait plus d’attention à l’intention et à l’affection qui nous anime dans l’intérieur qu’à l’objet extérieur de nos actions. Car l’esprit intérieur est l’âme de nos actions, et ce que nous faisons à l’extérieur n’en est que le corps. Les bonnes œuvres extérieures qui ne proviennent pas de la grâce du Saint-Esprit ne sont qu’un corps sans âme. La sainte Vierge nous apprend aussi par son exemple à être fidèle dans les petites choses aussi bien que dans les grandes.

Consolez-vous, femmes et filles chrétiennes, engagées par état à de petites choses, aux occupations des ménages. Vous ne pouvez pas faire de grandes choses au-dehors, mais vous pouvez aimer, vous pouvez faire les petites choses que vous faites par amour, comme Marie faisait. Et si le peu que vous faites est animé par le motif d’une grande charité, il sera grand devant Dieu, il lui sera plus agréable, et il sera plus méritoire que les actions d’éclat qui sont dénuées de charité. Malheur à nous ! puisque, loin de faire nos action pour l’amour de Jésus et de Marie, nous les faisons souvent par amour-propre, par intérêt, par respect humain. Ainsi, loin de mériter, nous péchons.

Prenons donc la résolution, et demandons à Dieu la grâce, de faire nos actions le plus qu’il nous sera possible, comme la sainte Vierge faisait les siennes. Du moins faisons-les toujours par quelque motif de religion, et n’en faisons aucune par passion ni par vanité. Soyons fidèles à Dieu dans les petites choses. Demandons toutes ces grâces par l’intercession de la sainte Vierge.

Je vous salue...

 

5° Considérez que la sainte Vierge étant sur la terre a si utilement employé tous les moments de sa vie qu’elle n’en a pas perdu un seul instant. Pendant le sommeil même elle s’occupait de Dieu, selon ces paroles de l’écriture : " Je dors et mon cœur veille " (Ct 5, 2), paroles qui ne conviennent à personne si bien qu’à Jésus et à Marie. Mais nous, au contraire, combien de temps ne perdons-nous pas en ne faisant rien, ou en faisant mal, ou en ne faisant pas ce que nous devrions faire, ou en faisant mal le bien même que nous faisons, le faisant par passion, par humeur, ou par des motifs humains ? Or, tout cela est un temps perdu. Tout le temps que nous n’employons pas à procurer la gloire de Dieu et à travailler à notre sanctification est un temps perdu.

Offrons à Dieu le saint usage que Jésus et Marie ont fait du temps, pour récupérer celui que nous avons si mal employé jusqu’ici. Offrons à Dieu le reste du temps que nous avons à être sur la terre. Demandons la grâce de l’employer désormais le plus saintement qu’il nous sera possible intérieurement et extérieurement: intérieurement en produisant sans cesse de saintes pensées, de bons désirs, de pieuses affections ; et extérieurement en faisant tout le bien qui dépend de nous. Et pour sanctifier le temps du sommeil, avant de nous coucher regardons notre lit comme notre tombeau, préparons-nous à la mort, dirigeons notre intention de sorte qu’à chaque fois que nous respirerons pendant la nuit nous voulions bénir les saints noms de Jésus et de Marie, louer et aimer les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. Heureux ceux qui, suivant l’exemple de David, se relèvent au milieu de la nuit pour bénir le Seigneur et adorer le Verbe incarné !

Je vous salue...

 

6° La Sainte Vierge était toujours recueillie en elle-même, attentive aux inspirations du Saint-Esprit, priant sans cesse et méditant les mystères du Sauveur. Elle était toute ravie, absorbée et consommée en Dieu. Quoique son corps fut encore sur la terre son esprit et son cœur étaient déjà dans le Ciel, élevée par la plus haute contemplation au-dessus de toutes les choses terrestres. Mais nous au contraire nous vivons dans une dissipation continuelle ; tout occupés du monde nous pensons rarement à Dieu et à notre salut.

Offrons à Dieu le recueillement et la vie intérieure de Marie, pour expier notre vie toute extérieure et dissipée. Fermons désormais les yeux du corps aux vanités du siècle, pour ouvrir les yeux du cœur aux vérités éternelles. Fermons l’entrée de notre cœur aux suggestions du démon. Bouchons nos oreilles aux vains discours du monde pour nous rendre attentifs à la parole de Dieu et aux inspirations célestes. Quittons la terre : tournons nos pensées, nos vues, nos affections vers le Ciel. Demandons l’esprit de prière, le don d’oraison, et disons pour l’obtenir:

Je vous salue...

