Histoire de M. Gleyo,

Missionnaire à la Chine.

 

Il est temps de parler de ce cher confrère qui a tant souffert pour la foi ; il vint en Chine quelques années avant moi, et après un an ou deux, il fut pris et mis en prison l’an 1769 ; il y demeura huit ans, en sortit, par conséquent, en 1777 le 2 juillet. Il était déjà prisonnier quand je suis sorti de France, et comme il était dans mon district, en une ville du troisième ordre, nommée Vin-tchâng-hièn, à quatre journée de Tchang-kin, au nord-ouest, je lui écrivais souvent pour le consoler et recevoir de ses lettres avec grand plaisir, priant et faisant prier sans cesse pour sa délivrance ; je voulais travailler pour la lui procurer, mais il me priait de n’en rien faire, sachant que ce ne serait pas par de tels moyens qu’il serait délivré ; cependant j’envoyais pour cela des gens intelligents.

Après plusieurs démarches inutiles, car la cause était trop importante étant jugée par le Tzon toù, c’est-à-dire le prêteur, un petit mandarin n’eût jamais pris sur lui de le lâcher. Il fut question de dire qu’il était mort en prison ; c’étaient les prétoriens mêmes qui, en délibérant sur les moyens de son évasion, proposaient celui-là ; mais toutes ces propositions furent regardées comme trop dangereuses. Après cela, je lui écrivis que, puisque sa délivrance était impossible, je prierais pour la consommation de son martyre ; mais il me répondit qu’il n’était pas mûr pour cela ; il savait bien qu’il ne mourrait pas cette fois et qu’il serait infailliblement délivré de prison. Dieu le lui avait révélé cent fois clairement. La sentence de mort était arrivée ; le prêteur avait écrit au mandarin de le faire mourir ; les satellites n’osaient la lui annoncer positivement, ils en parlaient entre eux, il l’entendait. Tandis qu’il se préparait au martyre pour le lendemain, Dieu lui dit : Que craignez-vous, un ver de terre ? Je vous délivrerai, vous ne mourrez point. Une autre fois, ce même prêteur, qui avait ordonné de le faire mourir, vint à Vin Tchang ; ce fut encore un danger éminent d’une affaire importante ; mais Dieu permit que lui et tout le prétoire fût si occupé qu’on oublia Mr. Gleyo ; et le prêteur, qui avait voulu le faire mourir, fut lui-même condamné à s’étrangler. En Chine, quand les mandarins échouent en une affaire importante, comme quand ils perdent une bataille, ils sont condamnés à se pendre : on attache un cordon de soie à une poutre au-dessus d’une table, et on leur dit : Monsieur le mandarin, on vous invite à monter au ciel, et il se met lui-même le cordon au col. En cela, et en quelque autre chose, les lois chinoises sont contraires au droit naturel qui défend le suicide.

Revenons à notre cher prisonnier ; Dieu ne l’abandonnera pas dans les fers, comme il me l’écrivait : Et in vinculis non dereliquit illum, (Sg 10, 14) Et elle ne l’a point quitté dans ses chaînes. Il eut nombre de visions consolantes et des révélations les plus précises de ce qui lui arriverait, et de ce qui ne lui arriverait pas ; il lui fut dit que la tribulations serait longue, qu’il sortirait de prison, qu’il ne retournerait pas à Canton ; qu’il n’y aurait pas d’événements fâcheux au sujet des catéchismes et des livres qu’on avait pris ; qu’il serait remis dans cette mission ; qu’il y travaillerait avec succès ; que les afflictions de sa prison obtiendraient de grandes bénédictions sur l’exercice de son ministère ; qu’il y aurait bien des peines et des travaux… Il y en aura !… Il y en aura !… ce sont les paroles qui lui furent dites à ce sujet, et qu’après cela il mourrait d’une sainte mort. Tout cela est déjà arrivé, excepté cette précieuse et édifiante mort qui ne lui manquera pas. Je ne parlerai pas ici plus au long de ses révélations ; il les a écrites lui-même, et, à sa sortie de prison, il me les a racontées pendant trois jours pour voir s’il n’y avait pas sujet à l’illusion, et je les ai écrites dans ce temps-là.

