Cette province est au nord de celle du Su-tchuen, et il y fait beaucoup plus froid, il y a beaucoup d’anciens chrétiens. C’est dans cette province que l’on voit encore aujourd’hui une épigraphe sur une pierre de dix pieds de haut, où les principaux points de notre religion sont rapportés fort clairement, avec des expressions à la vérité un peu différentes de celles qui sont maintenant en usage parmi nous ; mais c’est la même doctrine ; on y appelle la Trinité Sàn i`, c’est-à-dire trois un, comme Trinité, au lieu qu’à présent nous disons : Sàn ouéi i` té, trois personnes et une substance ; on y voit l’incarnation, l’adoration des Mages, que l’auteur dit être venus de Perse, Paû sàn, enfin la Passion de Notre-Seigneur, le nom de l’Évêque et de sept ou huit prêtres venus avec lui par terre. Les noms de l’Évêque et des prêtres sont écrits en lettres syriaques ; j’ai vu un exemplaire de cette épigraphe imprimée sur l’original même. On pense que ce monument n’a guère moins de mille ans ; il est de la fin du sixième siècle, il y est dit aussi que la religion fit alors de grands progrès.

Il y avait encore en ce temps trois différents empereurs en Chine, et celui de Xen Si avait fait venir cet Évêque probablement de la Terre sainte ou des environs ; apparemment qu’il s’était fait chrétien. Il est certain qu’il protégeait la religion, et logeait et entretenait les missionnaires ; il paraît aussi qu’ils vivaient en communauté comme des religieux. On trouve dans cet ancien monument bien des preuves contre les hérétiques, entre autres la prière pour les morts, vingt-sept livres du nouveau Testament, etc.