 

7° Considérez que la sainte Vierge n’a jamais proféré une seule parole inutile. Elle n’a parlé que pour louer Dieu et édifier le prochain. Et nous, au contraire, combien ne nous échappe-t-il pas de paroles inutiles, dangereuses, criminelles ! Combien de paroles injurieuses à Dieu et scandaleuses pour les hommes ! Paroles équivoques ou tout à fait déshonnêtes, paroles qui attaquent l’honneur et la réputation du prochain, ou du moins paroles inutiles, qui dissipent l’esprit, dessèchent le cœur, paroles dont nous rendrons compte au jugement de Dieu, puisque le Sauveur nous dit que nous rendrons compte d’une parole oiseuse !

Demandons pardon à Dieu de toutes les paroles mauvaises et inutiles que nous avons proférées. Mettons un frein à notre langue, et bouchons nos oreilles d’épines, pour ne plus rien dire ni entendre aucune parole qui puisse blesser la charité ou la chasteté. Aimons la retraite et le silence ; évitons les conversations inutiles. Il est bien difficile de parler avec les hommes sans blesser sa conscience. Entretenons-nous plutôt avec Dieu, avec Marie, avec les Anges et les Saints. Que notre conversation soit déjà dans le Ciel. Soyons toujours attentifs aux inspirations de la grâce. Recevons-la comme une rosée descendue du Ciel, capable de fortifier notre âme et de lui faire produire des fruits dignes de la vie éternelle. Méditons dans le silence, à l’exemple de Marie, les mystères et les vérités de notre sainte religion. Demandons ces grâces par son intercession.

Je vous salue...

 

8° Considérez que la sainte Vierge passa toute sa vie sans commettre un seul péché véniel, sans avoir eu le moindre défaut ni la plus légère imperfection. Voilà pourquoi nous la nommons dans les litanies qu’on récite en son honneur, " Mère très pure,... sans tache... ", et c’est la doctrine de toute l’Église. Elle l’a puisée dans saint Augustin. Ainsi dans Marie tout est saint, tout est vertu, tout est perfection, tout est surnaturel et divin. Mais dans nous, au contraire, que de péchés, que de défauts ; que de misères et de corruption, que de vices et de passions ! Combien de péchés ne commettons-nous pas chaque jour et à chaque heure ! Ceux qui en aperçoivent le moins sont ceux qui en commettent le plus. Ceux qui ne voient pas leurs passions sont ceux qui en ont le plus, parce que le péché et la passion nous aveuglent.

Humilions-nous donc à la vue de la multitude innombrable et de la grandeur de nos péchés et de l’abîme de notre corruption. Offrons à Dieu la vie toute simple, toute pure et surnaturelle que la sainte Vierge a menée sur la terre, pour réparer la vie criminelle et corrompue que nous avons menée jusqu’ici. Comme la sainte Vierge est le refuge des pécheurs allons nous jeter à ses pieds pour la prier de nous obtenir le pardon de ceux que nous avons commis par le passé et la grâce de n’y plus retomber à l’avenir, et de mener, à son exemple, une vie plus sainte, plus pure, plus capable d’honorer la sienne et celle de son Fils.

Je vous salue...

 

9° Considérez que cette éminente sainteté de Marie lui venait surtout de son union avec Jésus-Christ, ainsi que l’ange Gabriel lui dit par ces belles paroles, " Le Seigneur est avec vous " (Lc 1, 28). Il y a deux manières d’être uni à Dieu. L’une se fait par la grâce habituelle, quand on vit en Dieu, car Dieu habite dans le cœur du juste ; l’autre se fait en suivant le mouvement de la grâce actuelle, quand on agit avec Dieu. Nous perdons la vie surnaturelle de la grâce quand nous tombons dans le péché mortel : nous ne vivons plus, nous sommes morts devant Dieu, nous sommes séparés de Dieu et livrés au démon. Nous n’agissons pas avec Dieu quand nous ne suivons pas le mouvement de son esprit, et à plus forte raison quand nous suivons la tentation et la suggestion du démon, ou l’esprit du monde, ou notre passion, ou l’inclination de la nature ; et c’est ce qui nous arrive presque continuellement. De là cette multitude innombrable de fautes et cette inutilité de tant d’actions, de mouvements, d’agitations, lorsque nous suivons notre propre volonté, notre goût, notre propre mouvement, notre propre esprit. Tout ce que nous faisons alors n’est rien devant Dieu, parce que nous ne sommes pas unis avec Dieu, parce que nous n’agissons pas avec Dieu.