Il a aussi écrit l’histoire de sa prison ; mais il n’a pas encore dit toutes les peines qu’il y a endurées, les opprobres, les ignominies, les injures, les mépris, les humiliations qu’il eut à souffrir du mandarin qui l’excitait à se pendre… Est-ce qu’il n’y a pas une corde ? lui disait-il, et pourquoi est-ce que tu ne meurs pas… Et de la part des satellites et même des autres prisonniers qui avaient tous conspiré contre lui, et l’accusèrent devant le mandarin de les maltraiter, lui qui était comme un agneau au milieu des loups.

Il avait toutes sortes de peines et de tourments à souffrir ; des inquiétudes, des peines intérieures qui le crucifiaient au dedans ; la vermine qui le rongeait ; au dehors, diverses maladies qui l’affligeaient ; un tyran qui le haïssait, le persécutait, le tourmentait, outre les incommodités de la prison, les chaînes, la puanteur, les chaleurs insupportables, et le mandarin qui ne voulait qu’on lui apportât rien, ni qu’on lui procurât le moindre soulagement sous les plus grandes peines ; et cependant les satellites mêmes qui le vexaient, quand il était nécessaire, le servaient contre l’ordre du mandarin, et au risque de souffrir les peines les plus rigoureuses. Enfin la providence de Dieu était si visible sur lui, que le fils du mandarin lui dit, (c’est de sa propre bouche que je le tiens) : " Votre Dieu fait voir qu’il est véritablement Dieu. " Il fut frappé si rudement dans ses interrogatoires, qu’il tomba en défaillance ; les entraves dans lesquelles on lui serrait les os du pied ne se trouvant pas proportionnées, lui causèrent des douleurs si violentes, qu’il s’évanouit et perdit connaissance. J’ai apporté avec moi en Europe la pauvre tunique de prisonnier qu’il avait pour tout habit, l’été et l’hiver, et la chaîne qu’il a portée huit ans ; mais outre cette chaîne, je lui ai ouï dire qu’il a été des temps où il avait encore les fers aux pieds et aux mains, avec un autre fer qui lui tenait les mains fixées vers la poitrine, et quelquefois, en cet état, il fallait marcher aussi vite que les porteurs du mandarin dont il suivait la chaise, étant poussé et frappé par les satellites ; il avait une si longue barbe qu’on l’appelait Lioù-Houtzé, c’était son nom chinois : houtzé veut dire barbe ; son surnom chinois était Te xîn, la vertu victorieuse ; cela s’est accompli en lui. Mgr. a depuis changé son nom, et lui a donné celui de Quay, qui veut dire amour ou charité. Ayant ainsi les mains garrottées, sa barbe était pleine de vermine qui le rongeait ; il y en a tant en prison, qu’on les voit courir comme des fourmis.

Sa prise arriva en 1769, au mois de Mai ; elle fit partout une grande sensation, car le Tai-yè, qui gouverne une ville de premier ordre, et celui qui gouverne une ville du deuxième et du troisième ordre, furent convoqués avec plusieurs autres mandarins inférieurs pour le juger ; ils étaient accompagnés de quatre à cinq cents soldats. Après bien des interrogatoires et des tourments, il fut conduit à la ville capitale. En sortant de prison pour y aller, N. S. lui apparut dans la situation où on le peint montant au ciel, en lui adressant ces paroles : " Je vous serai propice à Tchêng-Toû, comme je vous l’ai été à Vîn-Tchâng. " Il était dans une chaise à porteurs, enchaîné comme les prisonniers qu’on porte d’une province à une autre, avec les appareils des criminels, et comme il voyait les campagnes, il en concevait quelque agrément ; cela était bien naturel, après avoir été enfermé en prison ; cependant il se le reprochait, et appelait cela un plaisir grossier. Il arriva dans la capitale le 21 juin 1769 ; il fut conduit devant le prêteur qu’on nomme Tzòn-toû ; il gouverne toutes les provinces et les mandarins. Ensuite, il fut conduit an mandarin de la ville capitale, qu’on appelle Foú taé xé ; ensuite en prison, où la peste faisait mourir un grand nombre de prisonniers, parmi lesquels il y avait eu un chrétien qui, ayant eu le bonheur de se confesser à Mr. Gleyo, y mourut saintement. Et comme on eût souhaité que notre saint prisonnier y mourût aussi pour en être plutôt débarrassé, on le mit à côté d’un bois creux qu’on frappe aux différentes veilles de la nuit, et dont le bruit est très retentissant, afin de l’empêcher de dormir et d’accélérer sa mort. Mais Dieu le conservait, ayant des desseins de miséricorde, voulant par ces tribulations, le purifier, et en faire un vase d’élection qui devait dans la suite être bien utile aux missions et procurer le salut de bien des âmes, il fut envoyé à la prison de Vîn-Tchâng, où il avait été mis d’abord, il y a six ou sept journées de chemin.

