INSTRUCTION POUR LES HOMMES

 

Devoirs des hommes par rapport au mariage

On devrait se marier en chrétien, avec des vues pures, pour la gloire de Dieu, pour multiplier le nombre des fidèles et former des adorateurs de Dieu qui le servent avec piété dans ce monde et le bénissent éternellement dans l’autre, pour se sanctifier soi-même avec son épouse, s’édifiant mutuellement et s’entraidant réciproquement dans tous les besoins du corps et de l’âme. Voilà les intentions qu’on devrait se proposer en embrassant l’état de mariage.

Mais point du tout ! On se marie en païen plutôt qu’en chrétien. On se marie par passion plutôt que par religion. C’est souvent le plaisir et l’intérêt qu’on envisage plutôt que la gloire de Dieu et le salut de son âme. Au lieu de se préparer au sacrement de mariage par des intentions saintes, par des prières, par une bonne confession et une sainte communion, plusieurs cachent des péchés honteux qu’ils ont commis avant le mariage, et eux-mêmes qui les déclarent n’en ont souvent pas une véritable contrition. Ainsi ils profanent le sacrement si nécessaire pour se sanctifier dans un état si difficile et si dangereux. Ajoutez à cela les débauches, les ivrogneries, les intempérances, les danses, et les dissolutions auxquelles on se livre aux noces, les libertés criminelles qu’on y prend, les indécences honteuses qu’on se permet envers la mariée, indécences qui feraient rougir les païens, tant de paroles déshonnêtes qu’on y profère. Tout cela et mille autres désordres qui se commettent dans les festins ne sont propres qu’à attirer la malédiction de Dieu sur les mariages au lieu de la bénédiction qu’il y répandrait si on s’y préparait convenablement et si on s’y comportait décemment. Voilà la cause de tant de mauvais ménages et des suites fâcheuses des mariages célébrés en état de péché mortel, de la désunion entre les époux, et de la mauvaise éducation des enfants.

Or, un homme marié qui veut sincèrement se convertir doit gémir sur tous les égarements de sa jeunesse et sur les désordres de son mariage. Et quand il voit qu’il s’est marié avec des intentions et des dispositions criminelles, il doit rétracter ses mauvaises intentions, et se proposer des vues plus chrétiennes. Il doit se proposer de demeurer dans l’état du mariage et d’en remplir les devoirs en vue de Dieu et de son salut, d’en supporter les peines par un esprit de pénitence. Et après avoir détesté et confessé ses péchés, qui l’ont privé de la grâce du sacrement, il doit par de ferventes prières demander à Dieu qu’il lui rende ces grâces auxquelles il a mis obstacle par ses mauvaises dispositions. Il doit prier le Dieu de miséricorde qu’il lui accorde une nouvelle bénédiction à la place de la malédiction qu’il s’était d’abord attirée par sa faute. Il serait bien à propos que les hommes mariés fissent un sérieux examen sur leur jeunesse, pour voir comment ils ont passé cet âge si critique, dans quels désordres ils sont tombés, s’ils ont confessé tous leurs péchés avec une vraie contrition. Ils doivent tâcher de réparer dans une bonne confession générale tous les défauts de leurs confessions précédentes.

C’est une erreur grossière que de s’imaginer que tout soit permis dans le mariage. On peut dire, au contraire, qu’une infinité de personnes se damnent dans le mariage en s’y permettant des infamies et des abominations directement opposées à la sainteté qu’il exige, et malheureusement ces personnes mal instruites ou aveuglées par la passion qui les domine ne se confessent pas même des désordres qu’elles commettent. Voilà comme on se damne dans tous les états. Dans la jeunesse on se laisse entraîner dans le libertinage par de mauvaises compagnies ; dans le mariage on se permet des libertés infâmes qu’on cache au tribunal de la Pénitence.

L’usage du mariage est non seulement permis, mais saint, puisque Dieu l’a établi et que Jésus-Christ l’a sanctifié. Mais pour cela, pour qu’il soit saint et digne d’être offert à Dieu comme une action méritoire, il faut que tout se passe décemment, qu’on se propose une bonne fin, telle que la propagation du genre humain, la multiplication des fidèles et des adorateurs du vrai Dieu, ou la justice en rendant à son époux, à son épouse, le devoir qu’on lui doit, ou la paix, l’union, la charité, pour se délivrer de la tentation et éviter de tomber dans quelque péché contraire à la sainte vertu de pureté, en éteignant dans l’usage d’un légitime mariage les feux de la concupiscence. Cependant, l’acte du mariage, quoique bon en lui-même quand tout se passe comme il convient à des saints et à des chrétiens, et qu’on se propose une bonne fin, qu’on ne se permette que ce qui est permis et que ce qu’il faut pour le consommer, qu’on en use dans les temps et les circonstances convenables sans donner lieu de scandale à personne.

Cet acte devient criminel et péché mortel,

1° quand c’est une passion criminelle qui en est le principe, qu’on y met toute son affection, son bonheur, sa félicité, qu’on préfère son plaisir à son Dieu et à son salut. C’est pourquoi l’écriture nous apprend que les sept époux de Sara furent étouffés par le démon, en punition de la passion infâme qui les inspirait dans l’usage du mariage.