Ainsi, quand nous voulons faire le bien, quand nous voulons remplir les devoirs de notre état, unissons-nous toujours à Jésus et à Marie; unissons notre travail au travail de Jésus et de Marie, nos actions aux actions de Jésus et de Marie, nos peines aux souffrances de Jésus et de Marie, afin que les mérites de Jésus et de Marie se communiquent à tout à tout ce que nous faisons. Faisons tout avec Jésus et Marie. Demandons cette grâce au nom de Jésus et par l’intercession de Marie.

Je vous salue...

 

10° Considérez que quoique la vie extérieure de la sainte Vierge fut si sainte et si édifiante que les Anges en étaient ravis d’admiration et les hommes touchés et pénétrés d’une sainte componction en la voyant, ce qui se passait en elle était bien au-dessus de ce qui paraissait au-dehors. Il n’y a que Dieu qui sache parfaitement tout ce qui s’est passé dans l’intérieur de Marie. Il n’y a que le Saint-Esprit, qui l’éclairait et qui la dirigeait, qui connaisse l’ardeur et la multiplicité de ses désirs, la sublimité de ses pensées, la noblesse de ses sentiments, l’héroïcité de ses vertus, la véhémence de sa charité, la profondeur de son humilité, l’étendue de ses vues, la droiture de ses intentions, la pureté de son âme. Non, il n’y a que l’Esprit de Dieu qui sache quelles furent la grandeur et l’élévation des opérations toutes divines et toutes surnaturelles qu’il a produites en elle par le mouvement de la grâce. Et c’est cette vie intérieure de Marie qui fait sa principale beauté, puisque, suivant l’écriture sainte, " toute la beauté de la fille de Sion lui vient de son intérieur ". Et nous, au contraire; si nous connaissions bien le fond de notre cœur, nous n’y verrions que misère, corruption, et toutes sortes de mauvaises pensées, de vains désirs, de passions, de mouvements déréglés qui l’infectent; et lors même que nous agissons au-dehors notre intérieur languit, il est sans forcer, sans vigueur surnaturelle.

Offrons aussi la vie intérieure de Jésus et de Marie pour expier cette vie toute extérieure et dissipée que nous avons menée jusqu’ici. Demandons la grâce de mener une vie intérieure et surnaturelle. Conjurons le Saint-Esprit, qui a animé l’intérieur de Marie, de vouloir bien aussi éclairer, régler, sanctifier, purifier et diriger nos esprits et nos cœurs.

Je vous salue...

 

Offrande du Second Dizain

Mon Dieu, nous vous offrons le cœur de Marie et toutes ses affections, ses pensées, ses désirs, ses sentiments et sa vie intérieure et extérieure pour réparer tous les vices et les dérèglements de notre cœur et de notre conduite. Nous vous offrons la droiture de ses intentions et la pureté des affections de Jésus et de Marie pour expier la perversité de nos intentions et nos affections. Nous vous offrons toutes les saintes pensées, les pieux désirs de Jésus et de Marie pour expier toutes les mauvaises pensées et les mauvais désirs de tous les hommes. Nous vous offrons toutes les paroles de Jésus et de Marie pour expier tous les discours criminels de tout l’univers. Nous vous offrons le silence et le recueillement que Jésus et Marie ont gardé pour expier les paroles inutiles et déplacées que nous avons proférées et la dissipation des âmes mondaines. Nous vous offrons toutes les bonnes œuvres de Jésus et de Marie pour expier toutes les actions criminelles qu’on a faites depuis le commencement du monde. Nous vous offrons l’attention, la dévotion et la ferveur des prières de Jésus et de Marie pour réparer toutes les distractions et la tiédeur que nos avons eues dans nos prières.

Gloire au Père...

 

Table de l'Imitation de Marie 

 

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