Mr. Gleyo m’a dit lui-même que la seule incommodité de la vermine suffisait pour le faire mourir en prison, parce qu’elle cause des ulcères qui sont suivis d’autres maladies, de la gangrène par exemple. Il fut aussi affligé en prison de plusieurs maladies très considérables, entre autres d’une fluxion sur les yeux qui augmenta au point qu’il croyait perdre la vue. Alors Dieu le consola et l’assura qu’il ne perdrait pas la vue ; il guérit en effet. On peut bien s’imaginer qu’en prison surtout on n’a pas les remèdes convenables, et le mandarin, à qui il demandait un médecin, le lui refusa, pour qu’il mourût, disait-il. Ainsi, c’était plutôt par le secours divin qu’il guérissait, que par le secours des remèdes naturels ; d’ailleurs le mandarin défendait expressément que personne ne lui apportât rien. Cependant la providence disposait tellement les choses, qu’un chrétien de la ville lui apportait au moins de temps en temps ce dont il avait le plus besoin ; et le mandarin, s’apercevant de quelque chose, en fit un reproche sanglant aux satellites qui, quoiqu’ils fussent ses ennemis, l’accusèrent par un mensonge, disant que, ne mangeant pas tout le riz qu’on lui donnait comme prisonnier, il en avait vendu un Xi`n (petite mesure) pour acheter autre chose.

Étant à Tchang-Kin, j’eus d’abord une connaissance de sa future délivrance par un écrit qui fut affiché au prétoire, où il était nommé comme devant aller à Tchen-toù, capitale de la province ; c’est que la ville de Vin-Tchang était du ressort de Tchung-Kin. Des chrétiens qui virent cet écrit m’en apportèrent d’abord l’agréable nouvelle, et ce fut pour moi une des plus sensibles consolations que j’aie eues en ma vie, car depuis cinq ans, je soupirais sans cesse après cette heureuse délivrance, et je ne cessais de prier et de faire prier pour l’obtenir. Quelque temps après, je partis pour la capitale, pour voir Mgr. l’évêque et conférer avec lui des affaires de la mission ; et la Providence arrangea si bien les choses que j’étais à Tchen-toù lorsque Mr. Gleyo fut délivré, et ce fut moi qui le vis et le reçus le premier. Le temps fut favorable pour sa sortie de chez Mr. d’Aroca, et son entrée dans notre maison ; car il tomba dans cet instant une pluie si abondante, que personne ne fut tenté de regarder où il allait. Ce fut le deux Juillet, jour de la Visitation, que j’eus le bonheur pour la première fois, de recevoir sa visite.

