IMITATION DE MARIE 

 

PREMIER DIZAIN

 

Nous allons réciter ce premier dizain pour honorer l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge, sa Naissance et son Enfance.

Notre Père...

 

1° Considérez que le Père éternel par un décret de sa Sagesse a prédestiné la sainte Vierge Marie avant tous les siècles pour être la Mère de son Fils. Bénissons Dieu dans ce dessein admirable de sa sagesse, félicitons Marie de ce qu’elle a été choisie entre toutes les Créatures pour être la Mère de son Dieu. Remercions le Seigneur des privilèges et des grâces qu’il lui a accordées en conséquence de ce choix. Croyons et adorons le mystère de sa prédestination et de la prédilection spéciale que Dieu a eu de toute éternité pour ses élus. Tremblons à la vue du petit nombre des élus.

Demandons instamment par les mérites de Jésus et par l’intercession de Marie que Dieu nous sépare de la masse de corruption, qu’il nous délivre de la damnation éternelle et qu’il nous mette au nombre des prédestinés, et qu’en vertu du Saint Nom de Jésus et de Marie il écrive nos noms dans le livre de vie. C’est la Prière que le Prêtre fait tous les jours à la Messe avant la Consécration. Comprenons l’importance de cette grâce ; demandons-la avec ferveur ; faisons des efforts ; marchons dans la voie droite ; travaillons à notre salut avec crainte et tremblement; rendons notre vocation et notre élection certaine par la multitude de nos bonnes œuvres.

Je vous salue, Marie...

 

2° Considérez qu’aussitôt qu’Adam et Ève furent tombés dans le péché et eurent entraîné par leur chute tous les hommes dans la ruine et la perdition, Dieu forma le décret de la Rédemption du genre humain, et il choisit Jésus et Marie pour réparer les maux qu’Adam et Ève avaient faits. Il promit qu’une femme écraserait la tête du serpent, c’est-à-dire que Marie enfanterait Jésus qui détruirait par sa Croix la puissance du démon. C’est Adam le premier homme qui nous a perdu par sa désobéissance. C’est Jésus le second Adam qui nous a sauvés en vertu de son obéissance qui l’a porté jusqu’à mourir sur la Croix. Ève encore Vierge a été séduite par l’ange rebelle ; Marie toujours Vierge est fidèle à la promesse de Dieu qui lui a été annoncée par l’ange Gabriel. En un mot, comme Adam et Ève ont concouru à la ruine du genre humain Jésus et Marie ont concouru à sa Rédemption. Jésus nous a sauvés en s’incarnant et en souffrant pour nous, et Marie nous a sauvés en coopérant aux Mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, car c’est dans le sein de Marie que Jésus s’est incarné et c’est de la chair de Marie qu’il a pris chair, car c’est dans le sein de Marie que Jésus a pris chair, c’est de la chair de Marie que Jésus nous a rachetés par ses mérites infinis en s’immolant sur la Croix, et Marie a fourni la manière du sacrifice.

Prions donc Jésus et Marie de nous délivrer de la tyrannie du démon, de l’esclavage du péché, des supplices de l’enfer et de tous les maux que la chute d’Adam et d’Ève a attirés sur nous.

Je vous salue, Marie...

 

3° Considérez que Dieu en destinant la Sainte Vierge pour être sa Mère lui a donné en la créant la nature la plus parfaite et la mieux organisée après la nature humaine de Jésus-Christ, qui est sans contredit la plus parfaite de toutes les créatures. Or, après l’humanité de Jésus-Christ, c’est celle de la Sainte Vierge qui est le chef-d’œuvre du Tout-Puissant. Il lui a donné l’âme la plus noble et la plus grande, l’esprit le plus sublime, bien supérieur à celui des Anges, le cœur le plus vaste et le plus affectueux, et le corps le plus pur et le mieux organisé. Et dès le premier moment de sa création l’entendement de Marie fut éclairé des plus vives lumières, son cœur embrasé du plus pur et du plus ardent amour, et sa volonté fut parfaitement conforme à la volonté de Dieu.

Prions la Sainte Vierge de nous obtenir du Saint-Esprit qu’il dissipe les ténèbres de notre esprit par les rayons de sa lumière et qu’il embrase notre cœur du feu de son divin amour, qu’il purifie notre corps, qu’il sanctifie notre âme et qu’il rende notre volonté entièrement conforme à la volonté de Dieu, de sorte que nous voulions tout ce que Dieu veut, et que nous ne voulions rien de ce qu’il ne veut pas.

Je vous salue, Marie...

 

4° Considérez que Dieu qui a pour les hommes un cœur de Père et une tendresse de Mère a placé les entrailles de sa bonté paternelle dans le cœur de Jésus, et il a mis les entrailles de sa tendresse maternelle dans le cœur de Marie. Ainsi Jésus nous aime plus efficacement que le meilleur de tous les Pères, et Marie nous aime plus affectueusement que la plus tendre de toutes les Mères.

