Autre événement critique
Après avoir été très édifié des sentiments et de la vue de Mr. Gleyo, je retournerai dans mon district, je craignais encore mon ancien ennemi en approchant de Soûi-foù, où jexerçais mon ministère, ensuite sur le point de partir sur une barque païenne, les chrétiens, suivant leur affection plutôt que la prudence, me conduisaient et me faisaient des démonstrations de respect qui ne se font pas pour des gens du commun ; cela frappa les yeux des païens, il y eut une barque qui partit avant nous, et en donna avais aux gardes de la ville où nous devions gîter. À peine fûmes-nous arrivés, que ces barques vinrent sur la nôtre inquiéter le maître et lui demander de largent. Le maître ne se défiant de rien, répond avec fermeté et refuse de rien donner. Ils menacent de venir faire la recherche de tous les effets, et disent à côté de moi : " Nous voulons voir le barbare quil amène avec lui. " Ils saisissent les avirons de la barque, et sen vont ; me voilà encore dans de furieuses entraves ; cependant je pris la précaution de soustraire mes ornements à la recherche quon menaçait de faire, et pour mieux cacher notre démarche, jenvoie un de mes compagnons coucher à lauberge avec le paquet des ornements et je demeurai avec lautre sur la barque, passant toute la nuit dans les plus cruelles inquiétudes sur ce qui arriverait le lendemain.
La nuit passée, les alarmes redoublent à lapproche du moment où notre affaire allait se discuter, cependant Dieu nous protégea ; le maître de la barque alla avec confiance faire ses plaintes au mandarin qui ordonna de rendre les avirons ; les voyant rapportés, je commençai à reprendre confiance, et quand on nous eut dit que laffaire était terminée, jenvoyai chercher notre compagnon, et nous partîmes. Cependant, je ne laissai pas dêtre souvent inquiété par les gens du bateau qui étaient tous païens, et qui, remarquant toujours quelque différence dans mes façons et mon langage, demandaient souvent qui jétais.
Arrivé à la première chrétienté de mon district, jappris quon venait dafficher un édit aux carrefours pour défendre la Religion chrétienne, et ordonner dapporter nos livres au prétoire. Ce fut probablement dans ce temps-là, quà loccasion dune persécution excitée contre ces lâches chrétiens des environs de Tchang-Keou, le mandarin de la ville de Tchong-Kin fit un édit sanglant, défendant notre Religion sous peine davoir la tête tranchée pour ceux qui lenseigneraient, et sous peine dexil et de tourments pour ceux qui lembrasseraient ou la pratiqueraient, et il nous accusait de tenir des assemblées nocturnes et de séduire les gens. Jai lu cet édit et lai conservé ; cependant il neut aucun effet, et ayant été envoyé au prétoire, il le désapprouva, et voilà comme la providence dissipe tous les conseils des hommes qui se réunissent contre Dieu et son Christ : tous leurs projets sévanouissent comme la fumée, et la vérité du Seigneur sudiste éternellement : Veritas Domini manet in æternum.
Écoles dans le district de M. Devault.