2° L’acte du mariage est toujours péché mortel toutes les fois qu’on empêche la génération, ou qu’on nuit notablement au fruit déjà conçu. Ce premier péché est celui de Het et d’Onan, que Dieu punit de mort, parce que, dit l’écriture, ils faisaient une chose détestable, parce qu’ils usaient du mariage d’une manière contraire à la génération.

3° Quand on exige ou qu’on rend le devoir du mariage d’une manière contraire à la nature et dans une situation notablement indécente, surtout quand elle empêche la conception.

4° Les attouchements qui se font en vue de l’union des époux, et qui se rapportent à la consommation du mariage, sont permis, mais ils sont criminels s’ils se font pour satisfaire une passion brutale, surtout s’il s’agit de fouiller l’un ou l’autre des époux. Voilà pourquoi l’Église, en bénissant les époux, demande pour eux qu’ils évitent les attouchements illicites ; cependant on ne regarde que comme péchés véniels ceux qui ne sont que momentanés et sans danger de souillure.

5° Les libertés honnêtes, les baisers, les familiarités décentes sont permises entre les gens mariés, pourvu qu’ils se fassent avec bonne intention, comme pour entretenir la paix, l’union, l’amitié, etc. ; mais des libertés infâmes sont des péchés abominables. Que chacun s’examine et interroge son pasteur et son confesseur pour savoir ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Qu’il est à craindre de se laisser aveugler par la passion et de se faire une fausse conscience !

6° Ce n’est pas la vue du plaisir charnel qui doit unir les époux ; ils doivent se proposer des motifs plus chrétiens. C’est toujours pécher que d’user du mariage par le motif du plaisir sensuel. C’est péché mortel quand on y met sa fin dernière, et péché véniel quand on n’y est pas si attaché qu’à sa fin, de sorte qu’on préfère toujours Dieu et son salut à cela et à toute autre chose, et qu’on soit prêt à tout quitter et à tout sacrifier plutôt que de commettre un péché mortel pour quelque plaisir et quelque intérêt que ce soit. Le sentiment de la concupiscence n’est pas péché en soi-même, mais il est dangereux qu’on s’y laisse trop aller et que la chair ne domine sur l’esprit. Voilà pourquoi les grâces du sacrement sont si nécessaires aux époux pour vaincre les tentations de la concupiscence. Il est quelquefois plus aisé de s’abstenir tout à fait du mariage que d’en user sobrement et chrétiennement. Les deux grands apôtres saint Pierre et saint Paul, éclairés et inspirés des lumières de l’Esprit-Saint, ont pris grand soin d’instruire les fidèles des devoirs du mariage. Saint Pierre dit que les maris doivent habiter avec leurs épouses selon la science, c’est-à-dire qu’ils doivent savoir ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, ce qui convient et ce qui ne convient pas, qu’ils doivent respecter le corps de leurs épouses - impartientes honorant (1 P 3, 7), - parce qu’elles participent à la même grâce et qu’elles sont destinées à la même gloire. En effet, le corps de la femme, aussi bien que celui du mari, est consacré par le saint-chrême dans le baptême, et encore plus par la sainte eucharistie. Le chef des apôtres a donc bien raison de dire qu’il faut le respecter. Malheur donc à ces maris brutaux, qui, sans avoir aucune considération pour le caractère du baptême et la dignité de chrétien dont leurs femmes sont honorées aussi bien qu’eux, ne les envisagent que comme l’objet de leur sensualité et abusent de leurs corps pour satisfaire leurs désirs criminels et leurs détestables passions. Ce n’est pas là respecter le corps de leurs femmes comme Dieu l’ordonne ; mais c’est en abuser, c’est le profaner, c’est le déshonorer, c’est se dégrader et s’avilir au-dessous des bêtes.

Saint Paul dit aussi que le mariage est honorable en tout, à tous égards. Il faut donc que les époux se comportent décemment et honorablement dans tous les devoirs du mariage. Il dit encore que chacun sache posséder le vase de son corps en honneur et en sainteté. Saint François de Sales dit que sainte Catherine de Sienne vit parmi les damnés plusieurs âmes extrêmement tourmentées pour avoir violé la sainteté du mariage, parce que, ne se faisant point de conscience des désordres qu’ils y commettaient, ils y avaient longtemps persévéré. Le même saint dit encore que les époux doivent être modérés dans l’usage du lit nuptial.

Enfin, l’écriture nous apprend qu’il y a temps pour tout. Il y a un temps d’abstinence destiné pour la pénitence, pour la prière, pour se préparer à la sainte communion, pour la sanctification des dimanches ; et l’Église exhorte les époux à s’abstenir du mariage au moins dans ces temps consacrés spécialement au culte de Dieu et à la pénitence. C’est aussi pourquoi saint Pierre recommande aux maris d’user sobrement et prudemment du mariage, de telle sorte qu’il ne soit point un obstacle à la prière ni aux exercices de religion, ut non impediantur orationes vestras (1 P 3, 7).

