LES QUATRE VERTUS

 

Introduction de l’éditeur

Les pages qui suivent font partie de ce que le Directoire intitule, " La Conduite que les Sœurs doivent tenir par rapport à elles-mêmes " (p. 76-100). Le titre ici donné indique mieux leur contenu. Ces pages datent certainement des premiers temps de la fondation de l’œuvre des écoles, dès que les volontaires inspirées par Jean-Martin Moye étaient devenues assez nombreuses pour constituer un groupe de soutien mutuel, mais avant de recevoir une organisation conventuelle.

G.T.

 

Vous devez vous regarder toutes comme sœurs, parce que, ayant toutes le même Père qui est Dieu, et le même héritage qui est le ciel. Vous devez, à l’exemple des premiers chrétiens, n’avoir qu’un cœur et qu’une âme, et aussi, parce que vous avez le même emploi, les mêmes vues, les mêmes intentions. J’espère donc que vous vous regarderez les unes les autres, et que vous vous traiterez, comme de vraies sœurs, prenant part aux besoins et aux peines les unes des autres. Celles qui auront donneront à celles qui n’auront pas. Tout sera commun parmi vous, comme parmi les premiers fidèles.

 

Quand on vous adressera la parole, je veux qu’on vous nomme, non pas ma chère Sœur, ni ma Sœur, mais ma pauvre Sœur, afin que cette appellation de pauvreté et d’humilité vous inspire un vif sentiment de notre pauvreté et de notre misère spirituelle en vous faisant penser en vous-mêmes : Certainement je suis bien pauvre devant Dieu, puisque je suis dénuée de vertus et de mérites, pleine de corruption et de misère, et sujette à mille passions et à mille défauts.

C’est à l’Enfant Jésus que je vous consacre. Ayez une très grande dévotion à sa divine enfance ; honorez-le par toute sorte de pratique ; dites souvent les Litanies du Saint Enfant Jésus composées par le Cardinal de Bérulle, répétant plusieurs fois ces paroles : Enfant Jésus, salut des enfants. Que les enfants avec qui vous serez vous rappellent sans cesse les abaissements du Sauveur, qui a bien voulu se réduire, par l’amour de vous, à la petitesse d’un enfant, pleurant, bégayant comme un enfant. Inspirez la même dévotion à vos élèves ; parlez-leur souvent du saint Enfant Jésus, et proposez-leur ce divin Enfant comme l’objet de leur adoration, de leur amour, et de leur imitation. Demandez-lui souvent qu’il veuille répandre sur ceux que vous instruisez la grâce et les mérites qu’il nous a amassés par les humiliations profondes de sa divine enfance. Consacrez-lui mille fois, comme je l’ai déjà fait par avance, tous les enfants qui vous seront confiés.

Je vous mets sous la protection de tous les saints, et principalement de la sainte Vierge, à qui j’ai confié ce projet, la priant de vouloir bien en être l’Avocate, ainsi que la Patronne de tous les enfants qui seront entre vos mains, - sous celle des bons anges, et surtout des vôtres et de ceux des enfants, - que j’ai prié de confondre et de renverser tout ce que les démons pourraient faire pour empêcher l’exécution de ce dessein, - sous celle de saint Jean-Baptiste, à qui j’ai demandé de préparer les voies, - de saint Joseph, qui a eu le bonheur de porter le saint Enfant Jésus entre ses bras, et qui s’intéressera certainement auprès de lui pour des enfants qui lui seront consacrés, - de saint Jean l’Évangéliste, de saint Martin, mes patrons, - et de tous les saints, auxquels je recommande cette entreprise, supposé toujours qu’elle soit selon la volonté de Dieu. Je vous invite à les prier de même, pour obtenir de Dieu le succès par leur intercession. Dites souvent à cette intention les Litanies des Saints.

L’habit que vous porterez sera simple et modeste. Il sera fait de manière que la taille du corps ne paraisse point. Il sera grossier et austère, n’ayant rien d’attrayant aux yeux des hommes, afin que vous ne vous étudiiez qu’à plaire à Dieu.

 

VERTUS FONDAMENTALES

 

Les principales vertus que vous devez pratiquer sont l’abandon à la divine Providence, la pauvreté, la simplicité, la charité. Ce sont là les vertus fondamentales de votre établissement.

 

DE L’ABANDON À LA DIVINE PROVIDENCE

 

Il est aisé de voir combien il est nécessaire de vous abandonner sans réserve à la divine Providence, et de ne faire fonds que sur elle, puisque vous n’aurez aucun revenu assuré de la part des hommes.

Vous attendrez donc tout de Dieu, la nourriture et le vêtement, la santé et la force, les talents, et tout, en un mot. Lorsque des personnes charitables prendront soin de vous, vous en bénirez la Providence, dans la persuasion que c’est elle qui vous les envoie pour vous aider. Lorsque vous manquerez du nécessaire, loin de murmurer contre cette divine Providence, vous l’adorerez de même, dans la pensée qu’elle a en toutes ses vues et ses desseins. Vous direz comme Job, " Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi n’en recevrions-nous pas les maux ? " (Jb 2, 10), avec la même disposition de conformité à sa volonté.

