Raisons qui prouvent que les visions et révélations de M. Gleyo viennent de Dieu.

 

Je parle de visions certaines, soit oculaires ou imaginaires, soit intellectuelles. Les visions oculaires ou imaginaires se font par la représentation d'un objet peint dans l'imagination, comme si on le voyait des yeux. Elles sont au-dessus de notre nature ; il faut qu'elles viennent de Dieu ou du démon. Les visions intellectuelles se font sans images, sans objets sensibles, et elles donnent des lumières, des connaissances, des idées au moins aussi vives, aussi fortes et plus certaines que celles qu'on tire des sens. Les théologiens mystiques disent que le démon peut les imiter. Pour les inspirations légères, semblables aux bonnes pensées, aux bons sentiments que la grâce produit souvent dans les justes, il est plus difficile de les discerner ; on peut s'y tromper, en prenant pour inspiration ce qui vient de notre propre esprit et de nos habitudes : difficile est discernere an a proprio spiritu, et je vois que M. Gleyo s'y est trompé aussi. Ainsi je parle de ses visions et révélations expresses, et voici ce qui prouve qu'elles sont divines :

1° Bien des choses qui lui sont révélées sont au-dessus de son propre esprit et de son génie ; il n'a jamais pensé à rien de semblable.

2° Elles sont contre son propre sens. Cela est si vrai que souvent ses révélations lui causaient une révolte intérieure, qu'il appelle le contre-coup de sa " corruption ", et qui montre qu'elles ne venaient point de lui. Elles venaient d'un principe intérieur, de Dieu ou du démon.

3° Malgré cette révolte, elles apportaient en lui la paix, la consolation, l'humiliation sans découragement, lui montrant ses défauts qu'il ne connaissait pas, l'encourageant à se corriger et à tendre à un plus grand bien, surtout à souffrir, à reconnaître les bienfaits de Dieu, à se détacher de tout et de lui-même, à mettre toute sa confiance en Dieu. Elles produisaient en lui le recueillement, l'union à Notre-Seigneur et la paix, et elles laissent encore les mêmes impressions à ceux qui les lisent ou les entendent.

4° Sa soumission. Il a aussitôt proposé ses visions à l'examen des personnes qu'il croyait les plus capables d'en juger, prêt à se soumettre à leur décision, sans la moindre opiniâtreté, craignant de se tromper, s'il s'en rapportait à lui-même.

5° L'énement. Ce qui lui a été prédit se rapportait à des choses que Dieu seul pouvait connaître, comme sa délivrance, sa demeure dans la mission sans retourner à Canton, les travaux qu'il y endurerait, les vues que Dieu lui donnait sur les âmes, et beaucoup d'autres choses qui étaient contre toutes les apparences humaines. Elles se sont cependant accomplies, et elles sont une preuve que le reste de ce qui lui a été prédit s'accomplira de même. Cependant on peut quelquefois se tromper, en entendant mal une prédiction.

6° L'état de peine et d'affliction où M. Gleyo était réduit pendant cet emprisonnement de huit années était de nature à porter Dieu, qui veille sur les siens, à le consoler et à l'encourager par des grâces extraordinaires.

7° Sa sainteté, son humilité, sa charité surtout envers le prochain, et le fruit qu'il fait dans le ministère pour la conversion réelle des âmes à qui il inspire une foi et une piété sincères, sont des garants de la divinité de ses révélations.

Les théologiens donnent surtout ces marques comme les plus indubitables : une vie sainte, constante dans le bien, des vertus solides, et particulièrement l'amour du prochain, sans envie ni jalousie, et les effets réels. Combien d'âmes M. Gleyo n'a-t-il pas converties, édifiées, portées à Dieu ! J'en suis témoin, et tous les confrères qui l'ont vu en rendent le même témoignage. A fructibus eorum cognoscetis eos.

8° Les visions et révélations de M. Gleyo, quand on y est attentif, sont très-conformes à la doctrine de l'Église, et les paroles qui lui ont été dictées sont presque toutes de l'Écriture.

9° Elles le portaient à la dévotion envers Notre-Seigneur et sa très-sainte Mère, en lui rappelant souvent le souvenir de la passion du Sauveur et de la compassion de Marie. Or, le démon ne fait pas cela. Si pour tromper, il peut produire quelques images à l'extérieur, il ne peut, il veut encore moins opérer de pieux sentiments dans le cœur. Si on objectait que M. Gleyo quelquefois n'a pas compris lui-même ses révélations, et même les a mal entendues, je répondrais que Notre-Seigneur parlait à ses apôtres, quoique souvent ils ne le comprissent pas ou le comprissent mal ; que saint Paul, en parlant du don des langues, dit que ceux qui l'ont reçu doivent demander à Dieu d'accorder à quelqu'un celui de les interpréter. Celui à qui Dieu fait une révélation n'est pas toujours celui à qui il accorde d'en saisir et d'en interpréter le vrai sens, et cela afin d'entretenir dans l'Église l'union et la dépendance, comme dans un même corps les membres sont unis parce qu'ils ont besoin les uns des autres. Quoiqu'on regarde comme très certaines les visions et révélations de M. Gleyo, on ne saurait trop engager les personnes qui les liront pour leur édification, à avoir toujours devant les yeux que ce missionnaire est un saint, qu'il a mérité toutes ces grâces et toutes ces faveurs singulières par des travaux immenses, par des souffrances inexprimables, et surtout par l'humilité la plus profonde. Dieu n'accorde de pareilles faveurs, même aux saints, que rarement et par des dispositions admirables, mais secrètes, de sa Providence. On ne doit donc pas prendre occasion de la lecture de ces révélations pour croire qu'on en pourrait avoir aussi ; ce serait se tromper soi-même, et vouloir s'exposer aux illusions du démon.

 

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