Croix de M. Gelyo.

 

Il avait été dit à M. Gleyo en prison, que lorsqu’il travaillerait dans le ministère, étant remis dans cette mission, il y aurait des peines, des fatigues ; cela ne lui manqua pas, je lui ai écrit que j’avais vocation de m’entretenir avec lui de l’esprit des croix ; il me répondit qu’il les attendait, qu’il s’y préparait.

Depuis, M. Alary lui envoya un morceau de la vraie croix. Il se mit à genoux pour l’adorer, et il lui sembla voir Notre-Seigneur avec quelque autre saint lui dire : Vous voyez que je ne vous oublie pas, je vous fais part de ma croix ; il y aura encore bien des autres… En prison, Notre-Seigneur lui apparaissant, lui demanda s’il voulait l’accompagner dans la voie de la croix ; et il lui protesta qu’il voulait le suivre partout sans l’abandonner un instant. M. Gleyo avait déjà eu la douleur de voir tant d’apostats, des chrétiens tièdes, des communions sacrilèges qui lui étaient si sensibles qu’elles le jetaient dans une désolation accablante ; il voyait des avares, des usuriers qui ne voulaient ni casser leurs contrats, ni restituer ; des mariages illégitimes, des fiançailles illicites ; des persécutions, des menaces et toutes les autres peines inséparables de l’état d’un missionnaire. Depuis mon arrivée chez lui, dans quelques mois, il eut le chagrin de voir son séminaire auquel il était si attaché, désert, inutile et détruit en partie, les sujets dispersés, et ceux qui lui étaient les plus chers séparés de lui. La persécution dans l’Yùn-nàn ; l’officier rural, son grand ami, sur lequel il comptait le plus, donner un billet fort équivoque. Il entendit les menaces que l’on faisait contre lui au prétoire. En la persécution de Soùi-foù il eut encore la douleur de voir un de ceux qu’il avait établis pour chef d’un lieu, murmurer contre lui, lui être opposé ; sa conduite blâmée et censurée, ses vierges critiquées, méprisées et renvoyées ; son entreprise pour les Lôlò sans succès : voilà les peines extérieures, sans compter les macérations corporelles, les infirmités continuelles, un rhume d’estomac, des voyages très pénibles, car il a partout des montagnes à grimper. Un païen, officier rural, voyant une idole brisée qu’il avait placée sur un chemin, s’en prit à M. Gleyo, et voulait en avoir vengeance, menaçant de l’accuser et de le prendre, et cela assez longtemps. Un autre, son ennemi juré, l’ayant aperçu, venir et entrer dans la maison d’un chrétien, y vint aussi dire au maître du logis : Livrez-moi les gens qui viennent d’entrer chez vous… M. Gleyo s’était retiré, et il y avait deux étrangers dans la salle, le maître les montra et lui dit : Les voilà, les voulez-vous ?… Il sortit confus en menaçant et blasphémant. M. Gleyo fut obligé de s’en aller bien vite la nuit par des chemins détestables. Un apostat et sa femme, ses cruels ennemis, l’avaient menacé ; de sorte que dans cette chrétienté où il venait souvent, il était dans des alarmes continuelles ; et dans une autre, tandis que les chrétiens étaient en prières, les satellites arrivèrent avec un inquisiteur ; ils veulent mettre la main sur quelques-uns ; un tire son sabre, mais les femmes le lui font tomber des mains à coups de bâton, et M. Gleyo échappa. Il s’est trouvé dans mille dangers les plus pressants.

 

Consolations de Mr Gleyo.

 

Table de la Grande Relation

 

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