C’est, mes pauvres Sœurs, pour vous faire dépendre totalement de cette aimable Providence, que je n’ai pas voulu et que je ne veux pas que vous soyez ni fondées ni rentées, mais que vous viviez dans la foi à la Providence. Et tant que vous mettrez en elle votre confiance, vous serez plus assurées et plus solidement établies que si vous aviez tous les fonds et tous les biens du monde. Mais dès qu’une fois vous cesserez de vous confier en Dieu, et que vous chercherez l’appui et la protection des hommes, il vous abandonnera, et vous tomberez dans le temps même que vous vous croirez les mieux affermies. Tant que vous agirez avec la droiture, la simplicité de l’évangile, n’envisageant que Dieu, ne comptant que sur lui, il vous soutiendra contre tous les efforts humains. Mais dès que vous emploierez les moyens d’une politique humaine, il permettra que cette prudence de la chair soit elle-même la cause de votre ruine. Si vous vous abandonnez à la Providence avec confiance, mais avec une confiance entière et sans réserve, soyez persuadées qu’elle ne vous manquera pas ; elle subviendra abondamment à vos besoins, et vous aurez même au-delà du nécessaire, ou, pour vous éprouver, elle permet que vous soyez dans l’indigence, ce n’est pas qu’elle ne veille sur vous avec autant de soin et d’attention que dans tout autre temps. Adorez ses desseins sans les connaître. Rappelez-vous souvent ces paroles du Seigneur : " Ne vous inquiétez point en disant comme les païens, Que mangerons-nous ? Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses " (Mt 6, 31-32). Ce peu de paroles suffit pour bannir toute inquiétude et vous rappeler les motifs de confiance les plus capables de vous tranquilliser parfaitement sur l’avenir.

Dieu connaît tous vos besoins, puisqu’il sait tout ; il peut y pourvoir, puisqu’il est tout-puissant ; il le veut, puisqu’il est notre Père et qu’il nous aime comme ses enfants. De quoi pouvez-vous vous inquiéter ? Ô mes pauvres Sœurs, si nous avions de la foi et de la confiance en Dieu, nous verrions, aujourd’hui comme autrefois, les prodiges et les merveilles de sa toute-puissance ; s’il ne les opère pas, c’est notre peu de foi qui l’en empêche. Croyons donc, et prions le Seigneur d’augmenter notre foi (Lc 15, 5). Toutes les personnes qui ont une ferme confiance dans la Providence du Seigneur et qui vivent dans sa dépendance, en remarquant à chaque instant les effets sensibles. Ils voient clairement que cette Providence gouverne tout, dispose de tout, et que rien n’arrive sans sa participation. Il ne tombe pas même un cheveu de notre tête sans l’ordre de la Providence (Lc 12, 7). Elle nourrit les oiseaux du ciel ; elle revêt les lys des champs ; elle nourrira aussi mes pauvres Sœurs. Ainsi remettez-vous entre ses mains ; confiez-lui sans réserve le soin de votre corps, de votre âme, de votre santé, de votre réputation, de votre vie, surtout de votre salut et de celui des enfants qui vous seront confiés. Dites-lui comme David, " Mon Seigneur, mon corps est entre vos mains " (Ps 30, 16), ou comme saint Paul, " Je sais en qui je me suis confié et je me repose entièrement sur lui " (2 Tm 1, 12).

Sainte Thérèse raconte, dans l’histoire de ses Fondations, la manière admirable dont elles se sont établies, non seulement sans aucun secours humain, mais souvent malgré toute sorte de contradiction de la part des hommes. Dans toutes les peines et les difficultés qui se présentaient, on s’apercevait que peu à peu, et quelquefois en un moment, tous les obstacles s’évanouissaient, et l’établissement se faisait dans le temps qu’on s’y attendait le moins. Souvent, lorsque les choses étaient le plus désespérées, la Providence faisait naître des ressources sur lesquelles nul n’avait pu compter. Il en est toujours arrivé de même dans les ouvrages de Dieu. Il sait les faire réussir par telle voie qu’il juge à propos ;  il les soutient par des moyens tout contraires à ceux de la prudence du siècle, au lieu que les établissements qui ne sont fondés que sur des moyens humains tombent souvent par l’endroit même où ils paraissaient le mieux affermis.

Voyez quel ordre a fondé saint François d’Assise sans avoir le moindre fonds ! Voyez comme cet ordre s’est soutenu par un pur effet de la Providence ! Il en sera de même de votre établissement. S’il est selon les vues et les desseins de Dieu, il le fera réussir, n’en doutons pas. Pour moi, j’attends tout de la Providence ; je n’ai confiance qu’en elle seule ; je n’ai aucune ressource assurée de la part des hommes.