Hors du temps destiné à l’usage du mariage il ne faut ni s’en occuper ni en parler, ni même y penser, mais se conduire comme des honnêtes gens qui ne pensent au boire et au manger que lorsqu’ils se mettent à table, et après le repas se lavent les mains et la bouche pour n’avoir plus le goût ni l’odeur de ce qu’ils ont mangé. C’est une comparaison que saint François de Sales applique aux gens mariés, pour leur montrer avec quel détachement ils doivent user du mariage chrétien, selon ces paroles de l’Apôtre : " Que celui qui a une épouse soit comme n’en ayant pas ! ". Saint François de Sales, dont la doctrine est approuvée par l’Église, dit encore en parlant du lit nuptial : Que quoi que le commerce de l’époux soit de lui-même saint, juste, et utile à la République, il est néanmoins en certains cas dangereux à ceux qui le pratiquent. Car quelquefois il rend les âmes fort malades de péchés véniels, comme il arrive par les simples excès ; et quelquefois il les fait mourir par le péché mortel, comme il arrive lorsque l’ordre établi pour la production des enfants est violé et changé, auquel cas selon qu’on s’égare plus ou moins de cet ordre les péchés sont plus ou moins exécrables, mais toujours mortels.

 

Devoirs des maris envers leurs femmes

Le premier devoir, c’est de les aimer : " Maris, aimez vos femmes comme Jésus-Christ a aimé son Église ", disait saint Paul (Col 3, 19). C’est-à-dire qu’il ne suffit pas de les aimer d’un amour naturel, mais qu’il faut les aimer d’un amour surnaturel et divin, qui tende à leur sanctification, comme Jésus-Christ a aimé son Église jusqu’à verser son sang pour la laver, la purifier, et la sanctifier, lui faisant part de ses mérites, lui communiquant sa grâce et la gloire. Un mari chrétien ne doit rien avoir tant à cœur que le bien spirituel de sa femme et de ses enfants. Il doit tout faire et tout sacrifier pour les faire marcher avec lui dans la voie du salut et les conduire au ciel, où ils seront réunis dans la félicité éternelle. Il y a des époux qui s’aiment d’un amour passionné qui les porte à des excès criminels ; mais souvent cet amour se change en haine, et il a toujours de funestes effets. Il y a des époux qui s’aiment d’un amour naturel, qui est permis en lui-même, mais qui n’est d’aucun mérite à moins qu’il ne soit sanctifié par la grâce et la religion. Ainsi, le véritable amour qui doit unit les époux, c’est un amour saint et naturel, qui vient de Dieu et que le Saint-Esprit inspire. Cet amour surnaturel est stable et constant, et il tend à la gloire de Dieu, à la sanctification des époux et à l’éducation des enfants.

Le second devoir essentiel des maris envers leurs femmes, c’est la fidélité. Souvenez-vous de la promesse que vous avez faite aux pieds des autels et que vous avez confirmée par un serment solennel : Je vous jure et vous promets que je vous assisterai dans toutes vos nécessités. Gardez donc inviolablement votre promesse. Soyez fidèle mari. Vous vous êtes engagé et lié par les nœuds sacrés du mariage, qui est indissoluble et qui doit durer jusqu’à la mort. Votre corps n’est plus à vous ; il est à votre épouse ; ainsi vous n’êtes plus le maître d’en disposer en faveur d’aucune autre sans vous rendre coupable de quatre péchés mortels. 1° Vous péchez contre la justice en manquant de fidélité à votre épouse. 2° Vous péchez contre la religion en violant votre serment et en vous rendant coupable de parjure. 3° Vous péchez contre la sainteté du sacrement que vous profanez. 4° Vous péchez enfin contra la pureté, que vous altérez.

Voilà pourquoi les péchés d’impuretés commis par des gens mariés sont beaucoup plus griefs que ceux qui se commettent hors du mariage. Cette multiplicité de péchés ne se rencontre pas seulement dans le crime infâme qu’on nomme adultère, mais encore dans toutes les autres fautes contraires à la chasteté, soit pensées, paroles, désirs, regards, libertés ou familiarités avec une personne du sexe. Aussi le Sauveur nous dit dans l’évangile que celui qui regarde une femme avec des yeux de concupiscence a déjà commis l’adultère dans son cœur. Ainsi, chers époux, qui vous êtes engagés dans les liens du mariage avec l’épouse que Dieu vous a donnée, ne pensez plus à d’autres qu’à elle ; n’aimez qu’elle seule d’un amour conjugal ; n’ayez d’autre familiarité et ne prenez d’autre liberté envers d’autre, quelle qu’elle soit. Vous voulez que vos femmes vous soient fidèles : ne leur manquez pas les premiers de fidélité, car comment pouvez-vous exiger la chasteté de vos épouses si vous vivez dans l’impureté ? Vous voulez qu’elles soient chastes et qu’elles n’aient aucune liaison avec d’autres hommes : n’en ayez donc point vous-mêmes avec d’autres femmes.