Il voulut, le même soir, avoir une longue conversation avec moi pour m’ouvrir son cœur, et me faire part de ce qui pouvait l’inquiéter, et de ses sentiments les plus intimes. D’abord, il doutait si cette délivrance était celle qui avait été promise de Dieu ; car, dans les commencements de sa prison, il avait quelques désirs naturels qu’on fît quelques efforts pour le délivrer ; une fois même, dans un moment de mauvaise humeur, il dit : C’est qu’on ne veut pas travailler à ma délivrance. Il fut sévèrement repris de cela par les anges, et il renonça absolument à tous ses désirs, et à cette confiance humaine pour se jeter sans réserve entre les bras de la Providence, disposé à demeurer en prison le reste de sa vie. Alors Dieu lui dit avec applaudissement : " Puisque vous renoncez aux moyens humains, je me charge de vous délivrer ; " et cela lui fut répété cent fois contre son propre sentiment, car il était disposé à mourir en prison. Or, voyant la manière dont il avait été délivré par l’entremise de Mr. d’Aroca, mathématicien de l’empereur, il doutait si c’était là l’accomplissement de la promesse qui lui avait été faite en prison, et s’il n’y devait pas encore retourner par quelque catastrophe, et ensuite en être délivré sans secours humain. Mais je le rassurai là-dessus, lui faisant voir que Dieu se sert presque toujours de causes secondes pour l’accomplissement de ses desseins, disposant de tout avec douceur et arrivant infailliblement à ses fins. Disponit omnia suaviter. (Sg 8, 1) Elle dispose tout avec douceur. La délivrance du peuple juif de la captivité de Babylone lui était promise comme étant l’œuvre de Dieu, cependant Dieu se servit de Cyrus, d’un empereur païen qui la procura. Le rétablissement de Jérusalem était de même annoncé par les prophètes comme venant de la part du Tout-Puissant, et la Providence inspira à Néhémie de demander à l’empereur Artaxercès la permission de rebâtir cette ville dans le temps prédit.

Ainsi, quand le temps que Dieu avait fixé pour délivrer Mr. Gleyo fut accompli, après huit ans de prison, de peines, de souffrances intérieures et extérieures, Dieu, content de ses sacrifices et de sa résignation, voulant s’en servir comme d’un vase purifié et ainsi épuré par le feu de la tribulation, permit que l’empereur de la Chine vint subitement et contre son ordinaire, trouver Mr. d’Aroca pour lui prescrire d’aller vite et sans délai dans le petit Thibet, que les Chinois venaient de subjuguer, pour lui en tracer la carte ; et, pour y aller, Mr. d’Aroca devait passer par la capitale du Su-tchuen, et il eut occasion de parler de Mr. Gleyo au préteur, son ami, et de procurer sa délivrance.

L’empereur, dans sa démarche, ne pensait pas à Mr. Gleyo, mais Dieu y pensait, et rien n’arrive sans sa providence : Sine Dei providentia et sine causa nihil fit in terra. Rien de ce qui se passe sur la terre n’est sans cause, n’est en dehors de la Providence de Dieu. Le gouvernement remit Monsieur Gleyo à Monsieur d’Aroca, mais auparavant il y eut bien des difficultés qui eussent fait échouer l’affaire, si la providence ne l’avait conduite ; on manqua d’avoir une persécution dans l’instant même, et comme, en premier lieu, on remit Mr. Gleyo entre les mains d’un mandarin, disciple de Mr. d’Aroca, (car Mr. d’Aroca, aussi bien que les autres mathématiciens, enseigne les mandarins à Pékin). Le mandarin demanda à Mr. Gleyo : Si on vous délivre, que ferez-vous ? que deviendrez-vous. Mr. Gleyo répondit avec sa franchise naturelle et sans duplicité : Je prêcherai la religion chrétienne. Le mandarin, choqué de cette réponse, crut qu’il n’y avait plus moyen de le faire sortir ; on commença dès lors à le traiter avec mépris. Mr. Gleyo était tout résigné de retourner en prison, mais Dieu prenait sa cause en main : malgré cela, il fut livré à Mr. D’Aroca.

Cependant, pour garder les formalités chinoises, on inséra dans sa sentence que Lieoù Te xin avait d’abord été accusé d’être Pelin-Kiao, (qui est une secte de rebelles), mais que sa cause ayant été bien examinée, on avait trouvé qu’il n’était pas de cette secte, mais qui était Européen, qu’ainsi on le délivrerait de prison pour qu’il retournât en Europe. Il fallait encore donner un certificat que Mr. Gleyo avait été livré à des gens pour le conduire à Canton, et comme il y avait en cela un mensonge, Mr. Gleyo ne voulut jamais s’y résoudre, et il était prêt à retourner en prison plutôt que de blesser la délicatesse de sa conscience. Cependant la chose se termina je ne sais comment, mais sans dire le mensonge qu’on exigeait de lui.

Mr. Gleyo avait mangé avec les mandarins à la table de Mr. d’Aroca qui l’avait habillé superbement. Il pouvait dire : Conscidisti saccum meum et circumdedisti me lætitia. (Ps 29, 12) Vous avez déchiré le sac dont je m’étais revêtu, et vous m’avez tout environné de joie.