Certaine personne à qui je parlais de mon dessein, voyant les entreprises que je projetais, se persuadait que j’avais sans doute de quoi commencer tout cela, car elle ne pouvait s’ôter de l’esprit qu’il n’y eût de la témérité à oser seulement y penser. Il y en a même qui me taxent d’imprudence et de folie. Mais cela ne m’alarme point du tout, parce que mon espérance est en Dieu, et j’ai une ferme confiance qu’il saura conduire cet ouvrage, si cependant c’est le sien, car c’est où je reviens toujours. Ou ce projet est selon la volonté de Dieu, ou non. S’il est selon sa sainte volonté, il est tout-puissant ; il a mille moyens, mille ressorts pour l’accomplir. S’il n’est pas selon le bon plaisir de Dieu, j’y renonce dès ce moment ; et dès que je saurai que Dieu ne veut point que je travaille à son exécution, j’abandonnerai volontiers toute l’entreprise. Car c’est ainsi que nous devons agir dans toutes les choses où la volonté de Dieu ne nous est pas manifestement déclarée. Nous ne devons nous entêter de rien, mais nous conserver dans la sainte indifférence, ne voulant ni une chose ni une autre qu’autant que nous avons lieu de croire que c’est le bon plaisir de Dieu.

N’oubliez pas cette maxime, mes pauvres Sœurs. Elle vous servira dans bien des occasions, et avec cette sainte indifférence, cette parfaite conformité à la volonté de Dieu, vous conserverez toujours la paix du cœur.

Il est encore bien nécessaire de vous faire remarquer que, pour vivre dans cette entière dépendance de la Providence, il ne faut point la prévenir ni la devancer par empressement ; il faut au contraire attendre avec patience ses ordres, que l’on connaît, quand on a un peu d’expérience de cette vie de Providence, par des événements qui nous manifestent la volonté de Dieu. Jusque-là on doit demeurer tranquille, ou faire tout au plus quelque légère tentative, pour voir si la volonté de Dieu se déclare, car la sagesse de Dieu règle tout, non seulement les choses, mais les heures et les moments où elles doivent arriver, selon ces paroles du Sauveur : " Personne ne sait le lieu et les moments que mon Père a dans sa puissance " (Ac 1, 7). Tant que l’heure de la mort de Notre-Seigneur n’était point venue, les Juifs avaient beau chercher à le faire mourir, toutes leurs entreprises étaient vaines ; quand son heure fut arrivée, il se présenta lui-même à ceux qui venaient se saisir de lui.

Les saints en agissaient ainsi. Ils étudiaient les moments de la Providence, et ils attendaient en paix. " Attendons ", disaient-ils souvent, " l’heure de Dieu n’est pas encore venue ". Rien n’est plus dangereux que de se déterminer trop tôt, sans être encore assez assuré de la volonté de Dieu. L’empressement est un grand mal. " C’est la perte de la dévotion ", disait saint François de Sales. Il gâte tout, car je vois tous les jours que ce que l’on fait par cet empressement, quelque apparence de bien qu’il ait d’abord, n’est rien aux yeux de Dieu, parce que c’est la nature qui agit et non la grâce.

J’ai eu ce défaut à combattre pendant bien des années, et je sens à présent, par expérience, la grande différence qu’il y a entre agir avec la paix du cœur, par le mouvement de la grâce, et agir par la vivacité d’un tempérament ardent et bouillant, ou par idée et par imagination. Hier, comme je travaillais à ce petit ouvrage, l’heure de dire mon bréviaire étant venue, je devais quitter la plume. Mais il me vint une idée, et, de peur de l’oublier, je voulus la mettre par écrit. Cela fut cause que je dis mal mon bréviaire. Et ce que j’écrivis dans ce moment, il a fallu aujourd’hui l’effacer parce que l’empressement en avait été le principe. Je devais suivre l’ordre de la Providence, quitter au moment qu’il fallait, et remettre ma pensée entre les mains de Dieu, dans la confiance qu’il me la rappellerait, s’il était nécessaire.

Mon Dieu, que l’on fait de choses par imagination et par empressement ! Étudiez donc à réprimer et à calmer votre imagination. Quand quelque idée vous tracassera, défiez-vous en, renoncez-y, et rentrez dans le calme et la paix. Ne prenez jamais de résolution dans le trouble.