La troisième obligation des maris envers leurs femmes, c’est l’assistance dans tous les besoins spirituels et corporels, selon cette promesse, " Je vous assisterai dans toutes vos nécessités ". Quand on se marie par intérêt ou passion l’amitié ne dure qu’autant que l’intérêt ou la passion trouvent des motifs qui l’entretiennent. Mais à peine un époux et une épouse ont-ils perdu leur agrément, à peine sont-ils hors de l’âge propre à contenter la passion que l’on voit leur amitié prétendue dégénérer en indifférence, en dégoût, quelquefois même en haine ; et il y en a qui vont jusqu’à souhaiter la mort, au lieu que lorsqu’on s’est marié en chrétien, l’amour sincère, véritable, et surnaturel que la religion inspire se soutient toujours. Ainsi des époux chrétiens sont unis jusqu’à la mort ; ils partagent leurs consolations et leurs chagrins, leurs biens et leurs maux. Plus un époux est dans la peine, plus l’autre prend soin de le soulager. Ni l’âge le plus décrépi, ni les infirmités les plus dégoûtantes, ni les maladies les plus longues ne sauraient altérer son amitié ni sa charité. Voilà les effets des mariages chrétiens : l’union, la concorde, la paix, le support mutuel des défauts l’un de l’autre, l’assistance et la consolation dans les adversités et la pauvreté, les avis charitables qu’on se donne réciproquement pour se porter au bien. Les maris doivent sans doute, comme chefs, corriger leurs femmes si elles tombent dans le désordre, mais ils doivent aussi écouter et recevoir avec reconnaissance les sages remontrances que leurs femmes leur donnent pour les retirer eux-mêmes du crime, des cabarets, des lieux de débauches, des mauvaises compagnies ou d’autres dangers semblables.

 

Devoirs des hommes envers leurs enfants et leurs domestiques

Saint Paul affirme en termes formels que celui qui n’a pas soin des siens, c’est-à-dire de ses enfants, de ses proches, et de ses domestiques, c’est-à-dire de tous ceux qui demeurent dans sa maison et que la Providence a soumis à ses soins et à sa direction, est pire qu’un infidèle et qu’il a renié la foi. Ainsi, un père de famille étant le chef, il doit gouverner toute la maison, femme, enfants, domestiques, ouvriers, journaliers ; il doit prendre soin du salut de tous, veiller sur tous, les empêcher de tomber dans le désordre, les porter au bien par ses paroles et encore plus par ses exemples. Il doit les instruire ou les faire instruire, les faire approcher des sacrements, leur faire observer les commandements de Dieu et de l’Église, employer tous les moyens pour corriger leurs vices et les porter à la vertu, veillez à ce que les garçons et les filles n’aient aucune familiarité entre eux et ne tiennent aucun discours déshonnête. Si les enfants ou les domestiques se livrent à quelque excès, comme à l’ivrognerie ou à l’impureté, il doit les corriger et les punir. S’ils fréquentent des lieux de débauche, des compagnies dangereuses, les danses, les cabarets, il doit aller les chercher, les retirer du précipice. Car si son animal, son bœuf ou son cheval tombait dans un fossé il irait sans doute le retirer du danger. Or la vie spirituelle de l’âme de ses enfants ou de ses domestiques doit lui être plus chère que la vie corporelle de son animal.

Le chef de famille a reçu de Dieu l’autorité pour gouverner toute sa maison. Aussi il rendra compte de tout ce qui s’y passe, des désordres qui s’y commettent, de tout le mal qui s’y fait pas sa faute et de tout le bien qui ne s’y fait pas par sa négligence. Un père chrétien et zélé fait régner la religion et la piété dans sa famille. Aussi voyons-nous que cet officier de l’évangile, ayant cru en Jésus-Christ, engagea toute sa maison à croire en lui. Et Corneille, dont il est parlé dans les Actes des apôtres, avait tellement gagné à Dieu par son zèle et sa piété les gens qui le servaient et les soldats qu’il commandait que le Saint-Esprit descendit visiblement sur eux. Mais aussi, par une raison contraire, qu’un père sans religion ou un maître débauché fait du mal par ses discours impies et ses exemples scandaleux ! Il détruit d’une main ce qu’un pasteur zélé édifie de l’autre.

Il y a des gens si ennemis du bien qu’ils contredisent les prêtres et empêchent leurs enfants et leurs domestiques de profiter des avis salutaires de leurs pasteurs et de leurs confesseurs. Pères et mères, soyez bien persuadés que vous ne pouvez rien laisser de plus précieux à vos enfants qu’une éducation chrétienne. Faites tout ce qui dépend de vous pour leur inspirer des sentiments de religion et d’une piété sincère. Inspirez-leur un grand amour de Dieu et du prochain. Si vous avez des ennemis, loin de susciter dans vos enfants des sentiments de haine contre eux, apprenez-leur à les aimer. Inspirez-leur du mépris pour les biens de la terre et de l’ardeur pour les biens du ciel, de l’affection pour la vertu et de l’horreur pour le péché. Ne laissez échapper en leur présence aucune parole qui puisse les scandaliser. Ne vous inquiétez pas beaucoup s’ils sont pauvres, pourvu qu’ils soient pieux. Ne leur laissez pas le bien d’autrui : ce serait pour eux un sujet de damnation. Si vous avez du bien mal acquis, retournez-le vous-mêmes plutôt que de charger vos héritiers d’une restitution qu’ils ne feront peut-être pas. En un mot, comportez-vous de telle sorte à l’égard de vos enfants que vous les meniez au ciel, pour bénir, louer, et aimer le Dieu Tout-Puissant, qui les a créés et les a confiés à vos soins comme des dépôts sacrés dont vous lui rendrez un compte exact et rigoureux, car s’ils viennent à se perdre, à se damner par votre faute, il y a tout à craindre qu’ils ne vous entraînent avec eux dans l’enfer, où ils vous maudiront à tout jamais.