Ayons donc pour Jésus et Marie une confiance et un amour filial, et rendons leur amour pour amour. Ayons aussi à leur égard une crainte filiale ; craignons d’offenser Jésus par le péché, et craignons de déplaire à Marie en outrageant son Fils. Évitons donc avec tout le soin possible ce qui peut blesser le cœur de la Mère et du Fils, et faisons tout ce qui peut être agréable à Jésus et à Marie.

Je vous salue, Marie...

 

5° Considérez que saint Joachim et sainte Anne firent bien des prières et des vœux pour obtenir du Ciel la fécondité de leur Mariage et le bonheur de mettre au monde ce saint et divin Enfant, cette noble Vierge qui devait elle-même mettre au monde le Maître et le Sauveur du monde. On peut aussi conjecturer quelle fut la pureté de ces deux époux qui eurent l’avantage d’engendrer celle qui fut conçue sans la tache du péché originel par une conception toute immaculée.

Prions Marie, Joachim, et Anne d’intercéder pour les chrétiens qui veulent embrasser l’état du Mariage, afin qu’ils rejettent toutes les vues profanes et criminelles, les vues de sensualité, qu’ils ne se proposent que la gloire de Dieu en augmentant le nombre de ses adorateurs, et leur salut en cherchant des moyens de sanctification dans un état où Dieu les appelle.

Je vous salue, Marie...

 

6° Considérez que la Sainte Vierge par un privilège spécial fut préservée du péché originel, de l’ignorance et de la concupiscence qui en sont les suites, et qu’elle passa aussi toute sa vie sans commettre le moindre péché actuel. Réjouissons-nous de cette auguste prérogative de Marie ; humilions-nous à la vue de notre aveuglement et de notre corruption ; et confessons que nous avons été souillés du péché originel dès le sein de notre mère, et que nous nous sommes rendus coupables d’une infinité de péchés actuels depuis l’usage de notre raison jusqu’ici.

Prions la très sainte Vierge qu’elle daigne par son Immaculée Conception purifier nos corps et nos âmes de cette extrême corruption dont nous sommes remplis, et nous préserver des suites funestes du péché originel en nous obtenant la grâce de dissiper les ténèbres de notre ignorance et de notre aveuglement spirituel et de réprimer sans cesse les mouvements de la concupiscence en mortifiant nos passions et nos désirs déréglés, qui sont les suites du péché originel ; enfin qu’elle nous obtienne par sa puissante intercession la contrition et le pardon de nos péchés actuels.

Je vous salue, Marie...

 

7° Considérez que le corps et l’âme de la sainte Vierge devant être la demeure du Fils de Dieu furent préparés à cette faveur par les opérations surnaturelles du Saint-Esprit, qui la remplit de toutes les grâces les plus excellentes, des vertus les plus éminentes, et des dons les plus sublimes. Et peut-être sommes-nous par le péché indignes de porter Jésus-Christ dans nos cœurs, qui sont le siège du démon qui y domine.

Prions donc la sainte Vierge qu’elle chasse le démon de nos âmes et qu’elle bannisse le péché de nos cœurs, qu’elle couvre nos vices et nos défauts de ses vertus et de ses perfections, et qu’elle nous enrichisse de ses mérites, qu’elle orne nos âmes de sa pureté, de telle sorte que nous puissions aussi servir de même à son Fils, qui vient réellement en nous par le Communion, et que nous devenions les Temples du Saint-Esprit, qui habite dans les justes par sa grâce. Et comprenons de là quelles préparations nous devons apporter à la sainte Table, puisque la sainte Vierge fut si longtemps préparée à porter le Sauveur dans son sein par toutes sortes de grâces et par la plus fidèle correspondance à toutes ces grâces. Que ne devons-nous pas faire pour le recevoir dignement ! Prions chaque fois la très sainte Vierge de nous prêter sa sainteté, sa charité, sa piété, sa ferveur, et toutes ses vertus pour suppléer à ce qui nous manque. En un mot, qu’elle nous donne son Cœur pour recevoir le Cœur et le Corps de Jésus.

Je vous salue, Marie...

 

8° Considérez que la sainte Vierge, après l’humanité de Jésus-Christ, est la plus parfaite de toutes les créatures. Elle a été élevée au plus haut point de grandeur où une pure créature puisse être élevée. Je dis une pure créature, car Jésus-Christ n’est pas une pure créature, il n’est créé que quant à la nature humaine, et il est lui-même le Créateur de toutes choses quant à sa Personne divine, au lieu que la nature et la personne de la sainte Vierge sont purement humaines et créées. Mais comme l’humanité du Sauveur est la plus éminente des natures créées, la personne de Marie est la plus excellente de toutes les personnes créées. Elle est au-dessus de toutes les Vierges, des Confesseurs, des Martyrs, des Patriarches et des Prophètes, au-dessus des Anges et des Archanges, des Trônes et des Dominations, des Chérubins et des Séraphins. C’est elle qui après l’âme de Jésus-Christ approche de plus près la Sainte Trinité, et qui la contemple le plus clairement, qui l’aime le plus parfaitement, et qui contracte avec elle les liaisons les plus intimes, étant Fille du Père, Mère du Fils, Épouse du Saint-Esprit.