Enfin, mes pauvres Sœurs, pour pratiquer plus parfaitement cet abandon à la Providence, vous n’amasserez rien pour l’avenir. Si vous avez plus qu’il ne faut, vous verrez si d’abord quelqu’une de vos Sœurs qui sont dans le voisinage manque du nécessaire, et vous lui donnerez votre superflu ; sinon vous le distribuerez aux pauvres. Pour vous affermir dans cette pratique, vous vous rappellerez ce qui est arrivé aux Israélites dans le désert, lorsque Dieu faisait tomber la manne du ciel pour les nourrir ; il leur avait défendu d’en amasser pour deux jours ; cependant quelques-uns d’entre eux, raisonnant selon la prudence humaine, pensaient qu’il était bon d’en faire une provision pour le lendemain, et ils en amassaient, en effet, beaucoup plus que la provision d’un jour. Mais Dieu permit que cette manne se gâtât entièrement le jour suivant, afin de leur faire voir que les précautions humaines sont inutiles quand elles sont contre la volonté de Dieu (Ex 16, 20).

Le Sauveur nous dit aussi dans l’évangile qu’à chaque jour suffit son mal et que nous ne devons pas penser au lendemain (Mt 6, 34). Cela n’empêche pas que l’on fasse les provisions à temps ; c’est l’ordre de la Providence d’amasser le blé au temps de la moisson. Cela n’empêche pas non plus que lorsque vous manquerez du nécessaire vous ne puissiez le chercher quelque part. D’abord, exposer vos besoins à MM. les Curés et à d’autres personnes charitables ; c’est suivre la Providence que de recevoir les ressources qu’elle présente.

Tant que vous suivrez ces principes, qui sont ceux de l’évangile, vous serez en sûreté, et soyez persuadées que vous ne manquerez jamais du nécessaire ; ou si le nécessaire vous manque, la Providence y saura bien suppléer par d’autres moyens. Dieu vous soutiendra lui-même par sa grâce ; il vous consolera dans votre besoin, et vous serez plus contentes dans votre pauvreté que les riches au milieu de l’abondance. Sainte Thérèse assure, avec la plus grande consolation, que ses filles n’étaient jamais plus contentes que lorsqu’elles manquaient de tout. C’est ainsi que les promesses de Dieu s’accomplissent d’une façon ou d’une autre. Dieu nous promet d’avoir soin de nous ; il assure mille fois dans l’écriture que celui qui met en lui sa confiance ne manquera de rien. Ce n’est pas à dire absolument qu’il aura toujours le temporel en abondance, puis que les saints qui avaient le plus de confiance en ont souvent été dépourvus ; mais Dieu y suppléera par d’autres moyens, soit en nous soutenant par lui-même, soit en bénissant le peu que nous aurons, de sorte qu’il puisse nous suffire. Il agira pour cela selon son bon plaisir, mais il est certain qu’il le fera puisqu’il l’a promis.

Que les hommes ont peu de foi ! Ils s’assurent sur un contrat fait en bonne forme et passé devant notaire, et ils doutent de la parole de Dieu, écrite dans ces Livres saints dont l’authenticité est indubitable. Je ne suis qu’un pauvre pécheur ; j’ai néanmoins une grande confiance en Dieu, et j’ai déjà vu tant d’effets de sa Providence que je serais un ingrat si je ne m’y abandonnais sans réserve. Dans cette affaire même j’ai reconnu bien des traits de Providence qui me donnent un pressentiment intérieur qu’elle est selon la volonté de Dieu et qu’elle réussira. Mais il n’est pas encore temps de les manifester.

Quoi qu’il en soit, mon principe est que quand il se présente une bonne œuvre à faire, et qu’on est moralement sûr que c’est la volonté de Dieu que nous la fassions, on peut hardiment l’entreprendre, quoiqu’on ne voie point, dans le présent, les moyens dont on pourra se servir pour en venir à bout, parce qu’on doit toujours être éprouvé.

 

DE LA PAUVRETÉ

 

Je prie Dieu, mes pauvres Sœurs, de nous inspirer une sainte affection pour la pauvreté évangélique. Souvenez-vous que le Sauveur en a fait une béatitude quand il a dit dans l’évangile : " Bienheureux les pauvres d’esprit ! " (Mt 5, 3). Il a été pauvre lui-même, puisqu’il n’avait pas reposer sa tête (Mt 8, 20). Les Apôtres souffrirent aussi quelquefois la faim en allant à sa suite, et l’évangile rapporte qu’ils furent contraints un jour, pour l’apaiser, de manger des grains de blé qu’ils tiraient des épis des champs où ils passaient (Mt 12, 1). Et combien de fois notre Sauveur n’a-t-il pas manqué du nécessaire, dans l’extrême disette de toute chose où il était ! De la pauvreté de Jésus il est aisé de conclure quelle fut celle de sa sainte Mère. Rappelez-vous aussi l’exemple de saint Jean dans le désert, où il ne se nourrissait que de sauterelles et de miel sauvage, et de tant de solitaires qui ne vivaient que de racines.