Ceux qui sont échevins, maires, syndics, bangards [gardes forestiers], gardes de cabarets, doivent remplir exactement les obligations de leurs charges, garder leur serment, concourir avec leur pasteur à empêcher tous les désordres qui se commettent dans les villages, et à faire régner partout l’ordre et la piété.

 

Défauts ordinaires des hommes

Un des défauts les plus communs aux hommes, c’est la négligence du salut et l’attache au temporel. " Que sert à l’homme ", dit Notre-Seigneur dans l’évangile, " que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? ". Il n’y a qu’une chose nécessaire, qui est de servir Dieu et de faire son salut. Tout le reste n’est rien en comparaison. L’affaire du salut est la première et la plus importante ou, pour mieux dire, l’unique affaire. Elle devrait par conséquent marcher avant toutes les autres. Quel aveuglement de donner tous ses soins au corps et de négliger l’âme, d’être si occupé des affaires du monde, qui ne sont que des bagatelles, et de négliger la grande affaire du salut ! Quelle stupidité de travailler avec tant d’assiduité pour la terre, et de ne pas faire un pas pour le ciel, de s’occuper si fortement du temps et du temporel, et d’être si indifférent pour le spirituel et l’éternité ! Quelle folie de tant craindre les maux passagers de cette vie, et d’appréhender si peu les peines éternelles de l’enfer ! Quel endurcissement de s’attacher à la terre, et de ne pas désirer le ciel !

Voilà cependant comme sont la plupart des hommes qui vivent sur la terre ! Toutes leurs pensées, leurs désirs, leurs affections se portent vers les biens, les plaisirs, et les intérêts temporels, et ils sont dans la plus mortelle indifférence pour le salut éternel. Quand il s’agit de quelque intérêt, de quelque argent, d’un avantage terrestre, ils sont tout de feu. Mais s’il s’agit de la gloire de Dieu et du salut de leur âme, ils sont tout de glace. Point de goût pour la prière, pour la parole de Dieu, pour les bons livres, pour approcher des sacrements. A peine a-t-on commencé une prière qu’on voudrait l’avoir finie. À peine est-on entré dans l’église qu’on voudrait en sortir. La prédication, l’office divin, et les exercices de piété sont toujours trop longs. Une heure passée à l’église leur paraît insupportable, tandis qu’ils passeront un après-midi et quelquefois des nuits entières au cabaret. Les hommes ont une sorte d’horreur pour la confession et un dégoût mortel pour la communion, parce qu’ils cherchent leurs consolations, non pas dans Dieu, mais dans les plaisirs sensuels, dans l’impureté, dans l’ivrognerie, dans le jeu, dans les compagnies des libertins. Voilà pourquoi ils n’ont plus que de l’indifférence et de l’éloignement pour Dieu, pour les sacrements, et pour tous les exercices de religion. Ô enfants des hommes, s’écriait David, jusques à quand serez-vous dans l’aveuglement pour n’aimer que la vanité ? Quittez tout, renoncez à tout, détachez-vous du monde, et vous trouverez tout en Dieu. Vous y trouverez votre consolation, votre bonheur, votre paix, votre félicité, car nous sommes créés pour Dieu, et nous ne serons jamais heureux qu’en le possédant. Tous ceux qui mettent leur fin dernière dans la créature et qui s’y attachent comme à leur félicité sont dans l’état de péché mortel, et incapables de recevoir dignement aucun sacrement. Ils sont dans un état de damnation, puisqu’ils préfèrent la créature au Créateur, la terre au ciel, le temps à l’éternité, le corps à l’âme, le temporel au spirituel, et un bonheur d’un moment à un bonheur éternel.

Voilà cependant le malheur de bien des gens qui se livrent tout au monde et aux affaires du monde, et qui vivent dans une pitoyable négligence du salut. Il y en a un grand nombre qui renoncerait volontiers à la félicité éternelle pour jouir en ce monde d’une félicité temporelle. Ces sortes de gens ont perdu la charité et même l’espérance, qui consiste à se détacher des biens de la terre pour soupirer après ceux du ciel. Ainsi, mes frères, souvenez-vous des paroles de l’Apôtre : " N’ayez plus goût pour les choses de la terre; que toute votre ardeur se porte vers les choses célestes ". Levez sept fois par jour les yeux au ciel et demandez que Dieu attire vers lui vos regards, vos pensées, vos affections, vos esprits, et vos cœurs, qu’il vous prépare une place parmi les élus, et qu’il vous fasse la grâce de la mériter par une vie sainte, fervente, et pleine de bonnes œuvres. Détachez-vous du monde selon ces paroles de saint Paul : " Que ceux qui usent du monde soient comme n’en usant pas, et que ceux qui achètent soient comme ne possédant rien ". Pourquoi ? " C’est ", dit le même apôtre, " que le temps est court, et que la figure de ce monde passe rapidement " (1 Co 7, 29-31).

C’est aussi ce maudit intérêt qui fait perdre aux hommes le fruit de leurs travaux, car la plupart des hommes ne travaillent que par intérêt et par passion, et non par religion. Ainsi leurs travaux, étant faits par des vues passionnées, deviennent criminels, et au lieu de mériter une récompense pour le ciel, ils méritent un châtiment dans l’enfer. Au lieu d’expier leurs péchés en supportant avec patience les rigueurs et les incommodités du travail dans des vues de pénitence et de religion, ils augmentent le nombre de leurs crimes, parce qu’ils ne travaillent que par orgueil, par ambition, par vanité, par ostentation, ou par sensualité, pour avoir de quoi contenter leurs passions.