Réjouissons-nous des grandeurs de Marie et prions-la de nous obtenir par son intercession les miséricordes du Père, les mérites du Fils et les lumières, les grâces, les dons, les fruits, les vertus, les inspirations et les consolations du Saint-Esprit. Réjouissons-nous de ce qu’elle a eu la meilleure part dans la grâce et dans la gloire ; reconnaissons-nous indigne des dons de Dieu, et demandons comme la Cananéenne quelques miettes qui tombent de la table du Seigneur. Demandons que Dieu par sa pure miséricorde et par l’intercession de la saint Vierge veuille nous donner de la foi au moins comme un grain de sénevé, nous animer d’une lueur d’espérance pleine de confiance, répandre dans nos cœurs quelques étincelles de ce feu sacré qui embrase son auguste Mère, faire couler sur nous une goutte de son sang adorable et précieux, passer dans notre âme quelques-unes des affections dont la sienne était toute embrasée pour les intérêts de son Père et pour le salut des hommes ; et nous accorder en un mot les précieux restes de son esprit dont Marie a eu les prémices.

Je vous salue, Marie...

 

9° Considérez que la Ste Vierge qui est la cause de notre bonheur comme Ève a été la cause de notre malheur, de nos larmes et de nos gémissements, a apporté par sa naissance la paix, la joie et la sérénité dans tout l’univers ; car comme l’étoile du matin précède le lever du soleil, et comme l’aurore annonce la proximité du jour, la sainte Vierge naissante annonçait au monde que Jésus le soleil de justice allait paraître pour éclairer l’univers par l’éclat de sa doctrine et de ses exemples et dissiper les ténèbres qui régnaient sur la surface de la terre.

Prenons part à la sainte joie que la naissance de Marie cause aux Anges et aux hommes, et prions-la d’intercéder auprès de Dieu en faveur des femmes enceintes, afin qu’elles soient préservées des accidents fâcheux qui pourraient nuire aux fruits qu’elles portent dans leur sein, et qu’ils aient le bonheur de naître heureusement et d’être régénérés par les eaux du saint baptême.

Je vous salue, Marie...

 

10° Considérez que les parents de la sainte Vierge lui imposèrent par une inspiration céleste le saint nom de Marie, qui signifie " maîtresse " et " amertume ", annonçant par avance l’empire souverain qu’elle aurait sur toutes les créatures en sa qualité de Mère de Dieu, et la douleur amère dont son cœur serait pénétré à la vue des souffrances de son Fils. Après le Nom de Jésus il n’y a point de nom aussi saint, aussi vénérable, aussi aimable que celui de Marie.

Ainsi louons, bénissons sans cesse ce saint nom de Marie avec celui de Jésus, dans nos peines, nos tribulations et nos tentations, dans les dangers, dans tous les moments de cette vie, et surtout à l’heure de notre mort. Invoquons les saints Noms de Jésus et de Marie, puisqu’il n’y a point de tentations qu’on ne puisse surmonter, point de si grands pécheurs qui ne puissent se convertir, en un mot point de grâce qu’on ne puisse obtenir par l’invocation et une confiance bien réglée au Nom de Jésus et de Marie.

Saint Joachim et sainte Anne présentant Marie au Temple montrent par leur exemple aux Pères et Mères comment ils doivent offrir leurs enfants à Dieu et leur apprendre dès leur plus tendre jeunesse à l’aimer, à l’adorer, à se consacrer à lui, et leur apprendre à prononcer les saints Noms de Jésus et de Marie dès qu’ils commencent à bégayer.

Je vous salue, Marie...

 

Offrande du premier Dizain

Seigneur, nous vous offrons la sainte enfance de la sainte Vierge et tous les dons sublimes dont elle a été ornée, les vertus qu’elle a pratiquées, pour réparer les défauts de notre enfance et les péchés de notre jeunesse, et pour obtenir à tous les enfants l’avantage d’une éducation chrétienne, et toutes les grâces nécessaires pour passer leur jeunesse dans l’innocence et la piété, afin qu’ils évitent sous la protection de la sainte Vierge tous les dangers et les tentations si fréquents dans cet âge si critique, et qu’ils fassent tous les jours de nouveaux progrès dans la piété à l’exemple de Jésus et de Marie, qui augmentaient en grâce et en sagesse à mesure qu’ils avançaient en âge, d’une manière bien différente, cependant, car Jésus-Christ ne pouvait pas augmenter comme Dieu ni même comme homme, si ce n’est quant à l’extérieur, pour donner l’exemple, car dans l’intérieur son humanité étant unie à la Divinité fut dès le premier moment de sa conception si abondamment comblée de grâce et de vérité qu’il ne pouvait prendre aucun accroissement. Mais la sainte Vierge, quoique pleine de grâces dès le premier moment de sa conception augmentait cependant tous les jours en grâces et en vertus, comme un fleuve tout rempli s’étend et s’élargit à mesure qu’il avance dans sa course.

Gloire au Père...

 

Table de l'Imitation de Marie

 

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