Ainsi, mes pauvres Sœurs, soyez contentes quand vous n’aurez que du pain et de l’eau. Aimez la pauvreté du Sauveur. Honorez-la en l’imitant. Pour cela vous vous contenterez d’une nourriture simple et grossière, telle que celle des gens de la campagne. Vous ne mangerez point d’autre viande que du lard, et ne boirez pas de vin, si ce n’est dans le cas de maladie ou d’infirmité. Vous n’aurez, de même, que des meubles simples et pauvres ; vous ne vous servirez que de vaisselle de terre ou de bois ; vous n’aurez aucun ornement dans votre chambre, vous y placerez seulement un crucifix ou une croix de bois, des images propres à inspirer la dévotion, et surtout des images où les mystères de la naissance, de la vie, et de la passion de Jésus-Christ soient représentés, afin de les faire plus aisément comprendre aux enfants. En leur expliquant les mystères de la Rédemption surtout, vous aurez soin de leur faire envisager le crucifix et de leur montrer en détail tout ce que le Sauveur a souffert.

Votre habillement aussi sera pauvre, de gros drap ou de droguet, et votre linge le plus simple que vous pourrez. Vous n’aurez point de boucle à vos souliers, mais seulement des cordons de cuir. Vous porterez vos habillements vieux et rapiécés, autant que la bienséance pourra le permettre, et tout cela pour honorer la pauvreté de Jésus-Christ et de la très sainte Vierge.

Cela n’empêche pas néanmoins que vous n’ayez quelque bétail, comme une vache, des porcs, des poules, afin de trouver chez vous les choses nécessaires à la vie, pour n’être à charge aux autres que le moins possible. Mais vous n’aurez que ce qu’il faudra pour subsister pauvrement, et vous n’attacherez votre cœur à rien, afin de vous engager plus efficacement dans cette vertu de pauvreté, qui doit vous être d’autant plus chère qu’elle est moins connue du monde, puisqu’on la craint et qu’on la fuit partout.

[Suivent les chapitres 14 et 15 du Livre des Fondations de sainte Thérèse d’Avila, introduits par les lignes suivantes : " Je vous rapporte ce que sainte Thérèse en dit. J’ai une dévotion très particulière à cette sainte. J’ai lu ses ouvrages avec beaucoup d’édification, aussi bien que ceux de saint François de Sales. Je vous conseille de les lire avec attention. L’Église les a approuvés, et Dieu y répand une bénédiction particulière. Il y a bien de la différence entre les ouvrages des saints et ceux des savants. Tout ce que les saints ont écrit est plein d’onction ; c’est la grâce qui les fait parler. Mais tout y respire la piété, au lieu que dans les autres on voit bien de la passion et de la vanité, la gloire de faire paraître de l’esprit, ou peut-être de se faire une réputation de science ". L’insertion de ces chapitres est vraisemblablement due au chanoine Raulin. Voir Lorsque Dieu fait tout, appendice I, p.161. Note de l’éditeur]

 

DE LA SIMPLICITÉ

 

La simplicité est une vertu qui nous fait aller à Dieu sincèrement, sans détour, sans déguisement, avec une intention droite, sans aucune vue que celle de lui plaire, et qui nous fait agir et parler avec le prochain avec droiture, sans fraude et sans malice.

Cette vertu de la simplicité est si estimable aux yeux de Dieu que lorsque l’écriture veut nous faire le portrait d’un juste selon son cœur, elle a soin de nous faire remarquer que c’était un homme simple et droit. C’est en ces termes qu’elle parle du saint homme Job et des autres grands saints de l’Ancien Testament.

Il y a deux sortes de simplicité, l’une intérieure et l’autre extérieure. L’intérieure consiste, comme je viens de le dire, dans cette droiture d’intention qui cherche à plaire à Dieu sans s’embarrasser de ce que penseront les hommes, et sans aucune vue d’intérêt pour soi-même ; et l’extérieure consiste dans des manières et des paroles sensées, sans fard, et sans affectation ni vanité.

C’est de la simplicité que saint Pierre parle quand il nous dit que nous " devons être comme des enfants qui viennent de naître, raisonnables, mais sans malice " (1 P 2, 2).

Le défaut qui est essentiellement opposé à la simplicité chrétienne, c’est la duplicité. Quand on ne cherche Dieu qu’en apparence, quand on a en le servant des vues et des desseins cachés, quand on se recherche soi-même plutôt que Dieu, qu’on est beaucoup occupé des hommes, qu’on tâche de s’attirer leur estime, qu’on craint d’en être méprisé, et qu’on s’inquiète de la manière dont on se comportera pour leur plaire et pour ne pas leur déplaire : quand on a de tels sentiments, l’esprit est embarrassé d’idées étrangères au salut, qui l’obscurcissent et le remplissent de vues humaines et mondaines, qui ôtent la simplicité, car la simplicité n’a qu’une vue fixe, qu’un objet, qu’un motif, qu’une intention, qui est de plaire à Dieu et de se sanctifier. Ceux qui cherchent Dieu sincèrement le trouvent, dit l’écriture pour nous faire entendre que ceux qui ont un cœur fourbe et double n’auront pas le bonheur de le trouver. L’Imitation remarque aussi que bien des âmes semblent vouloir se donner à Dieu et s’attacher à son service, non pas sincèrement, mais je ne sais plutôt par quelle curiosité et suffisance.