Un second défaut ordinaire aux hommes, ce sont les injustices. L’avarice, qui est chez eux une passion dominante, les porte à toutes sortes de péchés, à des injustices, à des vols, à des rapines, à des procès, à des haines et des divisions, car le malheureux intérêt met la discorde dans les familles ; il divise le frère d’avec le frère ; il fait que les enfants en viennent à ce point d’ingratitude qu’ils méconnaissent leurs parents mêmes. Il y a quelquefois des fils assez dénaturés pour désirer la mort de leur père afin de jouir de son héritage. De là cette joie secrète et maligne qu’ils ressentent quand ils apprennent le décès d’un proche qui leur laisse des biens. Quand on est possédé de cette cruelle passion d’avarice il n’y a point de crime dont on ne soit capable. On met son bonheur et sa félicité dans les biens de ce monde ; on en fait son idole et son Dieu. Si on les perd ou si on ne peut les acquérir on est au désespoir. On les estime, on les désire avec une soif, une ardeur incroyable. On les quitte avec le plus vif regret. On est plus sensible à la perte d’un procès, d’un animal, ou d’un peu d’argent qu’à la perte de la grâce, du ciel, et de Dieu même. On veut acquérir et conserver les biens temporels à quelque prix que ce soit : on emploie pour cela les moyens les plus illicites, usure, fourberie, mensonge, parjure. Rien ne coûte ; les plus grands crimes ne font pas horreur quand il s’agit des intérêts de la fortune ; on s’aveugle sur tout ; on se fait une conscience à sa mode pour prendre ou retenir le bien d’autrui ; on empiète sur le terrain de son voisin ; on endommage ses héritages et ses meubles ; on gâte ses champs, on mange ses prairies, on dévaste ses moissons ; on retient le salaire des domestiques et des ouvriers ; on refuse de rendre les choses trouvées ; on suscite des querelles, on intente des procès.

Lorsqu’on a quelque affaire à démêler, on ne doit pas être juge de sa propre cause ; on doit prendre pour arbitre des personnes sages et éclairées, comme son pasteur, ou consulter des avocats. Enfin, si on est forcé de plaider, il faut plaider en ami, en chrétien, en bonne intelligence, ne demandant que la justice ; et comme on doit aimer son prochain comme soi-même, on doit être aussi content de voir que la partie adverse gagne son procès, dès qu’elle a droit, que si on le gagnait soi-même. Il ne faut jamais blâmer ni condamner les autres ; il faut être équitable, se mettre à leur place, écouter leurs raisons. Tenez pour certain qu’il vaut mieux qu’on ait votre bien que de ce que vous possédez celui des autres, car le bien d’autrui sera comme un serpent qui dévorera votre héritage. Heureux ces hommes chrétiens qui ont une conscience droite, et les mains pures et exemptes de toute injustice ! Que ce nombre est rare ! Et combien de milliers d’hommes se damnent tous les jours pour un vil et modique intérêt. Car il est certain, dit saint Paul, que les voleurs, les ravisseurs du bien d’autrui, ni les avares qui sont plus attachés à l’argent qu’à Dieu, ne possèderont jamais le Royaume des cieux, à moins qu’ils ne se détachent d’esprit et de cœur des biens du monde, et qu’ils ne restituent le bien d’autrui.

Un troisième défaut des hommes, c’est l’ivrognerie et la fréquentation des cabarets. Ces lieux ont beau être défendus par les lois ecclésiastiques et civiles, les gens de la campagne ne cessent de les fréquenter, ou sans prétexte, ou sous des prétextes forgés et sans solidité, tant la passion est industrieuse pour se justifier et se conserver. On dit que c’est pour faire des marchés, mais les lois cassent et annulent les marchés faits dans les cabarets. On dit que c’est pour tenir compagnie à un ami. Mais quel ami ? Un ivrogne, un jureur, un impudique, un misérable qui veut vous rendre complice de sa crapule ! Vous appelez cela un ami. Et moi je l’appelle un ennemi mortel, un homicide, puisqu’il veut donner la mort à votre âme, un voleur qui veut vous ravir le précieux trésor de la grâce et vous faire dépenser inutilement votre argent. D’ailleurs, quelle que soit la compagnie qui vous y attire, est-elle préférable à celle de Notre-Seigneur, de sa sainte Mère, et des anges qui sont à l’église ? Ne vaut-il pas mieux choisir celle-ci ?

On se plaint de la misère des temps. On n’a point d’argent pour payer ses dettes, pour faire dire une messe, pour nourrir sa femme et ses enfants, pour acheter du pain, et l’on en trouve pour aller boire avec excès.

Quelle horreur quand un ivrogne plein de vin rentre dans sa maison ! Quel spectacle ! Quelle désolation pour une femme et des enfants ! C’est un démon, qui vient y apporter le trouble, le désordre, la discorde, et le désespoir. C’est un monstre capable de tout mal et incapable de faire aucun bien. Il ne vomit que des paroles impures, des jurements, et des blasphèmes. La fureur, les emportements, les gestes infâmes, les adultères, les batailles, les mutilations, les meurtres, et les homicides ne sont plus pour lui que des jeux. Rien n’est plus mal et illicite à ses yeux que le bien lui-même. Le bon ordre de ses affaires, l’éducation de ses enfants, l’édification du prochain, la sanctification des dimanches et des fêtes, l’observance du carême, ne sont plus pour lui des vertus et des devoirs. Il les enfreint sans le moindre scrupule, quelquefois même avec complaisance. Mais quelles sont les suites de tant d’excès ? Les morts subites et sans sacrements, l’impénitence, et l’endurcissement. Voilà où conduit l’ivrognerie et la fréquentation des cabarets.

