Quand je fus à la capitale voir Mgr. l’Évêque, je fus appelé pour un malade à une journée de la ville, au nord-ouest ; et là, on me fit voir une jeune fille autrefois possédée, et je la vis parfaitement saine, je lui parlai, et elle conversa avec moi. La possession de cette fille était connue partout, des mandarins mêmes. Ses parents ayant employé inutilement tous les moyens imaginables pour la délivrer, il y eut des chrétiens de sa connaissance, peut-être de ses parents, qui s’en chargèrent. Mgr. entreprit de l’exorciser, mais auparavant il invita les chrétiens à un jeûne de trois jours ; alors il l’exorcisa en présence de bien du monde. Le démon lui parlait sans que la fille ouvrît la bouche, on entendait seulement le son de la voix partir à côté d’elle. Le démon fit aussi faire à cette possédée bien des choses au-dessus de la portée des forces humaines ; elle était enlevée de terre avec tant de violence que quatre hommes ne pouvaient la tenir ; le démon la mordait sur les joues, on voyait l’empreinte des dents ; et l’écume, et la douleur qu’elle ressentait lui faisaient jeter de grands cris ; je l’ai ouï dire à Mgr. lui-même.

Enfin, après avoir répondu aux interrogations de sa Grandeur sur les causes et les marques de sa possession, il ordonna au démon de sortir du corps de cette fille ; et, à l’instant, à ce que m’a dit M. Hoù, prêtre chinois, qui était présent, on entendit un bruit que fit le démon en s’en allant, et la fille fut parfaitement rétablie dans sa situation naturelle.

Cette possession et cette délivrance furent publiques dans tout le pays ; les païens mêmes en furent surpris, mais, au lieu de se convertir, ils se contentèrent de dire : Tian Tcheôu Kiâo là fó : les chrétiens ont de grands expédients, ou en savent de loin, attribuant cette guérison à l’art magique plutôt qu’à Dieu. Cependant, on me dit dans l’endroit où j’allais visiter le malade, qu’une maison ou deux s’étaient converties, parce qu’ils avaient été délivrés des vexations du démon par les prières des chrétiens.