Un second défaut essentiellement opposé à la simplicité de l’évangile, c’est l’esprit du monde, la façon de penser et d’agir des gens du monde. On a l’esprit du monde quand on pense comme le monde, quand on parle comme le monde, quand on aime ce que le monde aime, qu’on estime ce que le monde estime, c’est-à-dire les honneurs, les richesses, et les plaisirs ; on a l’esprit du monde quand on est épris de ses vanités, qu’on affecte ses airs, ses manières [Cette description est semblable, sans leur être identique, aux premières lignes du Traité sur l’esprit du monde. Note de l’éditeur].

 

Jamais l’esprit du monde n’a régné comme aujourd’hui. C’est le vice dominant de notre siècle. Il s’insinue partout. Il pénètre jusque dans les réunions religieuses et dans les états les plus saints. Il infecte de son poison, il gâte, il corrompt tout, car, dès qu’une fois ce malheureux esprit vient à se communiquer dans un ordre ou dans un établissement, on y perd l’esprit de Dieu, parce que l’esprit de Dieu et l’esprit du monde sont incompatibles. C’est l’esprit du monde qui a perverti les plus saints monastères. Or, je ne crains rien tant que ce malheureux esprit pour vous, mes pauvres Sœurs : si une fois il gagne aussi parmi vous, Dieu vous abandonnera ; il n’y aura plus parmi vous que l’apparence, et point de réalité. Et c’est pour vous prémunir contre cet esprit si dangereux, qui fait tous les jours de nouveaux progrès, que je vous propose la simplicité comme une barrière insurmontable et inaccessible à ce funeste esprit du monde, et je donne une malédiction par avance à celles qui seraient assez malheureuses pour se laisser corrompre par son poison, et encore plus à celles qui viendraient l’inspirer aux autres.

Pour vous confirmer dans la pratique de cette sainte simplicité, et pour vous préserver des défauts qui lui sont contraires, voici les règles que vous observerez :

 

Vous n'aurez point d'autre intention, en embrassant l'état qu'on vous propose, et en en remplissant les devoirs, que la plus grande gloire de Dieu et le salut de votre âme.

Vous aurez souvent à la bouche, et toujours dans le cœur, ces paroles de l’Apôtre, " Tout pour la gloire de Dieu ! (1 Co 10, 13). Tout au nom de Jésus-Christ ! (Col 3, 17) ", et par conséquent rien pour le monde, rien pour plaire aux hommes, rien pour se satisfaire soi-même !

C’est la leçon que le Sauveur nous donne : " Que votre discours soit simple ", consistant à dire " oui, non, car tout ce qu’on ajoute de plus est d’un mauvais principe " (Mt 5, 37), c’est-à-dire qu’on ne doit parler que quand il est nécessaire, et ne dire, en parlant, que ce qu’il faut, selon le besoin et la rencontre, sans se répandre en un flux de paroles que le Sage condamne, et qui n’est jamais exempt de beaucoup de fautes. Mais surtout, vous éviterez les compliments et tout ce qui pourrait faire paraître de l’esprit. Votre maintien sera toujours plus simple que vos paroles ; vous aurez horreur des manières aisées et enjouées. Tout sera grave et modeste dans votre extérieur. Vous ne vous laisserez point aller à de longues conversations, à moins qu’elles ne soient utiles et nécessaires. Et dès que vous vous apercevrez qu’il n’y a plus aucune utilité dans votre entretien, vous le finirez, pour faire quelque chose de mieux. Vous tiendrez aussi cette conduite à l’égard des prêtres, quand même ils auraient la bonté et la complaisance de vous souffrir ou de vous inviter à rester plus longtemps en leur compagnie.

Vous serez de même simples dans vos habits. Non seulement vous retrancherez tout ce qui ressentirait la moindre mondanité, mais, comme la vanité naturelle aux filles trouve à se nourrir quelquefois jusque dans les vêtements les plus simples, vous aurez grand soin de vous préserver entièrement de certaine manière de se mettre où il y aurait de l’affectation. Vous préférerez la grossièreté ou même la malpropreté à une propreté recherchée, car il est bien plus à craindre de tomber dans l’excès d’une trop grande propreté que dans celui de la malpropreté, surtout pour les filles, et les dangers en sont bien plus grands.

Rappelez-vous que Jésus-Christ a caressé et aimé les enfants à cause de leur simplicité. Vous vous ferez, pour cette raison, un plaisir de vivre et converser avec eux, et vous tâcherez de les imiter dans cette vertu.