Les hommes qui ont quelque désir de faire leur salut doivent bien prendre garde de se laisser entraîner par les sollicitations et les mauvais exemples des autres. Ils doivent être bien persuadés qu’il faut marcher dans la voie étroite pour aller au ciel, et qu’en suivant la multitude on se damne avec elle. L’Église permet bien aux ouvriers dont les travaux sont incompatibles avec le jeûne de prendre une nourriture suffisante pour les continuer, mais elle ne permet pas de boire du vin hors du repas par plaisir et par compagnie. Cependant on voit avec douleur des gens de toute condition boire et manger hors des repas, même au cabaret pendant le carême et les jours de jeûne, tant il est vrai qu’il y a bien peu de personnes qui aient une volonté sincère d’observer tous les commandements de Dieu et de l’Église, et qui soient dignes d’absolution. L’écriture est remplie de ces menaces terribles contre les ivrognes : Malheur à vous qui buvez le vin avec sensualité ! Malheur à vous qui vous flattez de pouvoir boire beaucoup et de savoir porter le vin ! Le fiel des dragons et le venin des aspics : voilà le vin que Dieu dans sa colère prépare aux ivrognes dans l’enfer. Ils présentent à Jésus-Christ du fiel et du vinaigre dans le temps de leurs débauches ; il est juste qu’ils soient abreuvés de fiel et de poison pendant l’éternité.

Un quatrième défaut des hommes, c’est la colère, les emportements, les jurements, et les imprécations dans leurs peines et dans leurs travaux.

Si Adam n’eût pas péché, l’homme aurait travaillé, mais c’eût été un travail facile, doux et agréable, un travail de récréation, au lieu qu’après le péché Dieu a imposé à l’homme un travail pénible et difficile comme la juste peine de son péché : " Vous mangerez votre pain à la sueur de votre visage ". Ainsi dans les travaux les plus pénibles souvenez-vous de cette sentence que Dieu a portée contre vous ; dites-vous à vous-mêmes : Je suis pécheur, il est juste que je fasse pénitence, et mon travail accepté et souffert avec patience, résignation, et soumission à la volonté divine, doit être la matière de ma pénitence. Jésus-Christ mon Sauveur a été dans les travaux dès sa jeunesse ; il a mené une vie pauvre et laborieuse. Je veux donc honorer les travaux de Jésus-Christ par les miens ; je les unis aux siens ; je les offre à Dieu pour sa gloire, mon salut, et mes péchés. Ainsi, quand le travail sera difficile, le temps fâcheux et contraire, au lieu de jurer, de m’impatienter, je dirai avec David : " Je bénirai le Seigneur dans tous les temps et dans tous les lieux ". En sortant de ma maison et en entrant dans la campagne je penserai que toutes les créatures m’invitent à bénir, à louer, et à aimer le Créateur. Le ciel qui me couvre, la terre qui me porte, l’air que je respire, tout me portera à penser à Dieu, qui a tout créé pour mon usage. Quand je verrai des objets multipliés, je multiplierai les louanges du Seigneur et les actes de religion pour le glorifier, en disant, par exemple : " Que Dieu soit béni, loué, adoré, aimé, autant de fois qu’il y a d’étoiles au ciel, de grains de sable et de poussière sur la terre, autant de fois qu’il y a de gouttes d’eau dans la mer, les rivières, et les ruisseaux, autant de fois qu’il y a d’herbes dans les prairies, de feuilles dans les forêts, de blés dans les moissons ", etc.

C’est une détestable coutume de beaucoup d’homme de proférer des paroles impures. Comme la bouche parle de l’abondance du cœur ces obscénités montrent bien que le cœur de ceux qui les débitent est corrompu par l’infâme passion de l’impudicité et qu’ils sont l’organe du démon, qui veut par là infirmer dans ceux qui les entendent le poison dont leur âme est infectée. Ces malheureux sont le scandale et les corrupteurs de la jeunesse, à qui ils apprennent le mal qu’elle ignorait. Il y en a qui poussent l’insolence jusqu’à manquer de respect à des filles et à des femmes, et à ne plus se prescrire de retenue envers le corps de ces pauvres innocentes rachetées du Sang de Jésus-Christ. Comme les ministres de Satan ils attentent à leur honneur par la voie de l’insinuation, des promesses, et quelquefois même par la violence. Quelle horreur !

 

Des hommes âgés

Les vieillards doivent supporter patiemment les infirmités de la vieillesse pour expier les péchés de leur jeunesse. Ils doivent se détacher de tout, se préparer à la mort, se priver de tous les plaisirs du monde pour se punir de s’être trop livrés aux plaisirs criminels. Ils peuvent souhaiter la mort, non pas par impatience, mais par le désir de voir Dieu dans le ciel, après lequel ils doivent toujours soupirer comme après leur patrie. Ils doivent aussi donner aux jeunes gens de bons exemples en les édifiant par leur prudence, leurs remontrances, leur gravité, et leur piété.

