Ecoliers du Séminaire.

 

Nous étions trois prêtres au séminaire ; chacun travaillait de son mieux à l’éducation des sujets. Monseigneur m’y fit envoyer ceux que j’avais commencé à instruire sur les montagnes. M. Gleyo y fit venir le frère de son disciple, qui fit les progrès les plus rapides dans l’étude et la piété. Au bout de deux ans, je lui expliquai déjà la théologie latine ; il avait des talents pour le gouvernement.

M. Gleyo, sur le point de l’entendre en confesse, eut une lumière qui lui assurait que Dieu avait des vues de prédilection sur ce sujet, et il ne savait si c’était pour la prêtrise ou la prédestination, ou pour l’une et l’autre. L’événement fit voir que ce n’était point pour la prêtrise, mais pour en faire un élu, car il mourut deux ou trois ans après ; il avait été environ cinq ans avec moi. Nous en perdîmes encore un bon à la persécution de Táo-pâ dont je parlerai. Tout malade qu’il était, il fit des efforts extraordinaires dans sa fuite, et il mourut.

Quelques années auparavant, mourut à Tchàng-Keòu, aussi bien que lui, un excellent sujet nommé Tang, que j’avais dessein d’envoyer sur les montagnes commencer une école latine pour les enfants de ce pays-là ; mais Dieu avait d’autres desseins sur lui ; il mourut en prédestiné, comme il avait vécu, plein de candeur, de droiture, humble, exact à tous des devoirs, zélé ; il avait eu part à la persécution de la veuve Lô ; lorsque les prétoriens la traitèrent si indignement, il y était ; c’était lui qui la conduisait : il a fait voir sa fermeté et sa patience, son attachement à la religion ; il s’était converti fort jeune, étant domestique chez la tante de Monique Vèn, dont j’ai parlé, c’est là qu’il s’est formé à la piété. Ainsi la plupart de nos meilleurs sujets moururent, et dans la suite plusieurs autres se dérangèrent et retournèrent chez eux, dès que M. Gleyo cessa d’y avoir l’œil. Mais lorsque nous y étions encore, le disciple qui avait souffert avec lui, au commencement de la persécution et qu’on avait ensuite renvoyé ayant été au séminaire de Pondichéry quelques années, en revint à la demande de M. Gleyo. Ce fut pour lui une consolation si grande de le recevoir qu’il ne pouvait contenir sa joie. Après quelque délibération, nous l’envoyâmes, avec M. Tcheòu et Tziàn, à Monseigneur pour recevoir tous les ordres, et ils furent tous trois ordonnés prêtres. M. Sên l’était déjà depuis trois ans environ, à la sortie de prison de M. Gleyo. Ces jeunes prêtres revinrent au séminaire après leur ordination, et M. Gleyo travailla beaucoup à leur apprendre à dire la messe ; ce qu’il fait pour les autres, il le fait avec zèle, charité, ardeur ; je n’ai vu nulle part un amour du prochain plus sincère et plus efficace ; aussi le séminaire qu’il avait bâti eut quelque utilité ; mais cela ne dura pas longtemps, comme on le verra dans un moment.

 

Persécution de l’Yûn-nân.

 

Table de la Grande Relation

 

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