 

DE LA CHARITÉ

 

Comme vous n’aurez aucune vue d’intérêt, puisque vous ferez tout gratuitement et sans aucune rétribution, c’est la seule charité qui vous fera agir en tout et partout. Vous exercerez les œuvres de miséricorde envers tout le monde, tant les œuvres spirituelles que les œuvres corporelles.

Or, la première œuvre spirituelle, c’est d’enseigner les ignorants. Ce sera là votre fonction principale. Vous l’exercerez non seulement à l’égard des enfants, mais à l’égard de tous ceux que vous saurez n’être pas assez instruits. Quand vous aurez lieu de croire qu’une personne ignore les principaux mystères de la foi, ou les autres choses nécessaires au salut, vous les lui apprendrez par manière de conversation, en disant, par exemple, que vous avez entendu prêcher sur cette matière et qu’on a dit telle et telle chose, que vous avez lu cela dans tel livre, et vous le lirez en leur présence et le leur expliquerez. Vous vous informerez des superstitions qui règnent dans l’endroit où vous serez ; vous les combattrez dans l’occasion.

Si vous avez quelque chose à donner aux pauvres, ou si vous avez quelques autres moyens de les réunir, vous les rassemblerez chez vous et vous les interrogerez et les instruirez. Vous rappellerez ce que MM. les Curés et les Vicaires auront dit dans leurs instructions ; vous en ferez sentir l’importance à ceux qui étaient moins en état de les comprendre. Vous prêterez des livres à ceux à qui vous aurez lieu de croire qu’ils seront utiles, surtout aux pauvres qui n’en ont point. Vous pourrez même en faire une provision pour les vendre à ceux qui seraient en état d’en acheter, car c’est toujours une très bonne œuvre de procurer et de répandre partout de bons livres. Mais priez le Seigneur de répandre ses bénédictions sur les lectures que l’on en fera, de même que sur toutes les instructions des Pasteurs.

Le second devoir de la charité spirituelle, c’est de corriger les pécheurs. Vous l’exercerez à l’égard de vos enfants. Vous vous informerez des vices qui règnent le plus dans l’endroit où vous serez, et vous les combattrez par vos discours et par vos exemples. Quand vous apprendrez quelque désordre, vous en avertirez le Pasteur, non par esprit de flatterie, mais pour obéir à Jésus-Christ, qui vous y oblige lorsqu’il dit dans l’évangile : " Si votre frère pèche... dites-le à l’Église " (Mt 18, 15-17). Il est nécessaire que le Pasteur connaisse ses brebis.

Le troisième devoir de la charité, c’est de donner des conseils à ceux qui en ont besoin. Mais pour cela il faut bien connaître les personnes à qui on a affaire, car si l’on ne connaît pas parfaitement leurs dispositions, il vaut mieux se taire que de s’exposer à dire des choses qui feraient plus de mal que de bien. Souvent on demande conseil plutôt pour s’autoriser à suivre sa passion que pour connaître la volonté de Dieu. J’ai remarqué bien des fois que, faute de connaître le cœur des personnes qui consultaient, on consolait celles qu’il fallait intimider, et on jetait mal à propos l’alarme dans les âmes qu’il fallait encourager.

Le quatrième devoir de la charité spirituelle, c’est de consoler les affligés. Ainsi, quand vous apprendrez qu’une personne est dans la peine, vous irez la consoler ; vous l’exhorterez à souffrir avec patience et résignation ; et vous prendrez occasion de lui donner quelques avis salutaires.

Le cinquième, c’est de souffrir les injures, de les pardonner, et de supporter les défaits du prochain. Souvenez-vous de ce devoir quand les pères et mères et les enfants ne vous paieront les peines que vous vous donnez pour leur éducation que par des ingratitudes des reproches, des critiques, et des murmures. Souffrez tout cela, et offrez-le à Dieu pour leur salut. Cela leur servira plus que les beaux discours que vous pourriez leur faire.

Le sixième devoir de la charité spirituelle, c’est de prier pour les vivants et pour les morts, particulièrement pour ses ennemis. Sans la prière, tout ce que vous direz sera inutile. Il est de foi que nous ne pouvons rien pour nous ni pour les autres sans le secours de la grâce ; et le moyen de l’obtenir, c’est la prière. Priez donc sans cesse. Faites-vous une sainte habitude, avant toutes vos instructions générales ou particulières, d’invoquer au moins le nom de Dieu, bien persuadées que " ce n’est ni celui qui plante, ni celui qui arrose, qui peut quelque chose, mais que c’est Dieu seul qui donne l’accroissement " (1 Co 3, 7).

Pour ce qui est des œuvres de miséricorde corporelle, vous ferez dans les campagnes à peu près ce que nos Sœurs de Charité [Il s’agit des Sœurs de la Charité de saint Vincent de Paul. Note de l’éditeur] font dans les villes, autant que cela pourra compatir avec l’instruction des enfants, qui est votre devoir essentiel, à moins qu’un besoin pressant ne vous oblige à interrompre votre école pour y porter un prompt secours.