 

SAINTES RÉSOLUTIONS

que les hommes doivent prendre

pour se sanctifier dans leur état

Je veux désormais, avec le secours de la grâce, remplir tous les devoirs de mon état, user sobrement du mariage, et toujours dans de saintes vues et jamais par passion, avec l’honnêteté, la modestie, et la modération qui convient à des chrétiens, à des saints. Je veux aimer mon épouse d’un amour surnaturel, respecter son corps, supporter ses faiblesses, soulager ses peines, pourvoir à ses besoins, procurer son salut, et vivre avec elle en paix et en union. Je lui conserverai une fidélité inviolable.

Je veux procurer à mes enfants et à mes domestiques une éducation chrétienne, les éloigner du vice, les empêcher d’aller aux danses et au cabaret. Je veillerai sur leur conduite. Je ne leur permettrai jamais de fréquenter les mauvaises compagnies, ni des personnes d’un autre sexe, encore moins de courir la nuit, de donner du scandale. Je ne souffrirai jamais dans ma maison ni danses, ni jeux défendus, ni ivrognerie, ni familiarité entre des personnes d’un sexe différent, ni paroles, ni chansons déshonnêtes, ni médisances.

Je veux remplir les devoirs de ma vocation en vue de Dieu. Je veux travailler, non pas par passion et par intérêt, mais par religion, dans un esprit de pénitence et résignation, me conformant en tout à la volonté de Dieu, dans tous les temps, les lieux, les événements de la vie, bénissant Dieu en tout et demandant que tout ce qui pourra m’arriver de bien ou de mal tourne toujours à sa gloire et à ma sanctification.

Je ne ferai jamais tort à personne ; je rendrai à chacun ce qui lui est dû ; j’éviterai les haines, les disputes, les querelles, et les procès. Je ne me vengerai pas de mes ennemis ; je les traiterai avec charité, bonté, comme mes meilleurs amis. Je fuirai les cabarets comme des lieux pestiférés. Je ne boirai jamais par excès, ni hors des repas pendant le carême et les jours de jeûne, comme font les mauvais chrétiens qui transgressent les lois de l’Église pour contenter leur sensualité et complaire à un ami de table et de plaisir qui les invite à boire.

Je ne profèrerai jamais aucune parole déshonnête ; j’empêcherai même autant que je pourrai les mauvais discours et toutes sortes de péchés.

Je préfèrerai la gloire de Dieu et mon salut à tout. Je ne mettrai mon bonheur et ma félicité que dans Dieu ; et je ne regarderai toutes les choses du monde qu’en passant, et comme des moyens pour arriver à ma fin.

*

Je prie le Seigneur pour tous ceux qui liront cette exhortation, et demande pour eux la grâce d’en tirer toute l’utilité possible pour le salut de leur âme. C’est le zèle et la charité que j’ai pour leur sanctification qui me l’a fait écrire. Je prie aussi la sainte Vierge, saint Joseph, sainte Anne et saint Joachim, vrais modèles des époux chrétiens, d’intercéder pour toutes les personnes qui veulent embrasser l’état du mariage ou qui y sont déjà engagées, afin qu’ils leur obtiennent toutes les grâces nécessaires pour s’y sanctifier et élever saintement leurs enfants.

J’exhorte aussi de tout mon cœur les hommes de s’approcher souvent des sacrements, car c’est l’éloignement qu’ils ont pour la confession et la communion qui fait qu’ils croupissent dans la tiédeur et la négligence du salut. Qu’ils fassent donc de généreux efforts pour sortir d’un état si misérable ; qu’ils aillent se confesser tous les mois, et s’ils sont tombés dans quelque péché mortel, qu’ils se relèvent promptement de leur chute en recourant sans délai au tribunal de la pénitence sans demeurer plus longtemps dans cet état de damnation. Enfin, au lieu de ce dégoût mortel qu’ils ont pour la prière, pour la parole de Dieu, pour les offices divins, pour de saintes lectures, qu’ils fassent maintenant leurs délices de tous ces saints exercices de piété. Qu’ils passent au moins autant de temps à l’église aux pieds des autels qu’ils en ont passé dans les cabarets, dans les jeux, les débauches, les intempérances, les impuretés, et d’autres semblables désordres. Qu’ils demeurent dans les églises, dans la compagnie de Jésus-Christ et des anges, autant de temps qu’ils en ont perdu avec leurs compagnons de table et de débauches. Qu’ils expient les jours de crime par des jours de pénitence, les jours d’intempérance et de crapule par des jours de sobriété et de jeûne. Qu’ils rachètent les jours de dissolutions et de dissipations par des jours de prière et de recueillement. Qu’ils récupèrent les jours de tiédeur et de négligence par des jours de ferveur et par la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres ? Voilà ce que saint Paul appelle racheter le temps, et voilà ce que je vous souhaite, mes chers frères, et ce que je demande à Dieu pour vous au nom de Jésus-Christ, par l’intercession de la sainte Vierge, des anges, et des saints, particulièrement de vos bons anges et de vos patrons. Ainsi soit-il.

Les hommes liront aussi avec fruit l’instruction des garçons.

Avec Permission des Supérieurs

 

Présentation des Instructions

 

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