Quand il fut question de sa délivrance, on lui proposa aussi d’aller à Pékin avec Mr. d’Aroca, à la cour de l’empereur, ou de retourner à Canton, Mr. Gleyo ressentit alors un mouvement de la nature, une tentation de l’ennemi qui lui proposait un séjour brillant, tranquille et délicieux à la cour de l’empereur ; mais la tentation fut rejetée avec indignation ; le souvenir de ce qu’il venait de souffrir et de la récompense qui lui était réservée, qu’il eût risqué de perdre en menant une vie douce et tranquille, dissipa toutes ces idées vaines et fastueuses ; il préféra, comme Moïse, les opprobres de Jésus-Christ aux hommes de la cour, et il aima mieux souffrir avec les chrétiens persécutés, que d’être assis à la table des mandarins ; et les travaux, les fatigues d’un missionnaire apostolique, qui erre çà et là, sans demeure fixe et sans nourriture convenable, lui parurent préférables aux délices du séjour de Pékin : Magis eligens affligi cum populo Dei, quam temporalis peccati habere jucunditatem. Majores divitias æstimans thesauro Ægyptiorum, improperium Christi ; aspiciebat enim in renumerationem. (He 11, 25) Aimant mieux être affligé avec le peuple de Dieu que de goûter pour un temps le plaisir du péché. Estimant l’opprobre du Christ une richesse plus grande que le trésor des Égyptiens, parce qu’il envisageait la récompense. Mr. Gleyo refusa aussi, autant qu’il fut en lui, d’aller à Canton, car il savait quels étaient les desseins de Dieu sur lui, qu’il devait être remis dans sa mission, y assurer bien des travaux, enfin y mourir d’une mort sainte et édifiante.

Quand il me raconta, pendant trois jours, les visions et les révélations admirables et toutes les faveurs signalées que Dieu lui avait accordées dans sa prison, il avait le visage d’un ange plutôt que celui d’un homme mortel : Tanquam vultum angeli. Comme le visage d’un ange. Quelquefois un sentiment de reconnaissance et d’amour lui interceptait la parole et lui faisait couler les larmes ; d’autres fois il se confondait à la vue de son indignité ; s’abîmait dans le sentiment de sa bassesse, se reconnaissant indigne de telles grâces. J’en étais ravi d’admiration. Cependant je ne le témoignais pas ; au contraire, accablé de chaleur et de fatigue, j’avais l’air d’une personne ennuyée qui sommeille, mais je ne perdais pas une parole. S’apercevant de mon indolence, il me priait d’avoir patience et de l’écouter jusqu’à la fin.

J’ai écrit tout de suite cette narration, et quand je doutais de quelque chose, je l’interrogeais ; je n’ai point conservé cet écrit, je l’ai envoyé au séminaire de Paris ; je ne sais s‘il existe encore.

Mgr., donnant à Mr. Gleyo le district de Soûi-foù, situé au sud-ouest de la province de Su-tchen avec la province de l’Yùn-nan qui en est voisine au sud-ouest, elle en est séparée par une rivière qui descend de l’Yùn-nan, et qui se jette dans une autre qui vient du nord-ouest du Su-tchuen, et les deux réunies forment le grand fleuve Kiang qui traverse quatre provinces de Chine, de l’occident à l’est, savoir : celles du Su-tchuen, Houquan, Kiansi, Nanquin, puis de jette dans la mer.

Ce district, assigné à Mr. Gleyo, était dans l’état le plus déplorable. " Je ne trouve partout que des apostats, m’écrit-il, des usuriers, des mariages illicites, presque point de piété sincère. " Il n’exagérait pas ; je l’ai vu moi-même. Maintenant il y a fait un changement merveilleux, il a aboli les mariages illicites et cassé les fiançailles faites contre les règles, fait restreindre les contrats usuraires et restituer les usures. Il a établi toutes sortes d’exercices de piété, des écoles de vierges, converti un très grand nombre de païens, et fait fleurir la religion partout.

 

Succès de Mr Gleyo.

 

Table de la Grande Relation

 

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