Vous vous efforcerez de procurer toute sorte de soulagement aux pauvres, et surtout à ceux qui ont de la piété et de la religion, car on doit, sans contredit, les préférez à ceux que la paresse et l’inconduite ont réduits à la misère, à moins qu’on ait lieu d’espérer qu’étant ainsi affligés ils en deviendront meilleurs. C’est ce que vous verrez par les sentiments qu’ils témoigneront alors.

Comme vous serez pauvres vous-mêmes, je sais que vous ne pourrez guère aider les misérables de votre fonds. Si cependant vous partagez avec eux le peu que vous aurez, votre charité sera plus agréable à Dieu que celle des riches qui donnent de leur abondance. Le moyen dont vous vous servirez pour aider les pauvres sera de représenter leurs besoins à ceux qui pourraient les secourir, et de solliciter auprès des riches de quoi les soulager. Vous demanderez, par exemple, de la toile pour habiller des orphelines. Vous pourrez même prendre quelque pauvre orpheline dans votre maison pour l’instruire et l’élever, priant quelque personne charitable de donner de quoi la nourrir. Combien de bonnes oeuvres ne peut-on pas faire quand on a de la charité !

Votre première attention sera pour les malades [Les instructions sur le soin des malades n’appartiennent peut-être pas au texte primitif sur les quatre vertus ; nous les gardons cependant car elles sont bien dans la logique des œuvres de miséricorde corporelle dont il vient d’être question, appelées par la vertu de charité. Note de l’éditeur]. Vous irez les consoler, les exhorter, les soulager ; vous leur rendrez toute sorte de services. Vous les porterez à faire une confession générale, s’il est nécessaire. Vous ne déciderez pourtant rien par rapport à l’administration des sacrements ; vous laisserez tout cela au jugement du prêtre.

Vous tâcherez d’être présentes à leur mort. Vous leur ferez produire surtout des actes de foi, d’espérance, de charité, de contrition, de résignation, de conformité à la volonté de Dieu, de détachement, de désir de servir Dieu et d’être unies à lui pour le posséder et l’aimer pendant toute l’éternité. Vous inspirerez ces sentiments aux malades en les produisant vous-mêmes, de manière qu’ils n’aient qu’à les répéter après vous. Vous ne leur parlerez pas beaucoup à la fois, dans la crainte de les fatiguer. Vous verrez ce qui les touche le plus, et vous le leur répéterez plus souvent.

Si le malade avait quelque restitution ou quelque réconciliation à faire, quelque désordre à réparer, vous auriez soin de l’en avertir ou de le faire savoir au prêtre qui le confesse. S’il est ignorant, instruisez-le des principaux mystères, proposez-les-lui d’une manière simple et à sa portée. Dans ce cas, c’est-à-dire quand une personne a vécu dans l’ignorance ou quand elle a mené une vie négligente, il faut qu’elle fasse, au moins en général, une confession de toute sa vie, au moins de ses plus grands péchés.

 

SENTIMENTS CONVENABLES POUR UN MORIBOND

 

Mon Dieu, tout le regret que j’ai maintenant, c’est de vous avoir offensé toute ma vie ! Mon Dieu, que n’ai-je pas une seconde vie à recommencer ! Ah ! Seigneur, je l’emploierais tout entière uniquement à vous servir. Du moins, mon Dieu, je vous consacre sans réserve tous les moments qui me restent à vivre ; ils seront tout pour vous, car je quitte, dès ce moment, tout ce que je possède sur la terre.

Détachez mon cœur de tout, et surtout de mes péchés et de mes passions. Oui, mon Dieu, je renonce à tout ; je vous fais le sacrifice de ce que j’ai de plus cher. Je quitte mes parents, mes amis, mes biens, et tout ce qui m’environne, pour aller à vous. Je vous fais volontiers le sacrifice de ma vie. Quand il vous plaira, mon Dieu, je suis prêt à sortir de ce monde. J’accepte la mort ; je me soumets à l’arrêt que vous allez prononcer contre moi. J’accepte déjà par avance les travaux de l’agonie et les horreurs du tombeau, pourvu que ce soit pour l’expiation de mes péchés.

Je meurs volontiers pour l’amour de vous, pourvu qu’après ma mort j’ai le bonheur de vous voir et de vous posséder à jamais dans le ciel. Je n’ai pas mérité ce bonheur, je l’avoue ; j’ai plutôt mérité l’enfer ; mais, mon Dieu, c’est par les mérites de Jésus-Christ que j’espère cette grâce.

Mon Dieu, je mets mon âme entre vos mains. Seigneur Jésus, recevez mon esprit !

 

Vous réciterez les prières des agonisants ; vous tiendrez le cierge à la main du malade ; et il expirera entre vos bras.

 

Extraits du Directoire des sœurs

 

Home Page